Face à l'indécent triomphalisme syndical qui a suivi la journée d'hier, de fins analystes de la presse écrite ont observé que si les manifestations de cette seconde journée nationale de protestations ont réuni plus de participants en leurs cortèges, le nombre de « vrais » grévistes a au contraire baissé sensiblement.
Nananère !
C'est sur la page du Figaro.fr que, vers 19 heures, j'ai pris connaissance de cette information qui devrait rabattre quelque peu le caquet cacophonique des gros bras et grandes gueules des syndicats irresponsables qui agacent madame Parisot.
Dans sa petite revanche, le Figaro.fr est bien sûr aussi misérable que d'habitude, et se contente d'une approche bien superficielle: s'il y a moins de grévistes, c'est qu'il y déjà moins de travailleurs et déjà plus de chômeurs. Il n'est tout de même pas nécessaire d'avoir fait H.E.C. pour trouver ça. Quand on sait à quel point le chômeur, et cet autre vindicatif ressentimental qu'est le retraité, aime à se promener au soleil de mars en se collant des « casse toi, pauv'con » sur le ticheurte, on comprend tout...
Monsieur Fillon, droit dans ses souliers vernis à semelles surbaissées, est intervenu très rapidement. Il a choisi de répondre à l'aimable invitation de TF1, ce qui est prudent de sa part: là, au moins, il était sûr que la grève n'était pas trop suivie et qu'il allait pouvoir bénéficier des soins attentifs d'une vraie maquilleuse professionnelle, et non d'une intérimaire ayant fait ses premiers essais dans un institut de thanatopracteur.
Il a été fort clair: « C'est la crise, mondiale, la crise , bande de cons. » (Je résume.)
Dans un souci d'apaisement, il n'a fait aucune allusion aux divers outrages proférés par le peuple braillard à l'encontre de monsieur Nicolas Sarkozy. Environ trois millions de personnes échappent ainsi à la rigueur de la loi. On perd trois millions d'euros symboliques, mais on économise trois millions de procès.
Merci, monsieur.
A l'heure où monsieur Fillon intervenait si magnanimement, madame Alliot-Marie demandait à ses troupes, place de la Nation, à Paris, d'appliquer sa géniale stratégie à peine révisée: on se met bien en évidence, on répartit bien les "civils", on prend quelques canettes sur le casque, on gaze, on cogne, on interpelle.
Et après, on compte: trois cents personnes arrêtées*.
Comme je suppose que les brigades cuirassées de CRS ont respecté la consigne demandant de bien repérer, isoler et neutraliser les meneurs, et comme on nous apprend que cinq cents personnes s'en sont pris aux forces de l'ordre, je ne suis pas loin de conclure qu'il y a décidément une très forte proportion de meneurs.
C'est quasiment l'anarchie...
* Bien sûr, il est inutile de chercher des informations sur cette opération de police dans la presse...
4 commentaires:
Il faisait si beau, on était si content de rencontrer des amis sous le soleil et de gueuler en connivence "C.T.P.C" qu'on a oublié de faire la révolution. La prochaine fois.
Il faut dire qu'aller occuper l'Elysée quand on se disperse à Nation, ça serait de l'héroïsme...
"aller occuper l'Elysée quand on se disperse à Nation"
Il y a de ça. Dès que les choses ont commencé à monter en pression (ça partait bien, au début…),les centaines de CRS postés dans les avenues donnant sur la place ont refermé la nasse. Une opération rondement menée, à l'efficacité assez impressionnante. En quelques dizaines de minutes, tout le monde était regroupé au centre, avec plusieurs rangées de CRS autour. La plupart (dont je n'étais pas, ayant échappé à la nasse juste avant qu'elle se referme) ont eu droit à un voyage pour le commissariat en bus (y en avait quatre qui attendaient). Et hop, affaire réglée…
(En même temps, Nation, comme souricière, on fait pas mieux)
Nation est pour moi un vrai cauchemar géographique: je n'arrive jamais à retrouver mon bus pour rentrer!
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