samedi 31 janvier 2009

Culture à Gaza

Sans doute se sont-ils inscrits en moi bien avant que je n'accède à la parole, mais il est des sentiments qu'il me faudrait scruter bien longtemps et très attentivement avant de pouvoir les enrober de mots.

Parmi eux, ce sentiment que j'éprouve, en toute région et en tout pays, lorsque je parcoure un paysage où se repère le modelé du travail du paysan.

C'est un sentiment heureux.

Des oliviers palestiniens, pendant la construction du mur.

Vous comprendrez que ce fut pour moi un véritable crève cœur de lire ce constat, publié par l'Union Paysanne de Palestine (PFU), des pertes agricoles dues à l'agression israélienne contre la Bande de Gaza.

J'en copicolle quelques extraits.

/Jeudi 15 janvier 2009 Ramallah, Bande de Gaza/

L'attaque violente d'Israël contre la Bande de Gaza a entraîné la mort de très nombreux êtres humains et la destructuration de tous les secteurs d'activité. Ainsi, cette attaque a entraîné une destruction complète des installations agricoles, allant de l'arasement des terrains et de la démolition des réseaux d'irrigation jusqu'au déracinement des arbres et la destruction de récoltes, la démolition de serres et de nombreuses granges de bétail par les bulldozers.

La Bande de Gaza est couverte par 7 000 hectares de terres agricoles, permettant une production de 280 000 à 300 000 tonnes de produits agricoles par an. Un tiers des produits récoltés est destiné à l'exportation. Le secteur agricole fournit des emplois permanents ou temporaires à plus de 40 000 personnes (ce qui représente 12,7 % de la population active) et fournit l'alimentation d'un quart de la population vivant dans la Bande de Gaza.


(...)

La guerre terrible, qualifiée de guerre génocidaire, menée par les forces d'occupation israéliennes dans la Bande de Gaza est venue parachever cette situation déjà difficile, détruisant ce qui subsistait du secteur agricole. Les équipes de la PFU dans la Bande de Gaza ont pu, malgré les conditions difficiles auxquelles font face nos populations, chiffrer en partie ces pertes, qui sont susceptibles d'augmenter à chaque moment. Ces pertes sont classifiées comme suit :

# Type de pertes

1. Arbres fruitiers (agrumes, olives et fruits) : 515 hectares

2. Réseaux d'irrigation : 515 hectares

3. Serres agricoles entièrement détruites : 45 hectares


4. Serres entièrement détruites sur les terres agricoles libérées (anciennes colonies) : 70 hectares

5. Serres agricoles partiellement détruites : 22,5 hectares


6. Conduites d'irrigation principales (110mm) : 47 500 mètres

7. Puits à eau entièrement détruits : 185 puits

8. Réservoirs en ciment destinés aux réserves d'eau entièrement détruits : 230 réservoirs

9. Rasage des récoltes de céréales : 490 hectares

10. Cultures maraîchères non-protégées : 445 hectares

11. Fermes avicoles détruites (d'une moyenne de 100-500 poules) : 175 fermes

12. Fermes d'élevage bovin et ovin détruites (d'une moyenne de 5-200 têtes) : 285 fermes

13. Fermes d'élevage de lapins détruites : 85 fermes

14. Fermes d'élevage de canards détruites : 15 fermes

15. Réservoir d'eau de 1000--1500 litres détruits : 680 réservoirs

16. Entrepôt pour le stockage d'outils agricoles détruits : 125 entrepôts


17. Pépinières détruites : 16 pépinières


18. Routes agricoles détruites : 75 km

19. Cultures de fraises détruites : 200 hectares

20. 30 martyrs ont été tués alors qu'ils travaillaient sur leurs terres

En conséquence, nous appelons les unions paysannes arabes et étrangères du monde entier, tous nos amis ainsi que les organisations de solidarité internationale à lever des fonds pour reconstruire ce qui a été détruit par la machine de guerre israélienne, notamment dans le domaine des infrastructures agricoles mentionnées dans le tableau précédent. Nous, Union Paysanne de Palestine, annonçons le maintien d'un état d'urgence tandis que nos équipes de la PFU ont commencé, dans l'ensemble de la Bande de Gaza, un travail de documentation sur les pertes occasionnées par l'agression israélienne, pertes qui croissent d'heure en heure. Au cours des prochains jours, nous vous fournirons de nouvelles statistiques, compilées par nos équipes de la PFU et tous ses volontaires dans la Bande de Gaza.

La culture de l'olivier ne meurt jamais.

Pour obtenir des informations complémentaires ou apporter son soutien financier, voir sur le site de la PFU.

Ce communiqué a été diffusé sur la iste d'information de Via Campesina
(On peut s'y inscrire en ligne ).

vendredi 30 janvier 2009

Valse préfectorale dans la Manche



D'après les renseignements de troisième ou quatrième degré que j'ai pu obtenir en parcourant la toile et en dépouillant mon courrier, seul le manque d'humour des forces de police, ou de l'ordre, comme on dit en manière de plaisanterie, a fait obstacle à la volonté d'une ou deux centaines d'avant-gardistes de la rigolade d'aller faire la démonstration de leur "inquiétude" aux grilles du Palais de l'Elysée.

Ledit Palais était pourtant bien protégé par des renforts entrainés à la guérilla palatiale dans des camps secrets où sont reconstituées en vraie grandeur (c'est le mot!) les diverses résidences de notre chef d'Etat.

Par ailleurs, selon mes sources un peu troubles mais assez gouleyantes néanmoins, une livraison d'une ampleur exceptionnelle de sacs de sable anti insurrection avait été effectuées par la petite porte du Palais. On peut encore y voir les traces de la manœuvre hasardeuse et finalement calamiteuse d'un chauffeur, qui, après vérifications, s'est révélé sans permis, sans papiers et sans vergogne.

Je tiens tous ces renseignements d'un aide cuisinier du Palais, spécialiste de la confection du vin chaud aux épices à la mode médiévale, qui a passé la journée, et une partie de la nuit à abreuver le pilote de l'hélicoptère qui attendait..., aucazou...

La manifestation rouennaise.

Ce manque d'humour bien regrettable du préfet de police, à Paris, peut s'expliquer par la petite musique à trois temps que l'on a entendue dans le département si calme de la Manche, où l'on a envoyé monsieur le préfet valser, dans un placard. Ce qui est inconfortable.

A l'attention de monsieur le préfet,
avec mes respectueuses salutations.


De mauvaises langues laissent entendre que monsieur le préfet de la Manche aurait bénéficié d'une "mutation" à la suite des slogans, voire des cris, qu'il aurait laissé parvenir aux oreilles présidentielles, lors de la visite de monsieur Sarkozy à Saint-Lô, le 12 janvier. Ces bruits auraient eu des effets néfastes sur la migraine chronique, stabilisée mais à peine, de notre fragile président.

Ce sont probablement là racontars mal intentionnés, car il n'est pas contestable que monsieur le préfet de la Manche a beaucoup œuvré pour que la visite du chef de l'Etat sur les terres normandes soit la plus agréable possible pour notre hôte. Vous me permettrez, je pense (car votre avis me parviendra trop tard), de citer des extraits d'un courrier d'Isabelle L. qui donne le point de vue d'un témoin direct:

Les enfants de la classe "choisie" pour recevoir la visite de M. Sarkozy ont reçu depuis une semaine les visites du préfet, de la police, etc.
On leur a demandé d'apprendre à se lever convenablement en posant la main droite sur leur bureau...
Et en disant « Bonjour M. le Président » !!!!

