Avant de rentrer, par l'autoroute, en ma rieuse Normandie, de ces vacances où, à part quelques consultations de courriels, je me tins à l'écart de tout clavier et de tout écran, j'ai vu qu'une liste de diffusion attirait l'attention de ses lecteurs sur un article de 20minutes.fr intitulé Mineurs en centres de rétention: «Eric Besson est incapable des gestes pseudo-humanitaires que faisait Brice Hortefeux».
Vérification faite, la citation est de Richard Moyon, du RESF, que l'on ne peut raisonnablement soupçonner d'inciter à scander "Hortefeux, reviens ! Besson a vraiment une tête... en béton."
La supplique adressée à monsieur Hortefeux serait probablement très exagérée...
Cependant, l'assertion finale de cet énoncé, sans impliquer la supplique initiale, pourrait bien avoir quelque valeur de vérité, comme en témoigne ce passage de l'article:
En plein cœur de l'été, la LDH avait adressé au ministre une lettre ouverte dénonçant les violations répétées de la convention des Droits de l’enfant. «La réponse du ministre m'avait alors stupéfait», raconte Jean-Pierre Dubois à 20minutes.fr. Eric Besson avait en effet affirmé que «l'intérêt supérieur de l'enfant» était «d'abord et avant tout, de ne pas être séparé de ses parents».
On ne va pas faire l'injure à monsieur Besson, qui est fort susceptible, comme on sait, de lui rappeler que cette justification fut donnée, il y a bien longtemps, par de grands humanistes, impeccables administrateurs de l'État Français.
Mais quand on a le crâne en béton, on peut avoir la mémoire courte...
Cette question de l'emprisonnement d'enfants dans les centres de rétention prend une certaine ampleur médiatique, et retombe sur le crâne de monsieur Besson dès qu'il s'aventure à se soumettre aux questions du bon peuple.
Hier, invité à un "nouveau rendez-vous politique hebdomadaire de France Inter et du Monde, avec Dailymotion", Les questions du mercredi, dont on peut lire un compte-rendu sur LeMonde.fr, il s'est vu poser cette question, que j'espère faussement naïve (mais comment savoir ?), par Hervé Le Bras, par ailleurs estimable démographe:
Le plus choquant, ce sont les enfants placés dans les centres de rétention. Ils peuvent y côtoyer des personnes qui ont été condamnées, qui ont purgé leur peine et qui vont être expulsées. Ce n'est pas bien que les enfants soient là.
Au lieu de répondre que c'était très bien, au contraire, que les enfants restent avec leurs parents, monsieur Besson eut cette réponse admirable:
Savez-vous qui a aménagé ces chambres pour les parents et les enfants dans les centres de rétention ? La majorité à laquelle j'ai appartenu. Le décret que j'applique est signé par Lionel Jospin, Daniel Vaillant, Elisabeth Guigou et Marylise Lebranchu. Ce sont les ministres socialistes qui l'ont fait, et je dis qu'ils ont bien fait de le faire. La France traite mieux les étrangers en situation irrégulière que l'immense majorité des pays du monde.
Et toc !
On ne se demandera pas si cela répond à la question. On n'est pas naïf à ce point...
Aujourd'hui, au cours d'un entretien sur LCI où il présentait son bilan de huit mois de malfaisance, monsieur Besson est revenu sur cette question. Selon l'AFP, relayée par le NouvelObs.com:
Eric Besson ne compte pas interdire les séjours d'enfants dans les centres de rétention. "Non, je ne vais pas y mettre fin", a répondu le ministre de l'Immigration, interrogé jeudi 3 septembre sur LCI. (...) Eric Besson met en avant plusieurs arguments pour son refus. Il souligne que ces cas sont relativement rares, que les séjours des enfants sont de courte durée, que possibilité est offerte aux parents de confier leurs enfants "à l'extérieur", et enfin que la circulaire encadrant cette pratique a été rédigée par un gouvernement socialiste.
On voit que l'argumentaire de monsieur Besson s'affine, lentement, mais sûrement, et qu'il a l'air très satisfait de son coup de pied de l'âne dans les guibolles de ses anciens amis socialistes (sous réserve que monsieur Besson puisse avoir des amis...)
C'est pourtant un (ancien ?) socialiste qui va pouvoir se vanter de lui avoir permis de mettre en place la scénographie d'un geste pseudo-humanitaire, qui en restera peut-être, hélas, à l'état d'annonce...
On apprend, en effet, que monsieur Jack Lang (car c'est lui...) a écrit à monsieur Besson pour faire "appel à son esprit d'humanité" afin que le petit Chama, 5 ans et demi, ne soit pas "séparé de son papa menacé d'expulsion".
Monsieur Lang doit se sentir, encore une fois, irremplaçable: monsieur Besson a demandé que l'on réexamine le dossier du père de Chama, tout en prévenant:
"Mais il ne suffit pas que l'on entre en France, que l'on inscrive son enfant à l'école pour qu'il y ait protection (ndlr: régularisation) des parents".
(La ndlr corrige-telle un lapsus du ministre ? Je n'en sais rien...)
Cette minable remarque, digne des assistantes sociales revêches des année 50, se retrouve dans un entretien que monsieur Marc Gentilini, honorable spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, ancien président de la Croix-Rouge française, a accordé au quotidien La Croix.
Cet entretien, titré Marc Gentilini : «L’enfant ne peut pas servir de passe-droit aux migrants», démarre sur ces considérations:
La Croix : Trouvez-vous acceptable que l’on place des parents menacés d’expulsion avec leurs enfants dans les centres de rétention ?
Marc Gentilini : Il faudrait trouver d’autres solutions moins traumatisantes pour les jeunes enfants. Cela étant, je considère que l’inflation des positions parfois radicales de certaines associations politisées ne permet pas à la société française d’avancer intelligemment vers un équilibre.
Le devoir d’assistance humanitaire s’impose à l’égard de ces familles immigrées en situation irrégulière, mais elles n’ont pas un droit automatique à la régularisation, contrairement à l’idée que certains voudraient faire passer. Il est nécessaire de dire que dans un état de droit, la loi s’impose aux parents. Des parents qui peuvent être tentés d’utiliser leurs enfants pour la contourner ou en assouplir la portée.
Si le débat se situe à ce niveau-là, je crois que je vais inintelligemment camper sur mes positions radicales...
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