mardi 2 septembre 2008

Rasage sans angoisse


Découvrez Charles Lloyd


« Le libéralisme n'est pas une construction intellectuelle comme le marxisme : le monde a été créé ainsi. [...] C'est le meilleur système. La guerre économique fait moins de victimes que les guerres militaires ou religieuses. Le libéralisme est inscrit dans la nature humaine, parfois violente et injuste. » Jean-Marc Sylvestre. Entretien à VSD, 20/01/2005


Longtemps, je me suis rasé de bonne heure...

Anéfé, excepté ma célèbre barbiche, souvent copiée jamais égalée, je déteste présenter aux lèvres de mes contemporaines des joues rêches et rugueuses... Je dois dire que peu de mes contemporaines ont le bonheur de pouvoir déposer un chaste baiser sur ma célèbre barbiche.

Longtemps, ma séance de rasage coïncida avec la chronique économique de Jean-Marc Sylvestre sur France Inter.

A la seconde près!

J'ai tout tenté: me brosser les dents avant de me raser, me doucher après m'être rasé, prendre une tasse supplémentaire de café avant d'occuper la salle de bain... Rien n'y fit.

Bien sûr, les chroniques du sylvestre et bucolique Jean-Marc eurent pour néfastes conséquences de multiples coupures, qui ont trop souvent mis en danger mon asthénique pouvoir de séduction.

On aura compris que j'utilise un rasoir tout à fait mécanique, de ce modèle très astucieux formé d'une lame qui tire le poil et d'une autre qui le tranche avant qu'il ne se rétracte. L'horripilation provoquée par la voix de J.M. Sylvestre ayant pour conséquence que la première lame en arrivait à tirer le poil ET la peau, on imagine les désastres causés par la seconde lame.

Un Jean-Marc bien rasé.

Je peux maintenant empoigner mon rasoir sans angoisse: Jean-Marc Sylvestre n'assure plus sa délicieuse chronique sur les ondes de France Inter. Son immense talent va désormais s'exercer à travailler plus pour gagner plus, comme directeur adjoint de l'information de TF1 et de LCI, où il sera en charge de l'information économique et sociale.

Il est remplacé par Dominique Seux (journaliste aux Échos), que je n'ai pas encore entendu, et non par le délicat Bernard Maris (directeur adjoint de la rédaction de Charlie Hebdo et actionnaire de l'hebdomadaire à hauteur de 11%) comme je l'ai redouté un instant. Tonton Bernard Maris continuera à donner ses résumés de cours à 6h 50, dans le journal éco, avec Patricia Martin dans le rôle (de composition) de l'élève intelligente.

De Jean-Marc Sylvestre, j'aime évoquer son livre Une petite douleur à l'épaule gauche, chez Ramsay. Dont je copicolle cette

Présentation de l'éditeur

Eté 2002. Tout commence par une petite douleur à l'épaule gauche. Le lendemain Jean-Marc Sylvestre est hospitalisé. Atteint d'une infection d'origine nosocomiale, due à un staphylocoque à tête dorée, il doit en outre subir une opération à cœur ouvert. Trois mois de galère aux frontières de la mort. Quand ça arrive aux autres, on compatit. Quand ça vous arrive, on regarde la planète d'une façon différente. Jean-Marc Sylvestre fait le récit de cette épreuve, qui l'a changé profondément. Il a vécu l'hôpital de l'intérieur, il a découvert la compétence et le dévouement des personnels de santé - médecins, infirmières et aides-soignants.

" Du système de santé, dit-il, je ne connaissais que l'ampleur du déficit de l'assurance - maladie. Un gouffre... " Le journaliste économique, connu pour ses convictions libérales, qui n'a eu de cesse de critiquer les errements comptables de la Sécurité sociale, admet aujourd'hui que c'est elle qui lui a sauvé la vie. Des mois d'hospitalisation, de très lourds protocoles antibiotiques, des scanners, des IRM... Sans les assurances sociales françaises et la liberté qu'elles donnent aux médecins, Jean-Marc Sylvestre n'aurait pas pu s'offrir cette chance de survivre. Notre système de santé est exceptionnel de qualité, nous pouvons nous en réjouir. Est-il équitable et juste ? La question sera posée.

Haletante comme un thriller, l'aventure médicale et intime d'un homme qui, convaincu d'être perdu, remet en cause ses convictions les plus profondes. Mais aussi la révélation des dégâts croissants causés par les maladies nosocomiales et un plaidoyer lucide en faveur du système de santé français.

Trouvez l'erreur... ou l'hypocrisie...

Comme le disait Daniel Mermet dans son édito d'adieu à son confrère de chaine:

Pendant 22 ans, cet homme a murmuré à l’oreille des veaux. Un homme toujours prêt à lécher les maîtres du monde jusqu’entre les doigts de pied là où ça sent pas toujours très bon.


PS: Evidemment la musique du jour n'a rien à voir avec J.M.S....
C'était juste pour pouvoir dire que Charles Lloyd et Zakir Hussain, que l'on entend ici, donneront un concert à la Grande Halle de la Villette, ce jeudi, à 20h.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Mouais.
Je sais pas si ça va suffire pour me faire retrouver l'envie de me raser autrement qu'à la tondeuse une fois par semaine, ni de retourner sur Inter que j'ai quitté (le matin) pour France Culture qui regarde aussi le monde …

Guy M. a dit…

Dans ma verte vallée, les salles de bain sont orientées de telle sorte qu'on n'y capte pas France Culture (ah! c'est rustique!)

Quant à la tondeuse, ce n'est évidemment pas de ma génération...

Anonyme a dit…

Je ne me rase pas le matin, je n'écoute plus France-Inter depuis longtemps, mais la nouvelle me réjouit. Il m'a fait zvaler mon café de travers plus d'une fois.

Guy M. a dit…

Pour le café, pris dans la cuisine, je peux écouter autre chose que France Inter, par exemple France Culture... mais il faut se méfier de France Culte, ce n'est pas toujours bien fréquenté non plus.

Anonyme a dit…

Pour ce qui est de l'orientation des salles de bain ou des fréquentations téléphoniques, je ne sais pas, mais Charles Lloyd, c'est très couette!
Merki de mettre de la zic dans l'escalier (enfin la bib', en l'occurence).

Par contre je n'étais pas à Paris (donc à la Villette) jeudi dernier...

myrage. (qui peine à utiliser son pseudo)

Guy M. a dit…

Le concert de jeudi était très très bien... J'avais vu et écouté le trio il y a deux ans (à Vincennes) et j'ai trouvé qu'ils avaient gagné en décontraction et humour, surtout dans les échanges entres Hussain et Harlan.

Par ailleurs, il faut aussi supporter les "Krishna said..." de Charles Lloyd, mais bon, on lui pardonne.

Bises.