(...)

Je tenais à signaler l'aspect très violent des forces de l'ordre, qui affichent partout au sein de leurs locaux qu'ils sont présents afin d'assurer notre sécurité avant tout !
En effet, place de la Licorne, une personne âgée a été bousculée par les CRS sous les yeux de lycéens qui se sont empressés de la secourir !!!
Les CRS sont passés en bousculant tout le monde, y compris femmes et enfants, alors qu'il n'y avait aucune raison de s'inquiéter et aucune manifestation de violence, sauf la leur !
Un enseignant qui parlait avec les lycéens afin de les calmer face à l'agressivité des CRS s'est fait matraquer en se retournant...
Tout mouvement d'une personne étant considéré comme dangereux ?????????!!!!!!!!
Je suis sidérée, choquée !

Il est assez clair que ce témoignage innocente monsieur le préfet de tout soupçon de laxisme post soixante-huitard.

Il ne m'étonnerait guère qu'il ne fît partie de la section invisible de la mouvance ultra anarchiste, sous division de l'internationale ricanante de l'administration, spécialisée dans l'humour de degré second ou troisième...

On clôture, on tabasse, on gaze, mais on fait tout pour que les citoyen(ne)s présents puissent encore faire circuler leur indignation sur le ouaibe.

Le tout, probablement avec un sourire sardonique, signe distinctif de l'internationale en question...

Ce qui laisse penser à un réseau infiltrant les services de l'Etat, c'est cette nouvelle inquiétante du départ du directeur départemental de la sécurité publique de la Manche.

"Ils" sont partout !

mercredi 28 janvier 2009

Emouvante union nationale



Il ne vous aura pas échappé que le mot "pathétique" a pris ces dernières années une tonalité plutôt ironique dans ses emplois les plus courants.

Ainsi peut-on, sans émotion excessive, qualifier de pathétiques les efforts que font les divers dirigeants du parti au pouvoir, ou du patronat (au pouvoir aussi) pour en appeler à l'unité nationale face à la crise, en exprimant leur profonde déception de voir une majorité de français traduire leur mécontentement (euphémisme!) en grève et manifestation, alors que, nous dit-on, ce serait plutôt l'heure de se "serrer les coudes".

Projet d'affiche contre la crise
(Jugée trop vintage.)


Il est pathétique, anéfé, d'entendre ces exhortations unanimistes à l'union venant de ces gens dont la survie n'est rendue possible que par leur victoire (démocratique) dans la guéguerre de deux clans, et dont la prospérité n'est explicable que par leur habile stratégie à faire de la politique courante la continuation de cette guéguerre.

Comme toujours, le recours à ce pathos de la communion nationale surmontant les divisions n'est qu'une manière de masquer la vraie guerre, celle qui se déroule sur le terrain des luttes sociales.

Leur agacement montre toutefois qu'ils en perçoivent des échos qui les inquiètent.

Tant mieux.

Illustration piquée sans vergogne sur Article XI.

Il est pathétique aussi de les entendre parler de se serrer les coudes alors que l'on commence à serrer les poings...

Ma grand-mère me déconseillait de parler de ce que je ne connaissais pas.

Cela confirme bien que nous ne sommes pas de la même famille.

Que savent-ils de cette opération de serrage de coudes ? Comment imaginent-ils cela ?

Les rares fois où j'ai pu voir des gens se serrer les coudes, c'était à l'occasion de grèves dans des entreprises où personne, sauf la direction, n'avait plus rien à perdre. Je pense que durant leurs études et leur vie professionnelle, nos dirigeants, qui connaissent si bien ce qu'est la vraie vie, n'ont guère eu l'occasion d'approcher une grève, et de goûter de cette solidarité qui peut s'y développer.

Cela leur permettrait peut-être de mieux cerner leurs peurs, et par conséquent de nous faire grâce de cette rhétorique pathétique et ridicule...

mardi 27 janvier 2009

Debout contre profitation*




Je ne sais pas si monsieur Hortefeux, dont le sens de l'humour pince-sans-rire dérape souvent sur un substrat plutôt fangeux, apprécierait qu'on lui rappelle que nous avons outre-mer des compatriotes à l'ascendance auvergnate rien moins qu'évidente...

C'est une interrogation assez oiseuse: il ne faut pas plaisanter avec n'importe qui.

Nos compatriotes de la Guadeloupe sont engagés depuis une semaine dans un mouvement de grève assez générale pour faire pas mal de vagues sur leurs rivages, mais ces vagues ne parviennent que très amorties sur les nôtres. Il est vrai que nos journaux sont bien trop occupés à dispenser de précieux conseils aux usagers pour "éviter la galère" du jeudi 29 janvier, en oubliant soigneusement de dire que le meilleur moyen de bien vivre cette journée est de se mettre en grève.

De cette grève générale, qui a débuté le 20 janvier, nous n'avons eu de vraies nouvelles qu'à partir du 23 ou 24 janvier. Le décalage horaire est une chose redoutable...

Elle a été précédée par un mouvement de protestation des gérants de stations service traditionnelles, opposés à l'implantation de nouvelles stations automatiques. Les 115 stations service de l'île ont donc fermé, dès le lundi 19.

La grève reconductible du mardi 20 janvier a été décidée par un collectif, Lyannaj kont pwofitasyon (Alliance contre l’exploitation outrancière), qui regroupe une cinquantaine d'organisations syndicales, politiques et culturelles . Selon LeMonde.fr:

... les très activistes centrales syndicales indépendantistes UGTG (51,67 % des voix aux prud'homales) et CTU (8,57 %) et la plus modérée CGTG (19,83 %), dirigée par un militant trotskiste, ont réussi à fédérer FO et la CFDT (7,24 % et 5,35 %), la CFTC et l'UNSA (3,61 % et 2,16 %), la FSU (1,41 %) et les syndicats d'enseignants, l'ensemble des syndicats de paysans producteurs de cannes à sucre, le PC guadeloupéen et les Verts, en s'adjoignant environnementalistes et associations de "carnavaliers" identitaires.

Ce décompte permet de mesurer un peu le poids de ce collectif qui s'est avancé dans la grève en portant bien haut une plate-forme de revendications qu'il n'est pas inintéressant de consulter, et dont je conseillerais même la lecture à nos petits chefs syndicalistes. Vous trouverez, sur cette page du site de l'UGTG, les 120 points de cette plate-forme qui a été envoyée, le 21 janvier, au représentant de l'Etat, le préfet Nicolas Desforges. Vous pouvez également la télécharger, en format pdf, ici.

Manifestation dans les rues de Pointe-à-Pitre, le 24 janvier 2009,
au cinquième jour de la la grève générale.

Une grande manifestation, samedi dernier, a permis de rassembler 25 000 personnes selon les organisateurs, beaucoup moins selon les forces de police. On y a entendu de jolies mélodies, probablement bien scandées, avec les paroles suivantes:

« La Gwadloup sé tannou,
la Gwadloup a pa ta yo:
yo péké fè sa yo vlé
an péyi annou »


(« La Guadeloupe nous appartient,
elle ne leur appartient pas :
ils ne feront pas ce qu’ils veulent
dans notre pays »).


