D'une rare prudence, j'ai passé ce ouiquende post-caniculaire à l'ombre des vastes frondaisons du vaste parc de la ma vaste propriété normande, à lire ce qui est accessible en français des écrits d'Alejandra Pizarnik*.
Cela indique assez les limites de ma vaste prudence.
A s'exposer au rayonnement de ce soleil noir, on risque de rester sans voix.
Pour Janis Joplin
(fragment)
(fragment)
à chanter doux et à mourir après.
non:
à aboyer.
de même que dort la gitane de Rousseau.
de même tu chantes, plus les leçons de terreur.
il faut pleurer jusqu'à se briser
pour créer ou dire une petite chanson,
tant crier pour couvrir les cavités de l'absence,
toi tu fis cela, moi cela.
je me demande si cela n'aggrava pas l'erreur.
tu as bien fait de mourir.
c'est pourquoi je te parle,
c'est pourquoi je me confie à une enfant monstre.
1972
(traduction de Silvia Baron Supervielle)
A Janis Joplin (fragmento)
a cantar dulce y a morirse luego.
no:
a ladrar.
Así como duerme la gitana de Rousseau,
así cantás, más las lecciones de terror.
hay que llorar hasta romperse
para crear o decir una pequeña canción,
gritar tanto para cubrir los agujeros de la ausencia
eso hiciste vos, eso yo.
Me pregunto si eso no aumentó el error.
hiciste bien en morir,
por eso te hablo,
por eso me confío a una niña monstruo.
* Assavoir:
Œuvre poétique, dans la traduction de Silvia Baron Supervielle et Claude Couffion, chez Actes Sud, 2005.
Journaux, 1959-1971, dans la traduction d'Anne Picard, chez José Corti, 2010.
2 commentaires:
J'aime ta vigilance poêtique.
Pas la première fois qu'elle se manifeste,
précieuse au centuple à l'homme qui sait qu'il ne sait presque plus lire.
Alejandra Pizarnik aurait mérité que je m'y attarde davantage...
Un autre jour, peut-être, car lire ou écrire, il faut choisir.
Enregistrer un commentaire