jeudi 1 janvier 2009

Quelques révélations sur mon silence

Mine de rien, cela fait presque une semaine que j'ai mis mes lecteurs et trices au régime sec, en proposant des points de suspension dans l'indéterminé; ce qui assez inconfortable, il me semble.

Mais vous me pardonnerez probablement quand vous aurez appris à quel point j'ai souffert pendant tout ce temps où nous fûmes séparés.


Depuis quelques mois je ressentais une curieuse, mais insistante, petite douleur au coude droit. Fervent admirateur de Jean-Marc Sylvestre, je ne pouvait que penser à cette petite douleur qu'il ressentit jadis à l'épaule gauche et qui le conduisit à un horrifique combat d'homme à homme avec un staphylocoque à tête dorée comme un parachute. On sait, mais je le rappelle pour mes lecteurs et trices en très bas-âge, qu'il sortit vainqueur de cette lutte, qu'il en tira un livre qu'il vendit assez bien, où il faisait un "plaidoyer lucide du système de santé français". J'ignore s'il a renié cette œuvre périssable.

Je parlai de ma petite douleur à moi avec mon médecin référent, c'est-à-dire le généraliste que j'ai déclaré à la Sécu comme mon médecin traitant, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Il souleva un sourcil et me fit l'injure de me demander si je faisais du sport.

Incroyable!

Je fus mortifié par cette question venant de quelqu'un qui, me soignant continûment depuis quinze ou seize ans, sait très bien que mon hypocondrie naturelle me pousse à être toujours malade et que je n'ai vraiment pas besoin de faire du sport pour cela.

Profitant de la rumeur donnant le titulaire en congé, je pris un rendez-vous avec le remplaçant. C'est de bonne guerre.

Je fus reçu par un charmant jeune homme, tout juste sorti de la faculté de médecine, où il devait avoir suivi une formation d'hôtesse d'accueil, tant il fit d'efforts pour me mettre à l'aise. C'est qu'il n'est pas toujours facile pour un homme de mon âge de se laisser tripoter les coudes par un jeune blanc-bec inconnu. Mais après m'avoir écouté patiemment, il me regarda d'un air fataliste pour me dire: "ben, faut regarder!"

Et il regarda, retroussant avec fermeté la manche de mon vêtement et se livrant à des palpations expertes. A la fin de l'examen, il appuya son index en un point qui irradia d'une douleur vive jusqu'à l'extrémité de mon membre. Il murmura entre ses dents et sa barbe naissante: "Peut-être même une petite déchirure, là."

Je n'avais rien contre.

Retour à son bureau, il m'expliqua que je souffrais d'une "tendinite du joueur de golf", ou d'une épitrochléite, aggravée d'une petite déchirure tendineuse et/ou musculaire.

Troubles musculosquelettiques du coude.
(Avec ça, vous comprendrez mieux.)


Voyant à mon profil, car c'est surtout de profil que cela se voit, qu'il était inutile de me soupçonner de pratiquer le golf, il s'enquit avec discrétion de mes us, coutumes et habitus. Lorsque j'avouai être un blogueur zinfluent, son visage poupin s'éclaira et il m'expliqua que l'usage du dispositif de pointage communément appelé "souris" pouvait entrainer cette pathologie. Il crut bon d'ajouter que ces symptômes étaient néanmoins plus courants chez les jeunes adolescents que chez les vénérables messieurs de mon âge. Les jeunes, inexpérimentés, me dit-il, auraient une fâcheuse tendance à mettre leur pointeur n'importe où et dans n'importe quelle position acrobatique. Ces maladresses, qui les conduisent à des manipulations excessives, s'accompagnent souvent de pratiques quelque peu frénétiques...

Après m'avoir prescrit un certain nombre de crèmes, pommades et onguents, il m'interdit formellement toute pratique du blogue pendant deux semaines.

Deux semaines !

Pour moi qui n'ait aucune mémoire des dates, je pense que le compte est bon...

8 commentaires:

Anonyme a dit…

BONNE SANTÉ alors
Fais gaffe quand même.
J'ai eu la même chose pendant un trop long moment…
Prends soin de toi et utilise les flèches de déplacement … ou ton regard.

Guy M. a dit…

Oh mais, pour la prudence, comme tout bon normand, je ne crains personne...

Bonne santé à toi aussi.

myriam a dit…

Bonne santé, intrépide blogueur!
J'ai un autre truc, mais ça bouzille un peu le dos : le truc-tout-pourri qui remplace les souris sur les portables...
(enfin, c'est pas ça qui bouzille le dos)
Bienrevenue, et bonne année!

Guy M. a dit…

Ce sont les portables qui éreintent le dos, car il faut les porter, justement.

A moins d'avoir un porteur.

Bonne année à toi.

olive a dit…

À vendre :
- tendinite du joueur de tronçonneuse, bras droit (n'existe pas pour gaucher) — garantie : six mois ;

- tendinite du ramasseur de bûches d'arbres abattus à l'aide de la tendinite ci-dessus ; hanche gauche et droite disponibles — garantie : six mois ;

— migraines suicidaires cycliques, en lot, livrées montées ; garantie à vie. Rendement Mad Max Madoff garanti.

Ristourne pour les victimes d'anti-inflammatoires par voie orale ou de tendinite saxophonique.

Guy M. a dit…

Ce sont de véritables objets de collection, je pense que je n'aurais pas les moyens...

Anonyme a dit…

C'est carrément un accident du travail, là ! En tout cas, un bloging-elbow, ça en jette.

J'aimerais bien souffrir d'un mal aussi glorieux. Mais je n'ai qu'un profond coup de flemme à avancer pour justifier ma non-production de billets, ces derniers jours. C'est beaucoup moins classe, je trouve.

Guy M. a dit…

Rassure-toi, j'avais la flemme aussi, mais je n'en parle pas parce que, au fond, ce n'est pas désagréable.

Mais c'est plus dur à faire passer, du coup.