Il y a une cohérence certaine à maintenir la tenue d'une manifestation en cas de refus d'autorisation de la Préfecture de Police.
Il y aurait même une certaine cohérence à ne pas demander d'autorisation.
J'ignore si les collectifs qui appelaient à la manifestation qui devait se tenir aux alentours du métro Barbès, hier, avaient adressé à monsieur le préfet de police un courrier où ils sollicitaient de sa très haute bienveillance l'autorisation de faire respectueusement état de leur désaccord avec la politique répressive du pouvoir et de faire poliment la démonstration de leur soutien aux actuel(le)s inculpé(e)s et/ou incarcéré(e)s en application de cette politique...
Toujours est-il que les forces dites de l'ordre ont procédé à un bouclage en règle du quartier, en utilisant la technique qui est celle qu'il faut utiliser pour faire une rafle, et ont arrêté une centaine de personnes, manifestants et badauds confondus.
telle qu'on peut la trouver sur Le Jura Libertaire.
Pour trouver des informations sur cette opération de basse police, il ne faut pas trop compter sur les grands médias. Seul le NouvelObs-point-comme a publié un article, hier, vers 18h. On peut y lire:
Peu de temps après son arrivée, le groupe, qui comptait environ cent à deux cent personnes, selon la police et des participants, s'est retrouvé face à un cordon de CRS tandis qu'il avançait boulevard Barbès. Il lui fut impossible de faire demi-tour, les forces de l'ordre étant déjà présentes de l'autre coté. Les arrestations commencèrent très rapidement.
"La plupart de ceux qui étaient dans le cortège de départ se sont fait embarquer, environ une centaine de personnes" estime un manifestant. Contactée par nouvelobs.com, la préfecture de police confirme la tenue de l'opération et estime elle aussi le nombre d'interpellations à une centaine. "Il s'agissait d'une manifestation non déclarée de la mouvance contestataire. Ils n'avaient pas le droit de se rassembler. Les policiers ont appelé à la dispersion mais les manifestants n'ont pas obéit" nous explique le service de presse de la préfecture. "Je n'ai pas entendu d'ordre de dispersion. De toute façon, c'était impossible, nous étions bloqués entre deux cordons de CRS, le métro (aérien ndlr) et les immeubles" témoigne une participante.
(...)
La préfecture a assuré à nouvelobs.com qu'il ne s'agissait pas d'une opération policière particulière: "C'était un dispositif adéquat, normal pour répondre au refus de dispersion d'une manifestation non déclarée".
Cet article, signé C. R., a pour lui de citer la version des autorités et celle des participants; ce qui n'est pas si fréquent.
Et puis, il m'aura conduit, en mon for intérieur, à tenter d'imaginer à quoi ressemblent les attaché(e)s de presse de la préfecture: je les vois bien pimpant(e)s, pimpant(e)s, pimpant(e)s...
Hier soir, Rue89 mettra en ligne, après 20h, une courte vidéo et un article qui ajoutera à ce que l'on savait le témoignage d'une habitante du quartier:
Elle rapporte avoir comptabilisé pas moins de huit fourgonnettes et deux bus de police: "Il y avait surtout des jeunes, entre 18 et 25 ans, ils ont été très vite embarqués par la police. Je n'avais jamais vu ça. Toute la rue était bloquée. J'ai parlé à quelques manifestants. Ils étaient assez agressifs."
C'est peut-être très intéressant, mais parfois je me demande ce que l'on est capable de faire, à Rue89, à part poster des vidéos reçues par courrier électronique et recueillir deux ou trois mots par téléphone... Personne n'a de vélo, chez eux ?
C'est pourtant bon de prendre l'air à Barbès,
c'est tout parfumé aux lacrymogènes proportionnés.
(C'est encore une photo du Jura Libertaire)
c'est tout parfumé aux lacrymogènes proportionnés.
(C'est encore une photo du Jura Libertaire)
Pour trouver d'autres informations, notamment sur la suite des interpellations, il faut aller à la pêche dans les commentaires de Rue89 (avec une pince à linge sur le nez... parfois) ou se rendre sur les trois articles de Bellaciao (là, là et là).
Comme d'habitude, le Jura Libertaire donne le maximum de renseignements, comme ce témoignage des suites de la mise en place d'un "dispositif adéquat" (au sens de la préfecture de police):
La manif a, sans sommations, été prise dans une nasse policière, les uns ont été libérés sur place (60 personnes environ), les autres (80 environ) après une vérification d’identité à la durée illégale (4 heures 30) dans le cadre d’une procédure dénommée par les policiers «audition libre» (sic ! le terme, usurpé, doit s’appliquer aux réponses volontaires à convocations) et des menaces de garde à vue (pour «manif interdite») suite à des désignations par une policière physionomiste (en uniforme), cela se passait au commissariat du XIe, passage Charles Dallery (face au Centre d’action sociale).
Les retardataires arrivés à Barbès étaient hors nasse, il y a eu quelques courses poursuites et là aussi des arrestations, par la BAC cette fois.
Il reste des gardés à vue (neuf ?), qui seraient accusés d’«organisation ou participation à manifestation armée».
A priori, des avocats vont être désignés pour d’éventuelles comparutions immédiates lundi.
Diffusé par Infozone (Liste d’information pour la France sauvage), 24 janvier 2009 (23h14)
C'est vrai que ça sent le lacrymo, mais pas que... il y a autre chose...
En tout cas, je m'engage solennellement à ne plus jamais répondre aux semi-sourires des voluptueuses fliquettes qui, dans la rue, me fixent, comme hypnotisées par mon charme poivre et sel: ce sont sans doute des physionomistes de la police.
