jeudi 29 juillet 2010

Et voilà le travail

D'un naturel relativement courtois sous mes allures revêches, j'avais l'habitude, jusqu'à une époque assez récente, de m'enquérir avec politesse des raisons pour lesquelles un cordon de CRS, ou de gardes mobiles, m'interdisait tel ou tel passage... J'avais pris également l'habitude de ne recevoir qu'une réponse assez laconique faisant allusion aux ordres reçus, et, dans les cas de prolixité extrême, à la nécessité où était placé mon interlocuteur de "faire son travail". J'ai souvent été tenté d'amorcer alors un dialogue socratique serré tournant autour de cette notion de "travail", mais je n'en ai jamais eu le loisir: comme vous le diront toutes les sage-femmes, la maïeutique, ça demande du temps...

Cette habitude a fini par me passer.

Et je me demande si elle me reprendra un jour...

Tout courtois que je sois...

Car, après quelques autres, bien peu reluisantes, ces images-là ne passent pas:


La vidéo dont sont extraites ces images permet de les replacer dans le "contexte".



Cette vidéo a été mise en ligne le 27 juillet par Mediapart, avec ce seul commentaire:

En bas de la tour Balzac, dont ils ont été expulsés, des familles, des femmes et des enfants sans logement sont évacués par des CRS.

Elle a été reprise le jour même par Christine sur le blog des Suiveurs, où je l'ai découverte, puis, le lendemain, par Libération, qui donne quelques précisions sur les circonstances.

Je pense que mes courtois interlocuteurs, une fois écartée la question inessentielle de la légitimité de cette évacuation ignoble, pourraient laisser entendre que souvent leur "travail" consiste à faire le sale boulot.

Aurais-je toujours la liberté de leur dire, de la part de cette femme trainée au sol et de la part du bébé qu'elle portait dans son dos, que, si l'on accepte de faire le "sale boulot", on peut au moins essayer de le faire proprement ?

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