Hier, lundi, ont commencé les pourparlers de sortie de crise, comme les gouvernants aiment à dire en leur jargon. Les représentants de l'état en Guadeloupe, les élus, les délégués syndicaux et le patronat, se sont rencontrés au World Trade Center de Jarry.

Samedi dernier, une première réunion avait déterminé la méthode des négociations, et le collectif Lyannaj kont pwofitasyon a réussi à imposer que soient vus tous les points de la plate-forme de revendications les uns après les autres et dans l'ordre.

Vous pourrez vérifier que le premier point est le suivant:

Un relèvement immédiat et conséquent d’au moins 200 €, des bas salaires, des retraites et des minima sociaux afin de relancer le pouvoir d’achat, de soutenir la consommation des produits guadeloupéens et plus généralement la demande.

Les six heures de discussions d'hier n'ont pas permis de dépasser ce premier point...

Pendant ce temps, le préfet réquisitionne des stations service qui restent fermées.

Et peut-être regarde-t-il le ciel avec l'espoir d'y voir apparaître, avec son attirail de superman, c'est-à-dire avec le slip passé au dessus du pantalon, le sauveur suprême de la nation.



PS: Lexpress.fr publie deux entretiens.

Le premier avec Elie Domota, porte-parole de Lyannaj kont pwofitasyon.

Le second avec Victorin Lurel (PS), président du Conseil régional.



*Cela veut dire : Doubout kont pwofitasyon.

lundi 26 janvier 2009

La vie en marche

C'est sûrement une bien belle idée de marcher pour la vie, encore que je préfère souvent marcher pour rien, ou juste pour marcher, c'est à dire pour sentir que je suis encore debout et encore vivant.

Ce dimanche, le collectif "Trente ans, ça suffit ! En marche pour la vie", appelait ses adhérents et ses sympathisants à manifester de la Bastille à la République contre l'avortement et l'euthanasie en France et en Europe.

Cette manifestation était autorisée, s'est déroulée sans incidents et s'est dispersée dans la bonne humeur. Elle aurait rassemblé de 15 000 à 20 000 personnes, selon ses organisateurs. La préfecture de police a mollement compté 2 800 personnes. (Selon l'AFP)

La manifestation était soutenue par 10 évêques en activité, et par 6 évêques émérites (je suppose que les émérites, ce sont les trop gâteux pour tenir leur crosse d'évêque).

Elle était aussi soutenue par le MNR, et le Front National.

Les volontaires avaient eu la possibilité de se recueillir la veille au cours d'une soirée de prière (chapelet médité et adoration du Saint-Sacrement) à la Chapelle Notre-Dame du Bon Conseil, dans le très populaire 7ième arrondissement.

Je vous donne tous ces détails pour que vous compreniez bien que ce que l'on appelle "la vie" chez ces gens-là risque d'avoir bien peu de chose à voir avec ce que, vous et moi, nous aimons sous le même nom.

On pporrait les accuser de tromperie sur la marchandise, pour le moins.

Marchez pour la vie, mais ne vous occupez pas de la nôtre...

Les esprits curieux pourront consulter la prose argumentaire (sic) de monsieur Philippe Edmond joliment intitulée L’avortement ne protège pas la berté de choix, il la détruit (resic). Je suppose que c'est le sentiment de l'indécence qu'il y a pour lui à argumenter dans un domaine où la moindre des choses pour un homme de genre masculin est de la fermer qui fait faire à monsieur Philippe Edmond tant de fautes de frappe.

Ceci dit, n'allez pas croire que ces fanatiques m'intéressent tant que cela. A peine m'amusent-ils quand leurs arguties atteignent la hauteur de la pesée des œufs de mouches 'pataphysiques... Mézenfin, ils sont encore vivants, ou du moins se croient tels, et soignent leurs relations avec le pouvoir, comme le souligne cet article de Bakchich.

Faudra le redire souvent...

Mais voyez comme sont dangereuses ces pauvres cloches, avec leurs idées d'un autre monde, nées d'une longue macération dans l'aigreur de l'abstinence ou la culpabilité du recours à de maigres expédients considérés comme fautifs. Leur marche au grand air de Paris vous aura privé(e)s du supplément culture de la semaine (repoussé à lundi, pour une fois).

Je voulais vous dire tout le plaisir que j'avais eu la semaine dernière de trouver, en ce lieu redoutable pour mon honorabilité bancaire qu'est la librairie L'Atelier, rue du Jourdain, un livre de Richard Brautigan, que je n'avais pas encore lu.

Et ça m'a fait comme de recevoir des nouvelles d'un vieux copain qui n'avait de longtemps donné signe de vie...

Le livre s'intitule en français L'avortement, soit en angloaméricain The Abortion: An Historical Romance 1966. Vous pourrez le trouver aux éditions du Seuil, collection Points.

Un jour, peut-être, prendrai-je le temps de vous parler de Richard Brautigan, ce grand bonhomme un peu oublié des lettres américaines, mais que les amateurs se repassent de la main à la main...

Je vous repasse donc L'avortement, qui est une "romance" américaine des années 60 (où l'on allait à Tijuana pour avorter clandestinement): une histoire d'amour très simple et très belle comme en rêvent, et parfois en vivent, les gens très compliqués.

Car Richard Brautigan, comme tous les vieux copains, n'était pas très simple.

En cliquant sur l'image, vous pourrez entendre Richard Brautigan
lire un extrait de sa fameuse Pêche à la truite en Amérique.
Si ça ne marche pas, vous pouvez essayer cette page de La revue des ressources.

dimanche 25 janvier 2009

Dispositif adéquat à Barbès




Il y a une cohérence certaine à maintenir la tenue d'une manifestation en cas de refus d'autorisation de la Préfecture de Police.

Il y aurait même une certaine cohérence à ne pas demander d'autorisation.

J'ignore si les collectifs qui appelaient à la manifestation qui devait se tenir aux alentours du métro Barbès, hier, avaient adressé à monsieur le préfet de police un courrier où ils sollicitaient de sa très haute bienveillance l'autorisation de faire respectueusement état de leur désaccord avec la politique répressive du pouvoir et de faire poliment la démonstration de leur soutien aux actuel(le)s inculpé(e)s et/ou incarcéré(e)s en application de cette politique...

Toujours est-il que les forces dites de l'ordre ont procédé à un bouclage en règle du quartier, en utilisant la technique qui est celle qu'il faut utiliser pour faire une rafle, et ont arrêté une centaine de personnes, manifestants et badauds confondus.

La banderole, photo sans doute prise par un(e) retardataire,
telle qu'on peut la trouver sur Le Jura Libertaire.

Pour trouver des informations sur cette opération de basse police, il ne faut pas trop compter sur les grands médias. Seul le NouvelObs-point-comme a publié un article, hier, vers 18h. On peut y lire:

Peu de temps après son arrivée, le groupe, qui comptait environ cent à deux cent personnes, selon la police et des participants, s'est retrouvé face à un cordon de CRS tandis qu'il avançait boulevard Barbès. Il lui fut impossible de faire demi-tour, les forces de l'ordre étant déjà présentes de l'autre coté. Les arrestations commencèrent très rapidement.