Ajout du 26/01/09:
On a pu apprendre que 7 ou 8 personnes ont été déférés au substitut du procureur, ont passé la nuit au dépôt et vont comparaître aujourd'hui lundi à 13H30 devant la 23e ou la 22e chambre correctionnelle du TGI au Palais de justice (M° Cité). Ils seraient accusés d' "attroupement armé"...
Lors de cette audience, ils devraient refuser de comparaître et obtenir un délai afin, comme la loi l'autorise, de préparer leur défense. Le risque de mise en détention provisoire n'est pas exclu...
D'autres personnes arrêtées sont libres, mais auraient reçu une convocation au tribunal pour le 6 mai.
15 commentaires:
"je m'engage solennellement à ne plus jamais répondre aux semi-sourires des voluptueuses fliquettes "
T'es sûr que tu arriveras à résister ? :-)
Je risque de me mettre à dos le "collectif femmes", mais ça n'aurait rien d'héroïque...
Il y avait une émission forte intéressante sur France culture hier pour dénoncer le flou de la loi sur la lutte contre le terrorisme, flou qui permet d'incarcérer n'importe qui dans la mesure ou son action trouble l'ordre publique . Ne plus répondre aux semi-sourires des fliquettes me semble une décision très sage de votre part car en y répondant vous rentriez dans une action de déstabilisation des forces supposées maintenir l'ordre . Votre décision est héroïque !
"action de déstabilisation des forces supposées maintenir l'ordre": je n'y avais pas pensé...
Merci de me prévenir. Je l'ai échappé belle!
Monsieur j'ai fait une mauvaise manip , je ne publie jamais de manière anonyme , toutes mes excuses .Marianne 68
Ce n'est pas grave... (il faut dire que poster des commentaires sur blogger demande parfois de l'héroïsme!)
"Je risque de me mettre à dos le 'collectif femmes'"
Ouhlà… Faut te méfier, les féministes dégainent sec en ce moment sur la blogoboule (cf les prises à partie de Jean-Pierre Martin ou CSP)…
Brrr...
Ben, la manif elle était interdite alors le préfet il en a profité pour entrainer ses troupes, gonfler les fichiers, se signaler à la prochaine promotion-nonosse et finir de terroriser les tièdes qui se félicitent sur l'air de "j'ai bien fait de rester devant le matchalatélé". Bien joué M.Papon!
Il y a aussi du Marcellin chez ce préfet-là.
Viserait-il la place Beauvau ?
En tous cas c'est une belle vache!
Je me permets de faire suivre un témoignage sur cette histoire, celui de Gilles, avec qui je fais de la musique et que nous attendions samedi soir pour un concert où il n'est jamais venu.
Le cortège n’a pas eu le temps d’amorcer la moindre marche qu’il était déjà cerné par les CRS et bombardé de gaz lacrymogènes. Une centaine de manifestants (et de passants !) ont été arrêtés et conduits au commissariat du 13e pour rassemblement non déclaré et refus de se disperser. Mais, selon de nombreux témoignages, l’ordre de dispersion n’a jamais été donné et les cordons de flics empêchaient quiconque de partir. Une employée du métro a ouvert les grilles pour permettre aux gens d’évacuer, mais elle a été elle-même gazée à grand renfort de bombe lacrymo.
Gilles est arrivé sur place après que le cordon de CRS a été déployé. Il a observé la scène avec de nombreux autres manifestants et riverains qui criaient leur désapprobation face à l’abus de pouvoir et la violence policiers. Les forces de l’ordre se sont rapidement retournées contre ces spectateurs indésirables en essayant de les cerner à leur tour. Des commerçants (qui sont généralement prompts à baisser leur grille lors des manifestations) ont relevé leurs grilles, épouvantés par tant de violence, pour permettre aux militants de se réfugier dans leur boutique.
Gilles a été arrêté et emmené avec sept autres personnes au commissariat de Riquet. Ils sont accusés de violences sur agents dépositaires de la force publique, rébellion, dégradations, attroupement en bande armée. Un autre groupe de sept personnes conduites au Central 13 est accusé d’avoir refusé de se disperser suite à des sommations policières et est convoqué au tribunal le 6 mai. Les autres personnes retenues dans le 13e ont été relâchées.
Trois policiers ont témoigné avoir vu Gilles lancer une canette sur les forces de l’ordre. Ils l’ont décrit très précisément avec les vêtements qu’il portait… en cellule ! Mais lors de la manif (rappelons que nous sommes en janvier), Gilles portait manteau, casquette, foulard et sac ! De plus Gilles n’a absolument rien lancé (il devait jouer sur scène le soir même, il n’est pas irresponsable), son seul tord était d’être là. Il y a fort à parier que les charges pesant contre les autres reposent également sur de grossiers faux témoignages de représentants de la loi cherchant à justifier la violence de leur intervention.
Une autre personne arrêtée a dû subir durant une vingtaine de minutes les coups que quatre policiers lui donnaient à tour de rôle. Ces coups lui ont occasionné une perforation du tympan. Pour justifier une fois de plus leurs actes et couvrir leur bavure, les policiers ont isolé cette personne du reste du groupe et l’ont conduite devant le tribunal bien après les autres, cherchant des éléments pour le charger et essayant de le faire passer pour un gros poisson.
Gilles et les sept autres ont comparu devant le Tribunal de Grande Instance lundi après-midi. Il y a mise en examen, mais heureusement aucune détention provisoire. Le procès aura lieu début mars. Il faudra être nombreux au rendez-vous.
Merci pour ce complément d'information.
L'adéquation du dispositif m'aura au moins permis de découvrir un blog bien documenté et bien écrit. Merci.
C'est trop gentil...
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