Il y a vraiment lieu de s'inquiéter pour la santé de notre sympathique et pathétique Émile Zola(1) sarkoziste.
Pourra-t-il, malgré la très symbolique "pause estivale" qui commence, résister au surmenage ?
Le très fidèle lefigaro.fr nous rapporte intégralement la synthèse que l'AFP a tenté de faire du "dernier point-presse hebdomadaire" de monsieur Frédéric Lefèbvre. Cette tentative n'a guère abouti, si l'on en juge par le répétitif paragraphe d'ouverture:
Les problèmes de sécurité "ne se règleront pas avec des colloques" et on n'a "pas besoin de colloques mais d'action", a déclaré aujourd'hui le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre, en réponse au Parti socialiste qui réclame un "Grenelle de la sécurité". "La question de la sécurité ne se règlera pas avec des colloques" et "la place n'est pas au colloque", mais "à l'action", a-t-il estimé lors du dernier point-presse hebdomadaire avant la pause estivale.
Si vous n'avez pas compris que monsieur Frédéric Lefebvre ne veut pas entendre parler de colloques, vous n'avez presque rien perdu: c'est répété un peu plus loin.
"Malheureusement au Parti socialiste c'est toujours la même chose. Quand il y a des questions de sécurité graves on veut un nouveau colloque."
"Je sais le mal qu'ont pu faire ces colloques pour essayer de déterminer s'il y avait un sentiment d'insécurité ou une vraie insécurité."
"Tous les républicains devraient être au côté du ministre de l'intérieur (Brice Hortefeux) pour le soutenir dans son combat plutôt que de proposer je ne sais quel colloque pour amuser la galerie."
On est au moins rassuré sur la bonne tenue de l'estomac de monsieur Lefèbvre. Lui qui, dans son immortel "J'accuse"(1), proclame que "le déferlement populiste qui s’abat sur notre pays [lui] donne la nausée", semble bien s'accommoder de la cuisine nauséabonde de l'anti-intellectualisme.
Alors que l'intervention du porte-parole de l'UMP semble poussive et, peu inspirée, peine à trouver la formule-choc qui la propulserait à la Une, l'entretien que monsieur Brice Hortefeux a accordé à monsieur Christophe Cornevin, de lefigaro.fr, est brillant et inventif, et il regorge de véritables bonheurs d'expression(2) que le terne monsieur Lefèbvre doit envier à son camarade de parti - et néanmoins ministre, lui...
Monsieur le ministre de l'Intérieur avait probablement préparé sa formule-choc, qu'il dégaine, si l'on ose cette expression, pour clore en beauté cette agréable causerie:
"Mon message est clair : dans notre pays, il n'y a pas d'avenir pour les délinquants."
Les options sécuritaires et répressives de monsieur Brice Hortefeux sont bien affirmées en général, et on le voit les réaffirmer avec conviction et sans "aucun complexe". Balayant les critiques, il se livre à un plaidoyer pro domo assez complet. Ses admirateurs/trices s'y reporteront.
Cependant, quelques points ont attiré mon attention flottante...
D'abord cette nouvelle ruse de sioux de nos valeureux enquêteurs:
"(...) nous allons systématiser la saisie des véhicules de luxe acquis avec de l'argent sale."
Ces véhicules sont facilement identifiables:
"Quand on recense 350 Ferrari en Seine-Saint-Denis, on est en droit de se poser quelques questions."
L'indispensable spécialiste des questions de sécurité qu'est monsieur Christophe Cornevin avait déjà donné aux lecteurs de lefigaro.fr quelques indications sur cette stratégie imparable. Cependant, il aurait pu illustrer utilement son entretien avec le ministre en demandant à l'infographiste du Figaro de nous fabriquer une belle carte des départements français, indiquant, non les chiffres bruts, mais le nombre de Ferrari rapporté au nombre d'habitants. Ça nous aurait fait rêver un peu...
("Range Rover noir, jantes chromées et intérieur en daim beige",
exposé dans la cour du ministère de l'Intérieur, le 6 juillet 2010.)
Bien obligé de faire son métier, le dévoué journaliste lance:
À Grenoble comme à Saint-Aignan, les forces de l'ordre sont critiquées, accusées de «bavure».