"La plupart de ceux qui étaient dans le cortège de départ se sont fait embarquer, environ une centaine de personnes" estime un manifestant. Contactée par nouvelobs.com, la préfecture de police confirme la tenue de l'opération et estime elle aussi le nombre d'interpellations à une centaine. "Il s'agissait d'une manifestation non déclarée de la mouvance contestataire. Ils n'avaient pas le droit de se rassembler. Les policiers ont appelé à la dispersion mais les manifestants n'ont pas obéit" nous explique le service de presse de la préfecture.
"Je n'ai pas entendu d'ordre de dispersion. De toute façon, c'était impossible, nous étions bloqués entre deux cordons de CRS, le métro (aérien ndlr) et les immeubles" témoigne une participante.

(...)

La préfecture a assuré à nouvelobs.com qu'il ne s'agissait pas d'une opération policière particulière: "C'était un dispositif adéquat, normal pour répondre au refus de dispersion d'une manifestation non déclarée".

Cet article, signé C. R., a pour lui de citer la version des autorités et celle des participants; ce qui n'est pas si fréquent.

Et puis, il m'aura conduit, en mon for intérieur, à tenter d'imaginer à quoi ressemblent les attaché(e)s de presse de la préfecture: je les vois bien pimpant(e)s, pimpant(e)s, pimpant(e)s...

Un peu comme ça...

Hier soir, Rue89 mettra en ligne, après 20h, une courte vidéo et un article qui ajoutera à ce que l'on savait le témoignage d'une habitante du quartier:

Elle rapporte avoir comptabilisé pas moins de huit fourgonnettes et deux bus de police: "Il y avait surtout des jeunes, entre 18 et 25 ans, ils ont été très vite embarqués par la police. Je n'avais jamais vu ça. Toute la rue était bloquée. J'ai parlé à quelques manifestants. Ils étaient assez agressifs."

C'est peut-être très intéressant, mais parfois je me demande ce que l'on est capable de faire, à Rue89, à part poster des vidéos reçues par courrier électronique et recueillir deux ou trois mots par téléphone... Personne n'a de vélo, chez eux ?

C'est pourtant bon de prendre l'air à Barbès,
c'est tout parfumé aux lacrymogènes proportionnés.
(C'est encore une photo du Jura Libertaire)


Pour trouver d'autres informations, notamment sur la suite des interpellations, il faut aller à la pêche dans les commentaires de Rue89 (avec une pince à linge sur le nez... parfois) ou se rendre sur les trois articles de Bellaciao (, et ).

Comme d'habitude, le Jura Libertaire donne le maximum de renseignements, comme ce témoignage des suites de la mise en place d'un "dispositif adéquat" (au sens de la préfecture de police):

La manif a, sans sommations, été prise dans une nasse policière, les uns ont été libérés sur place (60 personnes environ), les autres (80 environ) après une vérification d’identité à la durée illégale (4 heures 30) dans le cadre d’une procédure dénommée par les policiers «audition libre» (sic ! le terme, usurpé, doit s’appliquer aux réponses volontaires à convocations) et des menaces de garde à vue (pour «manif interdite») suite à des désignations par une policière physionomiste (en uniforme), cela se passait au commissariat du XIe, passage Charles Dallery (face au Centre d’action sociale).

Les retardataires arrivés à Barbès étaient hors nasse, il y a eu quelques courses poursuites et là aussi des arrestations, par la BAC cette fois.

Il reste des gardés à vue (neuf ?), qui seraient accusés d’«organisation ou participation à manifestation armée».

A priori, des avocats vont être désignés pour d’éventuelles comparutions immédiates lundi.

Diffusé par Infozone (Liste d’information pour la France sauvage), 24 janvier 2009 (23h14)

C'est vrai que ça sent le lacrymo, mais pas que... il y a autre chose...


En tout cas, je m'engage solennellement à ne plus jamais répondre aux semi-sourires des voluptueuses fliquettes qui, dans la rue, me fixent, comme hypnotisées par mon charme poivre et sel: ce sont sans doute des physionomistes de la police.



Ajout du 26/01/09:

On a pu apprendre que 7 ou 8 personnes ont été déférés au substitut du procureur, ont passé la nuit au dépôt et vont comparaître aujourd'hui lundi à 13H30 devant la 23e ou la 22e chambre correctionnelle du TGI au Palais de justice (M° Cité). Ils seraient accusés d' "attroupement armé"...

Lors de cette audience, ils devraient refuser de comparaître et obtenir un délai afin, comme la loi l'autorise, de préparer leur défense. Le risque de mise en détention provisoire n'est pas exclu...

D'autres personnes arrêtées sont libres, mais auraient reçu une convocation au tribunal pour le 6 mai.

samedi 24 janvier 2009

Aux marches du Palais




Depuis que je vais régulièrement solder ma force de travail dans la bonne ville de Rouen, je passe d'assez bons moments et de sacrés quarts d'heure. C'est que ce n'est pas toujours aisé de retrouver la vraie vie.

Jeudi dernier, je faisais ma pause post-prandiale en faisant durer un café-clopes, à l'abri d'un auvent, sur une terrasse d'un café-hôtel-restaurant, donnant vue sur la cour intérieure du beau Palais de Justice que nous avons, nous les normands d'en haut, depuis au moins l'âge gothique.

Flamboyant, notre gothique, et comme flambant neuf.

Je ne comptais guère m'attarder, car les terrasses rouennaises ne sont que rarement chauffées. Et j'avais assez observé le ballet harmonieux des fliqueux et des fliquettes qui contrôlent l'entrée piétonne et le portail voiturier. Je me préparais psychologiquement à allumer ma dernière cigarette lorsque la baie coulissante qui permettait au patron de me surveiller s'ouvrit. Un individu de sexe masculin, bien pâlot, avec des cheveux fillasses, passa à côté de moi en s'excusant deux ou trois fois, comme si le fait de passer à moins de deux mètres de mon centre de gravité naturel constituait un cas flagrant de violation de mes eaux territoriales...

A le voir chercher à suivre mon regard, je me résignai à faire gratuitement les frais de sa conversation... Il suffisait d'attendre qu'il trouve un angle d'attaque.

Je l'aidai un peu en continuant d'observer les entrées et sorties du Palais de Justice et, soudain inspiré, il me demanda si c'était jour de visite. Je lui répondis, non que je m'en foutais, ce qui était vrai, mais que je n'en savais rien, ce qui était vrai aussi.

Sur cette base, et avec quelques grognements encourageants de ma part, mon nouvel ami brossa un vertigineux panorama des beautés visitables de la ville, en s'attardant aux dégâts provoqués sur icelles par les alliés à la fin de la deuxième guerre mondiale. Il s'attardait tant que je m'attendais à une péroraison du type normalisé "Ach, la guerre ! grosse malheûheûr, ja !"

Mais non, il me surprit d'un redoutable "c'est comme...", figure de style oratoire bien connue dans les poulaillers sous le nom de coq-à-l'âne.

"C'est comme ceux qu'on a mis en prison, y a pas longtemps, ceux qui ont fait sauter les trains sur les lignes sncf... S'y veulent pas d'la société..."

Le temps de m'assurer qu'il parlait bien des inculpés du 11 novembre... et je me fondis dans la pluie rouennaise et devins à ses yeux une cellule invisible à moi tout seul...

C'est ainsi qu'il sauva sa pauvre vie de crétin.

Autoportrait mental aux marches du Palais.

