mercredi 7 juillet 2010

Les contes de la rue Percière

Véronique Nzié est née en France et a passé son enfance au Cameroun. Elle vit maintenant à Rouen, où elle est une animatrice culturelle qui se présente comme conteuse professionnelle.

C'est un drôle de métier, qui lui va bien.

Car il faut dire, même si sa modestie doit en souffrir, qu'elle est une digne héritière de ces "diplômé[s] de la grande université de la Parole enseignée à l’ombre des baobabs", pour reprendre l'expression* d'Amadou Hampâté Bâ - qui a tant travaillé à défendre et illustrer les traditions orales de l'Afrique subsaharienne.

Baobab de salon pour amateur petitement logé.

Les baobabs sont assez rares au voisinage de la librairie Polis, où Véronique Nzié devait animer, le 29 juin, une soirée dans le prolongement de l'exposition des photos de W. et D. Cordier sur les foyers africains de Rouen. Et la librairie semblait un peu trop petite pour accueillir tous les auditeurs... C'est donc sous le porche de la galerie Saint Cyr, de l'autre côté de la rue, que la conteuse et son public se sont installés.

Véronique Nzié avait choisi de se mettre "dans la peau" d'une grand-mère racontant à ses petits-enfants un bout de sa vie et de celle de ce fameux grand-père vivant en France qu'ils voient si peu quand il revient au pays. Sans se départir d'un ton enjoué, mais sans non plus tomber dans la caricature, elle se glisse dans les pensées de cette femme, exprime ses rêves, ses attentes, ses illusions, ses jalousies, ses déceptions, ses désillusions. Elle aborde, avec tact et discrétion, des choses qui ne sont pas si faciles à vivre, et qui sont pourtant vécues dans la dignité par des milliers et des milliers de femmes et d'hommes en Afrique et ici...

Véronique Nzié, au Colloque sur le droit de l'enfant,
organisé à Rouen par DEI-France en novembre 2007.

Très rapidement s'établit entre la conteuse et ses auditeurs une forte connivence. Elle suscite leurs interventions dans des échanges qui scandent son récit. Elle n'hésite pas à les relancer ou les blaguer pour un "cocorico" poussif ou une réponse trop tardive. Elle les fait chanter, et serait bien capable de les faire danser si le cadre s'y prêtait...

Les sourires s'épanouissent, les signes d'approbation se multiplient...

Au-delà du plaisir que l'on prend à écouter les contes et leurs variations, s'installe, de manière perceptibles, le plaisir d'être ici, et ensemble.

Rester ici et ensemble, c'est la volonté que les résidents des foyers et leurs amis opposent aux projets de "déménagement" qui se font jour.

On en a aussi parlé le mardi 29 juin, et on en reparlera sûrement le samedi 10 juillet (18h), à la dernière soirée organisée à la Librairie Polis, 21 rue Percière, à Rouen.

Véronique Nzié y présentera des récits de vie, recueillis auprès des résidents.



* Cette référence m'a été rappelée par le texte de présentation de l'émission Reines d'Afrique, sur RFI, où Kidi Bebey avait invité Véronique Nzié, en octobre 2008.

Pour écouter cette émission, voici le lien de la première partie, et celui de la seconde partie (où l'on peut entendre Véronique Nzié dire le conte de l'oiseau presque libre).

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