Au soir de la manifestation du 19 mars, un nommé Laurent Abadie, qui est peut-être journaliste, a dû se mettre devant son clavier pour pondre une note concernant les événements survenus devant le Monoprix de la rue Alsace-Lorraine, à Toulouse. Comme il n'a certainement pas assisté à tous les développements des événements en question, il a pris grand soin de recouper ses informations avec celles des forces de police. Il est donc nécessaire de parcourir les commentaires, souvent peu amènes, pour rectifier les inexactitudes de cet article.
Je ne saurais trop conseiller à monsieur Laurent Abadie d'adresser son C.V. au ministère de l'Intérieur, il est possible qu'il puisse trouver à y employer son sens de l'adjectif euphémisant:
Tirs de grenades assourdissantes, flash ball: l’intervention est musclée.(...)
Il est probable que notre journaliste, la prochaine fois, qualifiera ce type d'intervention de "virile", comme s'il était en train de commenter un match de rugby...
Est-ce trop demander qu'il soit simplement fait état dans ces compte-rendus de la réelle violence de plus en plus utilisée par les forces de police ?
Photo prise rue Alsace, publiée par LaDepeche.fr
Auteur: DDM-MICHEL LABONNE
L'articulet de LibéToulouse mérite aussi, et surtout, d'être épinglé pour incompétence journalistique grave en ce qu'il ne donne pas l'information la plus dramatique de cette soirée.
Pour la trouver, il faut lire l'article de Valérie Sitnikow, publié le 23 mars dans LaDepeche.fr.
Joan, 25 ans, est hospitalisé depuis jeudi soir au service d'ophtalmologie du CHU Purpan. Il va subir dans les prochains jours deux interventions délicates, pour tenter de lui sauver son œil. (...) Joan a été atteint au visage, vraisemblablement par un tir de flash ball, lors des incidents qui ont éclaté devant le magasin Monoprix au centre ville en début de soirée entre les forces de l'ordre et les manifestants du mouvement étudiant. Les policiers de la Bac et de la compagnie d'intervention ont fait usage de ces armes, tirant des balles en caoutchouc, pour repousser les manifestants qui venaient d'effectuer un « blocage économique » aux entrées du magasin.
L'article détaille le témoignage de Joan:
« J'étais à la manif et je suis resté dans la cortège étudiant. On s'est retrouvé devant Monoprix. Je suis resté aux abords. je n'étais pas dans la chaîne humaine qui bloquait le magasin. Et puis, ça a basculé. Les flics ont chargé. J'ai entendu des bruits de détonation. Un attroupement s'est formé, je me suis replié à l'intérieur pour ne pas rester isolé. On s'est mis à reculer doucement. On était contre la ligne des CRS. Ils m'ont tiré dessus alors que j'étais à moins de 10 mètres d'eux. J'étais effectivement au premier rang, confiant, entrain de dire on recule, on s'en va. Je n'ai absolument pas jeté de canettes ni de projectiles. Je suis sûr que c'est une balle de flash ball qui m'a touché, vu la force et l'impact… On m'a clairement visé ».
le plancher orbital fracturé. Le pronostic des médecins est réservé… »
Cette violence d’État menace à terme tous les manifestants et s’ajoute aux précédents cas dramatiques, comme celui du jeune lycéen mineur blessé à l’œil le 27 novembre 2007, devant le Rectorat de Nantes, par un «Lanceur de balle de défense» (LBD, super flashball en cours d’expérimentation). Il a perdu la vue de son œil.
Cette affaire semble indiquer que la police se moque apparemment des récentes recommandations de la CNDS (Commission nationale de déontologie de la sécurité).
Nous verrons si, comme à Nantes, le préfet de Toulouse osera affirmer à la presse locale que le blessé n’a rien de grave.
Nous verrons également si, comme dans le cas de Nantes, madame le ministre de l’Intérieur fournira de fausses informations dans une réponse écrite à deux députés, parues au Journal officiel, afin de tenter de justifier l’usage de cette arme barbare et évidemment inadaptée pour le maintien de l’ordre.
Nous verrons enfin, si comme à Nantes, le procureur de la République à Toulouse décidera d’ouvrir une enquête indépendante menée par deux juges d’instruction.
La Dépêche nous apprend que madame Michèle Alliot-Marie est attendue à Toulouse vendredi prochain.
Je pense qu'aucun naïf incorrigible n'a envisagé un seul instant qu'elle puisse s'inquiéter de la santé de Joan...
Elle viendra installer en grande pompe une "unité forte de cent nouveaux policiers".
2 commentaires:
Quand je vois "l'arme virile et faiblement létale", je repense à l'exemple du Laguiole : un canif à côté du canon redoutable que brandit le pandore casqué de l'illustration, c'est comme une fourchette en plastique au regard d'un couvert en acier trempé. Ridicule.
J'espère qu'il va se remettre. Et qu'un jour, on équipera les CRS de fourchettes en plastique, ça leur fera les pieds.
Il va falloir que les chirurgiens fassent des miracles... Cette arme n'a même pas l'élégance de faire des blessures "propres".
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