Le lendemain, j'ai appris avec plaisir qu'Yldune Lévy ne retournerait pas en prison, puisque la chambre de l'instruction de la Cour d'Appel de Paris, qui avait déjà estimé que la procédure d'urgence du Parquet n'était pas fondée, a confirmé sa libération sous contrôle judiciaire.

Mon crétin de terrasse n'en saura probablement jamais rien: il faudrait qu'il puisse remettre à jour ses connaissance sur les événements, et j'ai bien peur qu'il ne s'égare.

Puisque seul Julien Coupat reste incarcéré, on parlera désormais, je pense, de "l'affaire Coupat".

Dans son bloggue Chroniques Judiciaires, la journaliste Sylvie Véran fait le point sur le début d'une polémique sur cette affaire qui commencerait à atteindre les milieux politiques. Mais il est bien évident qu'il ne faut pas attendre de ce côté une réaction à grande vitesse.

La presse reprend, quant à elle, le scoupe du "journal d'information numérique, indépendant et participatif" Médiapart, qui aurait retrouvé le témoin sous X, qui au début de l'affaire semblait un irréfutable élément clé.

J'emploie le conditionnel, car je n'irais pas spontanément acheter une quatrelle d'occasion à l'un des fondateurs de Médiapart...

Mézenfin, il est amusant de lire que ce fameux témoin serait sous le coup d'une condamnation pour «dénonciation de délits imaginaires» et de vérifier à quel point ce témoignage concordait, à la virgule près, avec les fantasmes policiers:

Pour les policiers, ce témoignage «corroborait» leurs conclusions, à savoir qu'il existait «un groupe», formé «depuis 2002», «autour d'un leader charismatique», Julien Coupat, et ayant pris la dénomination de «Comité invisible, sous-section du parti imaginaire».

Quant à la maxime, attribuée par ce témoin X, selon laquelle la "vie humaine a une valeur inférieure au pouvoir politique", elle peut être tout et n'importe quoi, selon le contexte.

Prise comme un constat, il me semble que nous vérifions cela tous les jours: que vaut une vie de sans-papier pour un homme au pouvoir ?

Vous trouverez bien d'autres exemples, je vous fais confiance.

En revanche, je me demande bien quelle confiance on peut accorder à un crétin qui vient témoigner sous X...

vendredi 23 janvier 2009

Une femme modèle

« La vieillesse est un naufrage. »
Charles de Gaulle,
quelque part dans son œuvre... mais je ne sais où... j'ai oublié...



Quand je traverse le jardin des Tuileries, je croise nécessairement, c'est mathématique, l'une des statues de Maillol qu'André Malraux eut la bonne idée de rendre au grand air et à la lumière naturelle en 1964...

Alors je ressasse, c'est automatique, ce ragot pitoyable mais évocateur qui circule sur la fin de la vie de Louis Aragon...

Cette anecdote, que je raconte à ma façon, ayant depuis longtemps oublié le premier récit que j'en ai entendu, la voici sous la plume de monsieur Angelo Rinaldi, désormais de l'Académie Française, tirée d'un article publié dans l'Express, le premier mai 1997:

Il était amusant, à la fin, de voir les membres du bureau politique [du Parti Communiste Français] - le BP - réactionnaires s'il en fut en matière de mœurs, se comporter telles des gouvernantes devant le vieil homme qui, émancipé de la tutelle de l'épouvantable Elsa, médiocre femme de lettres, rien moins que le genre nuisette La Perla, s'abandonnait aux fantaisies vestimentaires et garçonnières. L'un d'eux doit se rappeler la visite qu'il dut effectuer à l'aube dans un commissariat parisien, où l'on avait conduit Aragon surpris en train de caresser les fesses d'un nu de Maillol, en bordure des jardins du Louvre. «Mais qu'est-ce que vous fabriquez, grand-père? avait demandé le gradé de la patrouille. - C'est que je voudrais savoir comment on peut l'en...» Tard, trop tard, ressuscitait le sympathique dandy provocateur, complice du beau Crevel - il avait assez aimé celui-ci pour le trahir avant d'autres. Et qui fera jamais la part, chez ce caméléon, des troubles de l'âge et de la malice qui consiste à en jouer? (...)

Cet ultime hommage scabreux que ce prétentieux poète, alors en train de sombrer dans le grand naufrage de la sénilité, rendait à l'éternelle insolence de la jeunesse, m'a toujours laissé rêveur...

Aristide Maillol, Les Trois Grâces (1938).
Photographie Pierre Métivier.

Ces statues sont nées de la rencontre étonnante d'Aristide Maillol, vieux sculpteur de soixante-treize ans, avec Dina Vierny, très jeune femme de quinze ans.

Madame Dina Vierny est décédée le 20 janvier, à l'âge de 89 ans.

Je pense que tout naufrage lui a été épargné.

Dina Vierny et Aristide Maillol.

Dina Vierny est née en 1919, dans la province russe de Bessarabie, et est arrivée en France en 1925, avec ses parents, musiciens juifs, révolutionnaires de 1917, qui ont eu la bonne idée de quitter les terres où s'installait le stalinisme.

De cette très belle jeune fille qui fréquentait les milieux de l'avant-garde on disait qu'elle était un "Maillol" vivant. Et, en 1934, le sculpteur, désireux de la rencontrer lui écrit ces quelques mots: "Mademoiselle, il paraît que vous ressemblez à un Maillol et à un Renoir, je me contenterai d’un Renoir."

Après quelques hésitations et refus, Dina Vierny finit par rencontrer Maillol, mais ne l'ayant jamais vu, s'adresse d'abord à la barbe blanche la plus digne de l'assistance. C'est la barbe de Van Dongen... "Et c'est dans un éclat de rire général que je suis entrée dans la vie de Maillol...", racontait-elle avec dans la voix ce rire qu'elle devait encore entendre.

Elle est alors entrée dans la vie de Maillol, et Maillol est entré dans sa vie. Pour une dizaine d'années et pour l'éternité: "On se voyait tout le temps et c’était l’amusement au quotidien", dira-t-elle plus tard.

Elle pose pour lui pour des séances de trois heures, payées 10 francs de l'heure...

Au début, elle reste habillée, et c'est elle qui va proposer au vieux sculpteur timide de laisser tomber ses vêtements "parce que le nu est plus pur que tout". On peut entendre (un peu) Dina Vierny raconter cette belle histoire dans l'entretien que la radio en ligne NPR a diffusé le 29 décembre 2008, avec malheureusement une traduction un peu envahissante.

Aristide Maillol, Dina au foulard (1941)

Si ces séances de pose nourrissent substantiellement l'œuvre du sculpteur, qui revient au dessin et à la peinture, il ne faut pas voir en Dina le modèle potiche idéal à l'intemporel sourire crispé. La jeune femme ne se départit en rien de ce qu'elle est et de ce qu'elle devient. Elle s'engage aux côtés du Front Populaire, avec le groupe Octobre des frères Prévert, et si le modèle regarde le sol, c'est qu'en posant pour Maillol, elle lit un livre ou repasse ses notes de cours.

Pendant la guerre et l'occupation, sa prise de position est évidente. Un peu trop, puisqu'elle sera arrêtée deux fois et libérée deux fois par l'entremise de Maillol, et sans doute aussi d'Arno Breker, l'artiste officiel du Troisième Reich, ami de Maillol.

