dimanche 29 mars 2009

Inauguration du Centre Culturel des Expulsions

Pour héberger les admirations et les détestations qui me font vivre, j'ai le cœur et l'esprit larges: il y a de la place pour tout le monde, et je crois bien que tant que je serai encore quelque peu vivant, ce sera loin d'être complet.

Tel ou telle, bien sûr, viendra prendre sa place, au risque parfois de bouleverser la hiérarchie établie...

Ainsi de monsieur Eric Besson, qui jouait jusqu'à il y a quelques mois les utilités sur le strapontin que l'on réserve aux faux-derches, et qui maintenant, par effet sournois de comparaison, arriverait presque à me faire éprouver une certaine tendresse pour monsieur Brice Hortefeux.

Il me faut prendre sur moi pour me faire admettre qu'il ne faut pas se laisser aller à cette faiblesse, et que l'on peut détester absolument les deux.

Mais je reste particulièrement attentif aux actions et réactions de monsieur Besson qu'à chaque début de commencement de critique, je vois si impétueusement se dresser sur ses ergots de petit coq partant en bataille.

On me pardonnera cette comparaison peu flatteuse: naître et grandir à la campagne m'a doté pour la vie d'un riche échantillon d'images concernant les oiseaux domestiques, par ailleurs notablement enrichi de la mémorisation scolaire de quelques fables du bon monsieur de La Fontaine.

Parfois s'y mêlent des images plus contemporaines...

Il est plus que probable que les arrestations à la frontière de personnes sur le point de quitter le pays, que vient de dénoncer la Cimade, auraient pu tout aussi bien être faites sous l'autorité de monsieur Hortefeux.

Mais il n'est pas certain que monsieur Hortefeux aurait eu le culot de relever l'accusation, comme vient le de faire monsieur Besson, pour répondre avec cette mauvaise foi légaliste méprisante dont il ne se départit point.

"Ces interpellations arbitraires ne visent qu'à gonfler les chiffres des expulsions", assurait l'association, qui a aussi pointé des conditions de garde à vue "intolérables".

"Il n'y a pas d'affaire sur ce dossier", a rétorqué sur Europe-1 le ministre de l'Immigration, selon lequel "ce qui a été raconté est faux". "Ces personnes ont été très correctement traitées" et elles "ont été reconduites au Maroc dans des conditions totalement légales et humaines".

"Ils étaient en situation irrégulière", a-t-il fait valoir. "La police, lorsqu'elle fait des contrôles et qu'elle trouve sept personnes en situation irrégulière, elle les place dans un centre de rétention pour regarder leur situation et les a renvoyé totalement légalement dans leur pays."


A ses yeux, "il y a eu sur un point une erreur matérielle": "quelques personnes ont été séparées de leurs bagages", qui sont restés à bord du bus après l'arrestation des propriétaires.

Au pays de monsieur Besson, on se préoccupe plus d'acheminement des valises que de la dignité du traitement des vies humaines.

Monsieur Besson est un perfectionniste.

Cela pourrait être un mémorial de l'Immigration...

Demain, on pourra retrouver monsieur Besson, en toute indécence ministérielle et en compagnie de mesdames Albanel et Pécresse et de monsieur Darcos, à la cérémonie d'inauguration de la médiathèque A.Sayad, à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration.

Je me permets de relayer, en toute solidarité, l'appel suivant:

Nous appelons au rassemblement de tous ceux qui s'opposent
aux méfaits de ces ministres :

Lundi 30 Mars à partir de 10h,
devant la Cité Nationale de l'histoire de l'immigration,
Palais de la Porte Dorée,
293, avenue Daumesnil, 75012 Paris, M° Porte Dorée

Que nous rebaptiserons à cette occasion :
Centre Culturel de l'Identité Nationale et des Expulsions

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Ni exhibition facile, ni liberté de mensonge pour les ministres et gouvernants !

La politique de l'« immigration choisie » exploite la population nécessaire à l'entreprise France et parallèlement persécute sous le joug de France police.