Ce n'est pas une question, mais monsieur Hortefeux accepte de répondre:
Je suis scandalisé des déclarations de certains à l'égard de la police. Ils oublient une réalité. Dans les deux cas, les personnes décédées étaient des délinquants connus. Le premier, à Grenoble, avait été condamné trois fois, venait de braquer un casino, portait un gilet pare-balles et disposait d'un pistolet-mitrailleur. Le second, dans le Loir-et-Cher, affichait le triste palmarès d'une vingtaine de procédures à son encontre. Policiers et gendarmes n'ont fait que riposter à des agressions qui auraient pu être mortelles. Je les soutiens sans réserve. Attention à ne pas inverser les rôles et les responsabilités !
Tout comme monsieur Frédéric Lefèbvre juge nocif de tenter d'établir, avant d'agir, une distinction entre le "sentiment d'insécurité" et la "vraie insécurité", il semble que monsieur Brice Hortefeux juge superflu de s'interroger sur la différence entre la situation de légitime défense et le sentiment de s'y trouver. Cette question, qui devrait se poser à chaque mort d'homme, parait superflue devant cette "réalité": "les personnes décédées étaient des délinquants connus" et, par conséquent, ou par nature peut-être, impliqués dans "des agressions qui auraient pu être mortelles."
Son "soutien sans réserves" à ces "ripostes" qui, elles, ont été réellement "mortelles", sera probablement lu et entendu avec un grand soulagement par ceux que cela veut justement soulager...
La déclaration de monsieur Nicolas Sarkozy, qui annonce la nomination d'un "policier de métier", un vrai de vrai, au poste de Préfet de l'Isère, est sans ambiguïté:
"C'est une véritable guerre que nous allons livrer aux trafiquants et aux délinquants. "
On peut caractériser de différentes manières l'état de guerre, mais le petit soldat, lui, a tendance à se trouver toujours en état de légitime défense...
(1) On peut encore se délecter de la lecture de son "J'accuse", revisité à la sauce au fiel UMP-iste, sur le site de francesoir.fr. On accompagnera ce pensum de l'indispensable antidote: la réponse que monsieur Emile Zola a confiée au média qui monte... non, pas Mediapart, mais Article XI.
(2) A propos des fameux "colloques" qui irritent tant monsieur Lefèbvre, voici ce que déclare monsieur Hortefeux:
J'ai entendu à Grenoble que les socialistes souhaitaient un «Grenelle de la sécurité». Moi, je veux surtout un Grenoble sécurisé. (...) je le dis clairement: nous n'avons pas besoin de «grenelliser» une nouvelle fois, nous n'avons pas besoin de colloques, mais d'action, de fermeté et de résultats sur le terrain.
Un ministre de l'Intérieur qui vous fait des "ne pas confondre" approximatifs, c'est vraiment la classe !
4 commentaires:
et peste, mon commentaire s'est perdu!
donc, je disais qu'il me semble voir dans le regard du sieur lefèvre comme une lueur bovine, et qu'il doit avoir aussi le cul coincé sur une fourmillière (des rouges, évidemment!)
bon, ce n'est pas le fond du billet, mais le fond on le touche tellement que nous sommes cernés par les raclures.RAh!la bonne odeur de lisier estampillé ump.
Guy, Issy début années 70 ça dit qquechose?
Cdlmt
Il est très photogénique monsieur Frédéric, et il en profite: on ne regarde que lui, et il en profite pour bafouiller n'importe quoi.
(Issy ? Ça ne me dit rien...)
On s'est fait piquer notre caisse il y a trois mois et on a naïvement cru qu'il s'agissait d'un vol. Grâce à Lefèbvre (et à sa nouvelle coupe de cheveux, so trendy), tout s'éclaire : c'était juste la discrète saisie d'un véhicule sale (très sale, même) acquis avec de l'argent de luxe. Ouf…
"... non, pas Mediapart, mais Article XI"
:-)
(Et même que Plénel nous a tout piqué, bourdel)
Tu sais que vous pourriez peut-être retrouver votre quatrelle carrossée en Ferrari pas propre dans la cour de la place Beauvau...
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