En 1940, à partir de Banyuls-sur-Mer où Maillol s'est réfugié, elle devient la femme à la robe rouge qui conduit, par les chemins de la contrebande, les indésirables qui veulent fuir le territoire français.

Aristide Maillol, Portrait de Dina (1940).

Après la mort de Maillol, Diana Vierny ouvre une galerie au 36 de la rue Jacob, encouragée par Henri Matisse.

En 1995, cette femme intraitable et irrésistible réalise son grand rêve: l'ouverture d'un musée consacré à l'œuvre de celui qu'elle a toujours appelé "le patron". Dans un hôtel particulier, au 61 rue de Grenelle, elle crée le Musée Maillol où il fait bon, depuis cette date, aller flâner.

Actuellement, le Musée présente "L'avant-garde russe dans la collection Costakis", ce qui est une bonne occasion d'aller saluer madame Dina Vierny.



PS: La disparition de Dina Vierny n'a pas bouleversé les programmes télévisés... On aurait pu retrouver le film qu'Alain et Marie-José Jaubert lui ont consacré en 2006.

Les médias généralistes commencent à réagir... Ne parlons pas de l'article de Libération, signé B. et intitulé "Maillol perd sa muse" qui est d'une nullité affligeante; mais conseillons plutôt le bel article de Harry Bellet, dans le Monde.

Un émouvant hommage a été rendu à Dina Vierny par Aurélie Charron dans l'émission Esprit Critique de Vincent Josse du 22 janvier. Vous pouvez le réécouter ici.

mercredi 21 janvier 2009

Grandes heures pour la Démocratie



Qu'il serait exaltant, ne trouvez-vous pas, de pouvoir vivre en vrai les grands moments de l'histoire du monde, qui se déroulent si loin de nos humbles masures! Que j'ai de regrets de n'avoir pu unir mon émotion à l'émotion de la foule assemblée, de n'avoir pu mêler ma ferveur à la ferveur du peuple exalté!

Oui, décidément, j'aurais aimé être présent à l'Assemblée Nationale, lorsque le groupe des député(e)s socialiste a entonné sans répétitions, a cappella et tout de go, une vibrante Marseillaise dirigée de main de maître par Jean-Marc Ayrault, assisté de Laurent Fabius et Henri Emmanuelli, avant de quitter l'hémicycle, comme un seul homme, chacun se drapant dans ce qui lui restait de dignité. Ce reste n'est pas considérable, juste de quoi recouvrir à grand peine les pudenda de chacun, mais le geste est beau, noble et digne, en un mot: romain.

Car on sent bien que cette révolte de l'opposition se nourrit de grandeur, et la grandeur en République est toujours un peu romaine.

Attention! cette illustration est une escroquerie:
C'est une photo du Sénat romain, et non de l'Assemblée Nationale.


Cette sortie musicale du groupe socialiste a été provoquée par, semble-t-il, une prise de conscience que, dans une adresse à monsieur Roger Karoutchi, monsieur Jean-Marc Ayrault, très en verve, a bien résumée:

"Vous vous êtes foutus de notre gueule."

L'article de LeMonde.fr ne dit pas si monsieur Karoutchi a démenti.

Pour préciser davantage les choses, monsieur Arnaud Montebourg dénonce dans un communiqué "la dérive autoritaire du régime".

Encore un effort, et les socialistes, qui comprennent vite (on sent bien que, chez eux, ça pense sans frein à main), descendront dans la rue avec les défenseurs des libertés...

Ne les attendez pas pour le 31 janvier,
il est probable qu'il y aura un peu de délai...


On peut supposer qu'il y aura assez peu d'élu(e)s du groupe socialiste pour la première rencontre des 96 heures qui déraillent, qui se tiendra à L'Echangeur, à Bagnolet, de 20h à 24h. C'est dommage, cela leur aurait fait une petite sortie, et peut-être cela leur aurait-il ouvert des horizons. Pour ceux qui seraient rentrés dans leur lugubre province, ce ne sont pas non plus les occasions qui manquent, il suffit de consulter la liste donnée par le site des comités de soutien aux inculpés du 11 novembre, et aux autres.

Car cette "dérive autoritaire" que messieurs et dames les député(e)s ressentent à la suite d'un foutage de gueule d'anthologie de la part du groupe UMP et de la part du président de l'Assemblée Nationale, monsieur Bernard Accoyer, d'autres la vivent de façon plus directe et nettement moins protégée que messieurs/dames les parlementaires.

Vous en trouverez quelques exemples, parmi d'autres, en suivant les liens qui suivent.




En quatre clics, vous atteignez la case prison...

Une paire de menottes peut être, m'a-t-on dit, support de délicieux fantasmes...

Je dois être bien "coincé", comme on disait de mon temps...

Je m'intéresse davantage aux fantasmes auxquels s'accroche le pouvoir, sans chercher à faire de la psycho-politique à deux eurocentimes mais en y voyant les symptômes évidents de la maladie qui fait toussoter nos députés d'opposition.

Ces symptômes, on les trouve clairement exposés dans un "point de vue" publié par le journal Le Monde, et signé de Gabrielle Hallez, mise en examen dans l'affaire de Tarnac. Il est intitulé Tarnac ou les fantasmes du pouvoir.

C'est un texte, réfléchi, écrit et maitrisé, qui dépasse le simple témoignage sur les conditions de l'arrestation, de la perquisition, de la garde à vue et de l'emprisonnement qui ont été vécus par jeune femme vivant hors-norme. C'est aussi, et surtout, un début d'analyse de ce qui se fantasme, mélangé à une certaine crainte, en haut lieu de pouvoir.

Je ne vous cite que la conclusion:

Finalement, la prison est peut-être en passe de devenir un des rares lieux où s'opère la jonction tant redoutée par M. Sarkozy : "S'il y avait une connexion entre les étudiants et les banlieues, tout serait possible. Y compris une explosion généralisée et une fin de quinquennat épouvantable", avait-il dit en 2006.

Monsieur Sarkozy a dû oublier...

mardi 20 janvier 2009

La sécurité Taser pour les dames





On me connait dans la blogosphère comme un grand admirateur des produits de la maison Taser, qui épargnent des vies depuis tant d'années, et je n'ai pas épargné mes efforts pour en démontrer les effets bénéfiques pour la paix civile ( ici, et , et encore ).

On doit aussi à la société Taser l'enrichissement du vocabulaire courant de ce bel adjectif, "létal", qui a quitté les amphis de la fac de médecine pour venir s'asseoir avec nous au comptoir. Il est maintenant des nôtres.

Comme il n'y a pas que la culture dans la vie (il y a aussi le commerce), la société Taser a inventé de vendre une version légère de son célèbre pistolet non létal à impulsion électrique, destinée à tout un chacun ayant besoin d'un solide argument défensif.

Je m'appelle Stoper C2, je mesure 15 cm
et j'existe aussi en bleu, métal ou léopard.
Je suis classé dans les armes de sixième catégorie,
avec les couteaux et les bombes lacrymogènes.

Vous pouvez découvrir cet objet sur le site qui lui est consacré par la société SMP Technologies, qui se présente ainsi, en toute modestie:

Crée début 2003, SMP Technologies est une société française indépendante, imaginant, fabricant et commercialisant des produits électroniques de très haute technologie en collaboration avec Taser International aux USA. Grâce à leurs réseaux de chercheurs incluant la NASA, le Pentagone, les grandes écoles françaises et la passion de leurs membres, elles développent des petits bijoux de technologie et d'inventivité.

