samedi 21 mars 2009

L'humour aggravé de madame Boutin

Le ci-devant cardinal Ratzinger, qui a pris le pseudo de Benoît XVI, histoire de bloguer à l'aise, commence à râper les genoux de monsieur Juppé, dont les bottes sont célèbres mais ne montent pas jusque là. Je m'en réjouis.

Monsieur le pape, durant son périple africain, nous aura donné un florilège de sa pensée.

Comme je prends l'affaire en marche, je le retrouve, éclatant de blancheur, sous le soleil de l'Angola, au deuxième jour de sa visite dans ce pays. Il a célébré une messe dans l'église Sao Paulo de Luanda, qu'on a récemment restaurée. Il y a donc prononcé un sermon ou une homélie où, nous dit-on, il a souligné que l'évangélisation restait une exigence pressante pour l'Eglise catholique, aujourd'hui comme hier. Il en a profité pour appeler les catholiques de cette région du monde à travailler à la conversion des adeptes de la sorcellerie.

Je ne sais pas quelles méthodes de persuasion va recommander le Vatican, qui est au pape ce que le gouvernement est à monsieur Sarkozy. Beaucoup d'expérimentations ont été menées dans l'histoire de l'Eglise, et dans le domaine de la lutte contre la sorcellerie, qui est un exercice illégal de la religion reposant sur une concurrence déloyale, les inquisiteurs ont laissé des manuels qui pourraient être utiles dans ces contrées.

Vous gardez le masque pour le musée des Arts Premiers,
et vous brûlez le reste.

La veille, dans un discours à la présidence de la république angolaise, monsieur le pape avait abordé un sujet plus habituel de la part d'un haut dignitaire de l'Eglise catholique, apostolique et romaine: l'avortement.

Il n'est pas pour.

Et ça le préoccupe grandement.

Parce qu'un pape, n'est-ce pas, ça ne peut pas se contenter de se préoccuper de ses propres fesses...

Son discours s'est cependant distingué des discours habituels en mettant en question toute forme d'avortement, y compris thérapeutique. Ce qui prouve qu'il n'y a pas lapsus, c'est que:

Le texte officiel du discours diffusé par le service de presse du Vatican précisait que le pape se référait à l'article 14 du protocole de Maputo, une charte sur les droits des femmes en Afrique adoptée en 2003 par l'Union africaine.

L'article 14 appelle à "protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l'avortement médicalisé, en cas d'agression sexuelle, de viol, d'inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus".

Devant la montée des indignations diverses, le Vatican s'est vu obligé de faire une hypocrite mise au point, de manière à ce que tout cela paraisse un peu plus flou, mais tellement plus humaniste...

Selon le père Lombardi, "l'Eglise catholique accepte l'avortement quand la mort du fœtus n'est pas voulue mais la conséquence de soins prodigués à la mère".

Ceci dit, j'ai un faible pour cette belle expression juridique: "protéger les droits reproductifs des femmes".

Depuis toujours la femme africaine porte l'avenir sur son dos,
alors, monsieur pape, faites-en la moitié...

En route pour le Cameroun, qui devait être la première étape de son voyage africain, monsieur le pape a, d'après d'éminents vaticanistes, prononcé pour la première fois de sa sainte bouche le mot "préservatif". C'est anéfé un bien vilain mot pour un monsieur le pape... J'espère que sa grand mère lui avait fait prendre l'habitude, après avoir dit un gros mot, de se laver la bouche au savon noir, en offrant ses nausées à Dieu...

Selon Benoît XVI, le problème du sida «ne peut pas être réglé» avec le préservatif. Mardi, des propos tenus dans l'avion qui l'emmenait à Yaoundé, pour son premier voyage en Afrique depuis son arrivée au Vatican. «Au contraire (leur) utilisation aggrave le problème», selon le pape.

C'est cette sortie de sa sainte bouche qui a fait réagir notre nouveau camarade Juppé.

Et vous trouvez ça drôle...

Pendant ce temps-là, madame Christine Boutin, qui était en train de songer à obtenir son diplôme de dinde professionnelle honoris causa, en a profité pour faire, sur RTL, cette déclaration:

"Ce n'est pas drôle de mettre le préservatif quand on fait l'amour."

Cette fine observation ne laisse point de m'inquiéter au plus haut point, et ce pour deux raisons essentielles et fondamentales.

La première est que la formulation abrupte de madame Boutin laisse supposer que cette digne militante chrétienne aurait fait l'amour en "mettant le préservatif". Passe encore de faire l'amour avec un partenaire qui vous l'impose, en quelque sorte, mais participer à la chose, c'est doublement contrevenir aux enseignements de notre sainte marâtre l'Eglise.

Il est possible qu'une de ses amies lui ait raconté, mais je me demande si, titulaire d'un ministère, on n'a pas autre chose à faire que de parler de coïts protégés avec ses copines.

La seconde raison d'inquiétude est l'utilisation de cet adjectif "drôle" qui révèle une conception bien peu canonique de l'œuvre de chair.

Je rappellerai simplement que l'union de l'homme et de la femme n'est pas à considérer comme une partie de plaisir, ou une partie de rigolade: cet acte, béni par Dieu et son Eglise, n'est légitime, stricto sensu, qu'en tant qu'acte de procréation. On s'y livrera donc de préférence durant les périodes fertiles de la femme. On pourra tolérer un écart à ce calendrier de manière à contenir l'éventuelle impétuosité de l'époux, mais uniquement pour lui éviter de pécher en allant répandre sa semence en un autre vase. L'épouse, allongée sur le dos sur la couche conjugale, permettra l'intromission du membre turgescent de l'époux, en évitant de prendre une posture trop luxurieuse. Il est conseillé de fermer les yeux et d'écarter les pensées lubriques que le malin pourrait suggérer en récitant un Pater (Noster) pour dix Ave (Maria)...

Madame Roselyne Bachelot a jugé "irresponsable" le bon mot de madame Boutin:

"Je pense que cette réflexion est elle aussi irresponsable", a-t-elle lancé à l'adresse de sa collègue du Logement. "Je ne sais pas si c'est 'pas drôle de mettre un préservatif quand on fait l'amour' mais je sais que c'est absolument dramatique d'être contaminé par le virus du SIDA."

On remarquera que, moins délurée que sa collègue du gouvernement, elle "ne sait pas" si c'est drôle ou pas.

Faudrait peut-être essayer, alors...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Eolas a rédigé un billet à ce propos (et aussi au sujet de l'affaire Williamson et de ce qui s'est dernièrement passé à Recife) :
http://www.maitre-eolas.fr/2009/03/18/1347-la-bonne-parole-est-a-la-defense
Voir aussi les commentaires…
Bises.

Guy M. a dit…

Je vois que tu as toujours de bonnes lectures...

Bises.

Anonyme a dit…

:-)

Marianne a dit…

Je ne sais si la lecture de Maitre Eolas est bonne mais les commentaires suscités et leur nombre auraient tendance à me chagriner pour l'avenir de la loi de 1905 sur la séparation de l'église et de l'état .

Guy M. a dit…

Les commentaires des "grands blogs" sont parfois difficiles à avaler. Eolas essaye de maintenir le niveau, cependant.