dimanche 22 mars 2009

Libertés printanières

Il y a un printemps pour tout, et aujourd'hui c'est donc le printemps des libertés qui vient couronner le bel effort du parti socialiste en faveur des libertés publiques et privées. Cette opération, qui devait durer une dizaine de jours, a été initiée par la mise à disposition de la presse et du public d'un livre noir des libertés, qui avait fait flip-flop-plouf... et a été sans doute suivie par un grand nombre de mobilisations printanières, aussi timides que les premières primevères...

J'ai coupé le programme.
Quand vous me lirez, il sera trop tard pour y aller.


Evidemment, il est trop facile d'ironiser sur les initiatives du parti socialiste, et de critiquer leur mise en œuvre.

C'est d'ailleurs une spécialité que monsieur Manuel Valls, social-réaliste de son état et député-maire de sa profession, manie avec une virtuosité déconcertante. Le grand art du crachat dans la soupe socialiste n'est pas perdu.

Son dernier billet, intitulé Printemps des libertés: préférer l'éthique à l'épique (sic), se consacre à une critique acerbe du livre noir La France en libertés surveillées.

Si j'entends bien monsieur Manuel Valls, il aurait fait cela autrement si on lui avait demandé de le faire.

Certes.

Et peut-être n'aurait-il rien fait, car il semble bien que pour monsieur Manuel Valls, tout n'aille pas si mal dans le moins mauvais des mondes possibles, mais que tout irait beaucoup mieux dans un monde virtuel où la gauche socialiste et réaliste aurait un programme suivant ses réalistes prescriptions.

Au lieu de constater les dérives et de les dénoncer, ce qui, selon lui, relève du "gauchisme infantile" ou de "l'anti-sarkozysme obsessionnel", il juge plus important de remettre en avant cet article basique du credo sécuritaire:

Oui, enfin, nous devons refuser le faux choix entre la liberté et la sécurité. Et c'est même précisément parce que la droite échoue à rétablir cette sécurité dans les quartiers populaires que nous devons rappeler – sans honte et sans faiblesse – qu'elle est l'une des premières libertés des citoyens qui y vivent.

La note de monsieur Valls est tour à tour drôle, ridicule ou pathétique.

Il ne lui manque même pas la référence intellectuelle gratuite:

A notre époque, les libertés individuelles sont menacées, hélas, par des dangers beaucoup plus pernicieux que par le retour de l'Usurpateur. Penser que « la société de surveillance » est ordonnée depuis un bureau du Palais de l'Elysée trahit une méconnaissance coupable de la complexité du phénomène. Depuis les analyses de Foucault et Deleuze, la gauche devrait savoir que les mécanismes de contrôle ont aujourd'hui essaimé dans tout l'espace public et qu'ils fonctionnent avec la participation – pour ne pas dire la complicité – de tous. (...)

Invoquer les analyses de Foucault sur la "société de surveillance" pour dire que "ah, ben, chers camarades, c'est plus complexes que vous ne croyez", combine assez bien, à mes yeux, le pathétique, le ridicule et la drôlerie involontaire d'un qui se la joue à l'intello (allant même jusqu'à nous parler de "défi de la postmodernité").

Il faudrait lui dire que la postmodernité a fait long feu depuis belle lurette... et qu'il devrait peut-être tenter sa chance avec la notion d'hypermodernité, qui est un peu moins kitsch.

Quoique.


Le plus beau des couteaux de poche: le laguiole.

Je laisse monsieur Valls à ses lectures pour lancer une invitation destinée aux parisiennes et parisiens, ou assimilé(e)s, qui se lèvent assez tôt.

Ce lundi 23 mars, à 9 heures, à la 29e chambre du TGI de Paris, sis, comme il se doit, au palais de justice de Paris, aura lieu le procès de cet inquiétant et énigmatique personnage que l'on nomme "le pique-niqueur aveyronnais", qui sera jugé pour des tas d'actes délictueux: insulte, rébellion et port d'arme de sixième catégorie.

Les gens qui ont, comme monsieur Valls, de bonnes lectures qu'ils n'ont jamais faites, qualifieraient les aventures de notre pique-niqueur aveyronnais de "surréalistes". Le 31 janvier, à la fin de la manifestation des soutien aux inculpés de l'antiterrorisme, à Paris, notre camarade s'était avisé de casser une petite croûte, place Denfert-Rochereau, où le cortège se dispersait. Il fut semble-t-il dérangé par les forces de l'ordre, ce qui, on le conçoit, a pu entrainer quelques protestations de sa part. Ces protestations furent, comme il est de règle désormais, assimilés et enregistrées au titre d'insultes et de rébellion.

Les récits (très rares) de l'aventure ne sont pas très précis sur le menu de notre pique-niqueur: on a parlé de saucisson, on parle maintenant de jambon... Toujours est-il, et cela n'a pas échappé aux forces de répression, qu'il ne pouvait se restaurer qu'en faisant usage d'un couteau de sa région, un laguiole...

C'est pour cette raison irréfutable qu'il fut inculpé de port d'arme de sixième catégorie...

4 commentaires:

Marianne a dit…

Moi qui me balade souvent avec un cutter le mercredi pour les ateliers et que j'oublie de retirer de mon sac et que j'avais à la manif de jeudi ! enfin tant qui ne me retire pas le dentier pour cause de morsure !

Guy M. a dit…

Un cutter dans un sac, c'est la prison préventive assurée.

Anonyme a dit…

Ouais minimum. Si en plus, il y a à côté du cutter un horaire des trains et un exemplaire du bouquin du Comité invisible, c'est 20 ans à Sainte-Pélagie. Et ce n'est que justice bourdel !

(D'ailleurs, je suis sûr que le sycophante Valls serait d'accord)

Guy M. a dit…

Autant se promener avec un laguiole, pour la beauté du geste... et c'est plus pratique pour le pique nique.