Vous pourrez y trouver LA réponse à cette fascinante question: "Stoper C2, pourquoi ?"

La voici:

EN FRANCE, TOUS LES 2 JOURS, UNE FEMME MEURT SUITE A DES VIOLENCES CONJUGALES.

Ce qui est une explication tout à fait irréfutable.

Page d'accueil très glamour du site

Quand on fait dans le non-létal, on peut aussi faire dans le non-dit, mais il est assez évident que la cœur de cible, si j'ose dire, est ici la clientèle féminine.

Ce qui n'a pas échappé à Samira Hamiche, qui signe un article d'une exclusivité douteuse pour le JDD.

Il est petit, rose, et se glisse aisément dans un sac à main. Tellement inoffensif de prime abord, qu'on le croirait tout droit surgi d'un catalogue d'épilateurs électriques.

Je suppose que la notice livrée avec l'appareil signale les effets secondaires gênants en cas de contre-emploi comme épilateur...

L'article signé d'Alexandra Guillet, publié sur le site de TF1-LCI sous le titre plein d'esprit "Auto-défense - Le Taser, version civile, électrisera-t-il les femmes ?", donne la parole à Antoine di Zazzo, dont les fortes paroles ne pourront qu'émouvoir mes lectrices fidèles:

Avec le Stoper C2, Taser France vise une cible bien particulière : les femmes. "En France, elles sont 2,2 millions à se plaindre de violences, une femme est tuée tous les deux jours, 150 000 sont hospitalisées tous les ans, 48 000 autres violées, égrène Antoine di Zazzo. C'est intolérable. Tout comme il est intolérable qu'une femme n'aille pas au cinéma le soir parce qu'elle a peur de descendre la nuit dans le RER ou dans un parking pour récupérer sa voiture". Avant de cibler sa campagne sur les femmes, Taser affirme avoir réfléchi avec de nombreuses associations du 93 et du 95. "C'est pour cela par exemple que nous ne recommandons pas le Stoper aux femmes battues par leur maris, de peur que ces derniers ne se vengent avec".

Cette dernière assertion est en contradiction avec l'argument publicitaire cité plus haut, mais ce n'est pas grave: il n'y a que les pacifistes imbéciles qui ne changent pas d'avis.

Et puis, il faut remarquer que cet article date du 23 janvier 2008.

Michèle Alliot-Marie, désarmée, ne peut résister à l'agression d'un vieux beau grisonnant.

Un an après cet article, et à la suite d'une prétendue enquête "exclusive" d'Europe 1, relayée par le JDD, madame Michèle Alliot-Marie aurait réagi:

"Cette situation ne me convient pas"

Les semblants de contrôle, lors de la vente de ce produit, ne semblent pas convenir à madame Alliot-Marie.

Toujours d'après le JDD:

Se procurer le Stoper C2 est simple. Pour poser sa candidature, il suffit d'une copie de pièce d'identité et d'une lettre de motivation. Et, condition sine qua non, le candidat doit suivre une séance de formation d'une heure (payée 100 euros), dispensée par un instructeur de Taser France, et un policier. Mais aucun test psychologique n'est prévu. Plus que sa dangerosité pour l'agresseur, ce sont les dérives potentielles chez les utilisateurs qui inquiètent. La sélection des clients semble relativement souple et subjective. Seul l'âge du candidat semble être un facteur ostracisant, les formateurs rencontrés par le journaliste d'Europe 1 ayant expliqué ne pas le vendre à des personnes "trop jeunes".

A propos, je me demande bien ce que font les policiers dans ces formations dispensées par une société privée. Du bénévolat ? Ou du rabiot ?

Mézalors, il me semble que les fonctionnaires sont tenus d'obtenir une autorisation de leur supérieur hiérarchique pour arrondir leurs fins de mois hors fonction publique...

lundi 19 janvier 2009

Hôpital de campagne




Il y a des gens qui savent vous prendre par les sentiments.

D'un coup, vous avez la gorge qui se coince un peu, la voix qui se voile d'émotion, les yeux qui vous piquent; vous reniflez élégamment un bon coup et vous vous dites:

Ah ! les braves gens !

Je veux bien sûr parler de Tsahal.

J'en arrive à appeler les forces armées israéliennes par leur "petit nom", Tsahal, que le bon Claude Lanzmann a rendu si populaire dans les médias et, par voie de conséquence, parmi nous, comme effet collatéral de ce film où l'on peut entendre des généraux israéliens dire:

"Notre armée est pure (...), elle ne tue pas d’enfants. Nous avons une conscience et des valeurs et, à cause de notre morale, il y a peu de victimes [palestiniennes]."
(cité dans cet article du Monde Diplomatique)

C'est bien connu:
Les soldats de Tsahal se déguisent fréquemment en claounes
pour amuser les enfants.



C'est assez tôt ce matin que j'ai connu une de ces grandes émotions que ne peuvent connaître que les grands émotifs dans mon genre, en écoutant distraitement une émission d'information de France Inter. On y célébrait avec application la journée de la diversité, et cela ne m'émouvait guère. Il est vrai que j'ai le lundi matin un peu comateux...

Mais la diffusion d'un reportage balaya d'un coup mon asthénie désabusée, et réenchanta mon monde intérieur dévasté.

Une journaliste relatait l'installation, par l'armée israélienne, d'un hôpital de campagne à la frontière de la bande de Gaza, destiné à soigner les gazaouis.

(Je n'ai pu retrouver le nom de cette journaliste, et j'en suis désolé. Mon nouvel ordinateur, livré en express par le père Noël ne veut pas entendre parler des plugins nécessaires pour réécouter Radio France...)

La nouvelle n'a pas été beaucoup répercutée dans la presse écrite, mais on en trouve des traces sur le ouaibe.

Ainsi, le 15 janvier, Guysen.International.News, qui s'auto définit comme "l'agence de presse francophone d'Israël et du Moyen-Orient", publiait cette brève:

Tsahal va ouvrir un hôpital de campagne à la frontière entre Israël et la Bande de Gaza, afin de transférer et soigner les blessés civils palestiniens. ''Le Hamas fait tout pour empêcher le passage en Israël de blessés palestiniens, car cela va à l'encontre de l'image inhumaine d'Israël que le Hamas tente de donner à l'étranger'' a déclaré l'un des responsables à l'origine de l'initiative.

L'agence Guysen me paraît d'un sérieux inattaquable: quand sur son site j'ai cliqué sur la rubrique Sourires & Clin d'œil, mon navigateur m'a ouvert une page "fatal error".

Une dépêche Associated Press, datée du 18 janvier, confirme l'information et donne des précisions:

Israël a ouvert un hôpital de campagne à la frontière de la Bande de Gaza dimanche pour prendre en charge les malades et blessés du petit territoire palestinien et éventuellement faciliter leur évacuation vers des établissements de l'Etat hébreu, selon les autorités.

Le ministre des Affaires sociales Isaac Hertzog a affirmé que la clinique s'occuperait "d'autant de gens dans le besoin que possible, pour le bien-être des citoyens de la Bande de Gaza".

L'hôpital de campagne est équipé d'un laboratoire, d'une machine de radiographie à rayons X et de cinq chambres individuelles, trois lits supplémentaires se trouvant dans un couloir.