Regroupement familial ? Terminé.

Carte de résident permettant 10 ans de séjour ? Terminé.

Régularisations ? Au compte-gouttes et au forceps.

... Mais on va se servir du nom du sociologue Abdelmalek Sayad*, dont les analyses prenaient le contrepied de la barbarie de la politique actuellement mise en oeuvre.

Nous soutenons tous les refus de cette politique que constituent les grèves de travailleurs sans papiers, les solidarités de quartiers contre l'expulsion d'enfants, la lutte pour la régularisation de tous et les révoltes des retenus des centre de rétention.

Il n'est pas question pour nous que le sinistre Besson chargé de mettre en oeuvre cette politique puisse se pavaner, même en privé. En 2007, Brice Hortefeux, pour qui on venait de créer un ministère à l'intitulé vichyssois, n'a pas osé inaugurer la Cité nationale de l'histoire de l'immigration. Laisserons nous son successeur Éric Besson gloser sur l'histoire tragique de l'immigration entre deux expulsions de sans-papiers ?

Albanel rénove les cathédrales et bafoue les droits des salariés intermittents. Albanel défend l'excellence, stigmatisant ainsi l'ordinaire, voué à mendier des subventions à diverses féodalités

Par la loi Hadopi, ce ministre voudrait qualifier comme un délit de vol les pratiques de gratuité en matière de circulation des oeuvres. Il n'y a pas de politique culturelle acceptable sans une continuité de droits pour les salariés d'un secteur dont bien des productions reposent sur l'intermittence.

Il n'y a pas de politique culturelle acceptable lorsque la défense et l'extension de la propriété privée sont au poste de commande. Il n'est pas question pour nous que cette versaillaise dans l'âme prolonge à coup de communication et de privatisations, l'extermination des cultures populaires et des pratiques indépendantes.

Darcos et Pécresse sont en charge des réformes de l'école. De la maternelle à l'université, de la loi LRU au décret réformant le statut des enseignants chercheurs, il s'agit d'essayer d'imposer partout une logique managériale fondée sur l'évaluation, administrative et comptable, pour façonner une société de concurrence. Il s'agit de parfaire la société entreprise et de ce fait l'exploitation et la domination. Les luttes en cours à l'université depuis deux mois refusent cette politique.

Il n'est pas question que ces ministres en charge de la privatisation de l'éducation et de la recherche mènent à bien leur mission destructrice.

On nous voudrait terrorisés par l'insécurité sociale.

On nous voudrait devenus craintifs par la criminalisation des luttes.

On nous voudrait parfaitement atomisés par les exigences de la survie et le renoncement.

Avec ou sans droits, nous sommes et serons fidèles à la maxime de nos aïeux : paix aux chaumières, guerre aux châteaux.

Nous invitons donc à manifester ce lundi à 10h
devant le Centre Culturel de l'Identité Nationale et des Expulsions :

Tous les collectifs de sans-papiers,
Tous les étudiants, lycéens, enseignants, chercheurs en lutte,
Tous les intermittents, les chômeurs, les précaires, et
Tous ceux qui refusent la logique d'Exclusion Nationale, la logique de rentabilité universitaire, la logique de commercialisation du spectacle et de harcèlement des précaires....


PS: Sur la figure non récupérable d'Abdelmalek Sayad, on pourra consulter la notice minimale de ouiquipédia, qui suffit pour apprécier mon euphémisme sur "l'indécence ministérielle".

2 commentaires:

Marianne a dit…

Comment ne pas avoir un peu de commisération pour un homme comme Besson si malheureux qu'il trouve le besoin de nous faire partager ses soucis conjugaux . Imaginez qu'il soit en cours d'expulsion du domicile conjugal et qu'il ait droit à "l'hôtel du cul tourné "chaque fois qu'il approche Madame . Ceci expliquerait qu'il se venge via sa fonction , un peu de cœur que diable!

Guy M. a dit…

Des ennuis ! ... ? ... !

Encore une fois, je débarque!

(Mais, c'est assez rigolo...)