Qu'il serait exaltant, ne trouvez-vous pas, de pouvoir vivre en vrai les grands moments de l'histoire du monde, qui se déroulent si loin de nos humbles masures! Que j'ai de regrets de n'avoir pu unir mon émotion à l'émotion de la foule assemblée, de n'avoir pu mêler ma ferveur à la ferveur du peuple exalté!
Oui, décidément, j'aurais aimé être présent à l'Assemblée Nationale, lorsque le groupe des député(e)s socialiste a entonné sans répétitions, a cappella et tout de go, une vibrante Marseillaise dirigée de main de maître par Jean-Marc Ayrault, assisté de Laurent Fabius et Henri Emmanuelli, avant de quitter l'hémicycle, comme un seul homme, chacun se drapant dans ce qui lui restait de dignité. Ce reste n'est pas considérable, juste de quoi recouvrir à grand peine les pudenda de chacun, mais le geste est beau, noble et digne, en un mot: romain.
Car on sent bien que cette révolte de l'opposition se nourrit de grandeur, et la grandeur en République est toujours un peu romaine.
Attention! cette illustration est une escroquerie:
C'est une photo du Sénat romain, et non de l'Assemblée Nationale.
C'est une photo du Sénat romain, et non de l'Assemblée Nationale.
Cette sortie musicale du groupe socialiste a été provoquée par, semble-t-il, une prise de conscience que, dans une adresse à monsieur Roger Karoutchi, monsieur Jean-Marc Ayrault, très en verve, a bien résumée:
"Vous vous êtes foutus de notre gueule."
L'article de LeMonde.fr ne dit pas si monsieur Karoutchi a démenti.
Pour préciser davantage les choses, monsieur Arnaud Montebourg dénonce dans un communiqué "la dérive autoritaire du régime".
Encore un effort, et les socialistes, qui comprennent vite (on sent bien que, chez eux, ça pense sans frein à main), descendront dans la rue avec les défenseurs des libertés...
On peut supposer qu'il y aura assez peu d'élu(e)s du groupe socialiste pour la première rencontre des 96 heures qui déraillent, qui se tiendra à L'Echangeur, à Bagnolet, de 20h à 24h. C'est dommage, cela leur aurait fait une petite sortie, et peut-être cela leur aurait-il ouvert des horizons. Pour ceux qui seraient rentrés dans leur lugubre province, ce ne sont pas non plus les occasions qui manquent, il suffit de consulter la liste donnée par le site des comités de soutien aux inculpés du 11 novembre, et aux autres.
Car cette "dérive autoritaire" que messieurs et dames les député(e)s ressentent à la suite d'un foutage de gueule d'anthologie de la part du groupe UMP et de la part du président de l'Assemblée Nationale, monsieur Bernard Accoyer, d'autres la vivent de façon plus directe et nettement moins protégée que messieurs/dames les parlementaires.
Vous en trouverez quelques exemples, parmi d'autres, en suivant les liens qui suivent.
Une paire de menottes peut être, m'a-t-on dit, support de délicieux fantasmes...
Je dois être bien "coincé", comme on disait de mon temps...
Je m'intéresse davantage aux fantasmes auxquels s'accroche le pouvoir, sans chercher à faire de la psycho-politique à deux eurocentimes mais en y voyant les symptômes évidents de la maladie qui fait toussoter nos députés d'opposition.
Ces symptômes, on les trouve clairement exposés dans un "point de vue" publié par le journal Le Monde, et signé de Gabrielle Hallez, mise en examen dans l'affaire de Tarnac. Il est intitulé Tarnac ou les fantasmes du pouvoir.
C'est un texte, réfléchi, écrit et maitrisé, qui dépasse le simple témoignage sur les conditions de l'arrestation, de la perquisition, de la garde à vue et de l'emprisonnement qui ont été vécus par jeune femme vivant hors-norme. C'est aussi, et surtout, un début d'analyse de ce qui se fantasme, mélangé à une certaine crainte, en haut lieu de pouvoir.
Je ne vous cite que la conclusion:
Finalement, la prison est peut-être en passe de devenir un des rares lieux où s'opère la jonction tant redoutée par M. Sarkozy : "S'il y avait une connexion entre les étudiants et les banlieues, tout serait possible. Y compris une explosion généralisée et une fin de quinquennat épouvantable", avait-il dit en 2006.
Monsieur Sarkozy a dû oublier...
6 commentaires:
Le Guide, qui a sans l'ombre d'un doute le sens de la formule, a quant à lui bien résumé la situation : « J'écoute, mais je tiens pas compte. ».
C'était hier et c'est honteusement hors contexte, m'enfin c'est assez symptomatique d'une certaine vision de la démocratie (en minuscules), non ?
Bises et bonne soirée.
Hors contexte, non en ce qui concerne ce qui se passe à l'Assemblée où les UMPistes aimeraient n'avoir pas à écouter trop longtemps avant de ne tenir compte d'aucun avis...
Bises et bonne soirée itou.
Les prisons nouveaux lieux de jonction de ceux qui bougent écrit fort intelligemment Gabrielle Hallez . Laissez -moi espérer qu'ils s'en trouvent d'autres plus conviviaux ou le monde peut être fait et refait .Faut-il encore ne pas louper les RDV.Merci à vous et à votre blog de les rappeler. L'affaire de Tarnac a mis en lumière, je pense ,des jeunes de grande valeur.C'est réconfortant .
Je ne donne pas tous les rendez-vous... mais quelques uns.
"Encore un effort, et les socialistes, qui comprennent vite (on sent bien que, chez eux, ça pense sans frein à main), descendront dans la rue avec les défenseurs des libertés..."
Quelle horreur… S'il faut défiler avec les socialos, je reste chez moi et je regarde le cortège à la télé. Non mais !
Dommage pour toi, ça risque d'être un grand moment. Et puis, ils chantent bien (quoique sur l'Internationale, sans répétitions, je me mets à douter).
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