Les équipes médicales palestiniennes estiment qu'au moins 1.2000 habitants de la Bande de Gaza, des civils pour moitié environ, sont morts entre le début de l'offensive militaire israélienne le 27 décembre et le cessez-le-feu de dimanche, et que 5.000 personnes ont été blessées.

D'après d'autres informations, ce colossal hôpital de campagne aurait été ouvert au point de passage d'Erez, au nord de la bande de Gaza.

La journaliste de France Inter ironisait légèrement en soulignant qu'à l'ouverture de ce centre de soins, dans la journée de dimanche, les journalistes internationaux, qui avaient été écartés de la zone des combats, étaient les bienvenus avec micros et caméras...

Si vous avez le malheur de posséder un téléviseur en état de marche, vous pourrez peut-être voir quelques belles images de cet imposant engagement humanitaire de Tsahal.

Mais j'ai l'impression que cette campagne de communication contre "l'image inhumaine" de Tsahal souffre de quelques défauts dus à l'improvisation, si j'en crois ce que révèle Ouest-France dans un article du 17 janvier:

Les Palestiniens blessés soignés en Israël Un communiqué gouvernemental indique, par ailleurs, qu'Israël va autoriser, à partir de dimanche, les Palestiniens blessés durant les trois semaines d'offensive israélienne dans la bande de Gaza à être soignés sur son territoire. "Dans le cadre de l'effort humanitaire coordonné par le gouvernement, un département de soins intensifs ouvrira demain au point de passage d'Erez (nord de la bande de Gaza) pour soigner les habitants de Gaza blessés", a indiqué le ministère des Affaires sociales.

"Selon les accords passés entre le ministre Herzog et la Croix-Rouge, les habitants de Gaza blessés seront transportés dans des hôpitaux du pays en fonction de leur état de santé", annonce le communiqué ministériel. Mais un porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Jérusalem a cependant affirmé que l'organisation n'avait pas été informée d'une telle décision.


Je crains tout de même que Tsahal n'ait quelques difficultés à imposer une image de pureté humanitaire dans l'esprit de certains.

Ne rêvez pas !
Tsahal ne lui a pas donné le nounours...
Mais comme il ne cachait pas d'armes, il a été épargné.

dimanche 18 janvier 2009

Le jeune homme au canotier




En entendant parler des manifestations de soutien à l'intervention militaire de l'état israélien dans la bande de Gaza, j'ai songé à cette photographie très célèbre d'un jeune homme étasunien manifestant son soutien à l'intervention de l'armée américaine au Viet-Nam.

Cette photographie a été prise par Diane Arbus (1923-1971).

Le jeune homme au canotier

Les portraits composés par Diane Arbus exercent sur moi une fascination qui défie tout commentaire...

Un jeune couple.

Peut-être l'origine de cette fascination tient-elle du génie qu'a Diane Arbus de saisir toute la fragilité, voire toute la médiocrité, de ses modèles tout en les encourageant à poser tels qu'ils voudraient qu'on les perçoive.

Disant cela, je ne dis pas grand chose.

Il vaut mieux aller regarder ses images sur le site Photography Now.

Enfant jouant avec une grenade factice.

On peut jusqu'au 8 février aller voir les photographies de Diane Arbus sur les supports où elles ont été publiées dans les magazines. Cette exposition est visible à la Kadist Art Foundation, 19 bis-21 rue des Trois-Frères. Paris 18.


samedi 17 janvier 2009

Reconversion d'Eric Besson



Malgré les efforts surhumains que je fournis quotidiennement pour atteindre cet objectif, je n'arrive pas à adopter avec tous mes congénères cette attitude que l'on peut nommer "neutralité bienveillante". Je suis parfois bloqué dans mes progrès par la personnalité même du congénère considéré...

Prenons, à titre d'exemple, et presque au hasard, le cas de monsieur Eric Besson. Il réduit littéralement à néant tous mes efforts. Et j'en suis fort affecté.

Sa personnalité taillée façon veste retournée me ferait presque apprécier le genre costard mal tourné de son désormais ami monsieur Sarkozy...

(J'exagère peut-être un peu)

Petit jeu: parmi ces jetons, il en a un qui est faux, lequel ?
(Il n'y a rien à gagner, vous connaissez l'état des caisses.)

Le 10 janvier 2007, le parti socialiste publiait un rapport intitulé L'inquiétante ""rupture tranquille" de M. Sarkozy, dont le maître d'oeuvre était monsieur Eric Besson, qui s'était réservé la signature de la préface. La lecture de cette préface vous montrera quelles étaient alors ses fortes convictions, assaisonnées d'une bonne giclée de vinaigre polémique.

C'est Caroline Laurent qui signe la deuxième section de ce rapport, qui aborde le sujet "Nicolas Sarkozy ou le sécuritaire dangereux et inefficace", et c'est dans cette section que l'on peut lire les critiques contre la politique d'immigration choisie, dont vous pouvez lire une recension sur le site du NouvelObs et des morceaux choisis sur le blog de Catherine Coroller.

Formellement donc, on ne peut attribuer à la plume de monsieur Besson les critiques, souvent lucides, de la politique sarkozienne en matière d'immigration, mais on peut supposer que le consciencieux nouveau ministre des expulsions a relu avec soin ce qu'il a préfacé avec tant de fougue.

Monsieur Besson déjà au travail
(au cours d'une de ses deux "visites symboliques" du 16 janvier).

Que fera monsieur Besson quand il sera informé de la situation de madame Guilene Nkagosso, épouse Menghat, habitante de Joué-Lès-Tours, dans l'Indre-et-Loire.

Actuellement, et depuis juillet dernier, elle ne peut plus rentrer sur le territoire français. A la suite d'un voyage au Maroc pour raison familiale, elle n'a pu passer les contrôles aux frontières, les autorités françaises ayant estimé que son passeport congolais était falsifié.

Elle est donc réexpédiée au Maroc, où elle n'a plus le droit de séjourner. On l'arrête et la condamne. à un mois de prison ferme (qu'elle effectue) et deux mois avec sursis. Elle était enceinte, elle perd son bébé et tombe malade.

La semaine dernière, elle tente de revenir pour rejoindre son mari et ses enfants. Elle est à nouveau arrêtée à la frontière et on la menace à nouveau de la réexpédier au Maroc (où elle serait emprisonnée à nouveau, mais plus longtemps, car en récidive...)

D'après un courriel reçu de RESF:

Son mari et ses 5 enfants vivent et sont scolarisés à Joué. Son mari est arrivé en France en 2001, il a un titre de séjour et a un travail régulier. Elle l'a rejoint en avril 2004, et ses deux derniers enfants sont nés en France. Elle travaillait en CDI jusqu'au mois de juillet, emploi qu'elle a bien sûr perdu en raison de son absence. Comble de l'absurde, la préfecture d'Indre-et-Loire lui a signifié par courrier pendant son absence qu'elle pouvait venir chercher son nouveau titre de séjour.

Ce même courriel, daté d'hier soir, précise ceci:

Elle a été transférée ce soir dans un hôpital en raison de son état de santé. Si on n'intervient pas, elle risque d'être très rapidement, dès demain, réexpédiée vers les prisons marocaines…

Vous trouverez les adresses où vous adresser pour faire réagir les services de notre nouveau ministre sur le site des amis de RESF, sous le titre Une dangereuse histoire de fous.