A l'époque où j'étais encore un cinéphile acharné, je fréquentais assidument la Cinémathèque Française, la seule, la vraie, celle qui était administrée par Henri Langlois, au Palais de Chaillot. A l'instar de François Truffaut et alii, quelques années avant, je tentais de me planquer dans les toilettes entre deux séances pour ne payer qu'une fois. Hélas, les toilettes étaient souvent trop petites pour accueillir tout le monde...
Un jour (ou était-ce une nuit ?), j'y vis une série de bobines du duo burlesque formé par Roscoe Conkling Arbuckle, aka Fatty, et Joseph Frank Keaton Junior, aka Buster.
Au milieu de ces films de court métrage, dans Coney Island (1917), on peut voir une sidérante séquence de quelques secondes où Buster Keaton éclate de rire.
J'en fus médusé.
J'ai éprouvé une surprise du même ordre en regardant la vidéo suivante, qui a été tournée par une équipe de Canal+, lors des récentes universités d'été de l'UMP, qui, on le sait, ont marqué une renaissance inespérée du grand burlesque.
L'acteur principal en est l'homme qui ne rit jamais, monsieur Eric Besson. Il est entouré d'un groupe de "jeunes progressistes". C'est une variété de jeunes qui vieillit un peu plus tôt que les autres, ce qui leur permet de progresser un peu plus rapidement dans le monde politique.
Ce qu'ils disent n'ayant aucun intérêt, il est préférable de couper le son: c'est une très belle séquence de mime.
Mais vous avez bien vu: au milieu de membres décontractés de la droite décomplexée, monsieur Eric Besson peut sourire.
Et le sourire qui s'épanouit sur son visage rébarbatif s'y épanouit incontestablement en un sourire de jouissance.
C'est quasiment l'extase.
Dans la mesure où ce sourire nait de pouvoir faire, en direction d'une personne hors-champ, un geste, dit "doigt d'honneur", réputé pour avoir une connotation fort vulgaire, je diagnostique dans cette jouissance une jouissance régressive.
La nature du geste ne laisse aucun doute: il y a bien retour à l'analité.
Le décryptage complet:
"Prout et cacaboudin !"
(La voix ne pause pas entre "caca" et "boudin", et la dernière syllabe est prolongée...)
Cacaboudin, c'est divin...
10 commentaires:
C'est assez incroyable en effet, que de voir s'épanouir un semblant de rictus sur le visage du sieur Besson. Pour un peu - et ne serait-ce cette satisfaction à voir ses petits disciples réciter leur leçon comme des ânes imbéciles - ça le rendrait un chouia humain. C'est ce que j'ai pensé une seconde, juste avant de me souvenir que les robots, les nazis et les intégristes de tous poils étaient eux aussi capables de sourire, à l'occasion.
C'est le rire qui est le propre de l'humain...
Après tout, moi aussi, je suis capable de sourire.
Je pense à ses enfants:ce type est assimilé a un traitre,il est vulgaire,peut il se regarder dans une glace?
Je pense que tout ces personnages sont en train de pourrir.Dans quelques années ,quand nous regarderons en arrière,nous nous demanderons comment nous avons put supporter tout cela.
Au début,je pensais que c'était une taupe du PS,commandé pour infiltrer la droite,je me suis trompé....
La taupe n'a pas vu qu'elle était filmée... Ou alors, puisque manifestement Besson tente d'abriter son geste en contre-bas, il a mal évalué le champ de la caméra.
Je crois que c'est précisément ça qui me semble le plus obscène : Besson se permet de se comporter comme ça parce qu'il ne sait pas que la caméra enregistre son geste. Autrement dit, ça n'a aucune importance de se comporter comme le dernier des peigne-culs, du moment que c'est hors-champ. Beurk !
Rhoooo, "obscène" !
Ce n'est que ludique... il a dit que c'était pour jouer.
Besson a le goût du jeu (on le découvre, on pensait qu'il ne jouait qu'avec la vie des autres): il sait tout de même qu'il y a des caméras et il tente de cacher son geste, en baissant la main, croyant l'abriter de l'objectif.
Ce qui montre une certaine hypocrisie...
C'est choquant.
Pour le moins...
Plus je regarde cette vidéo et plus je me dis que Besson était tout à fait conscient qu'on le filmait. Ne regarde-t-il pas l'objectif ?
Il a prétendu qu'il s'adressait à un journaliste... qui était sans doute à côté de la caméra.
Il a tenté de cacher sa main derrière la table basse... mais a raté son coup.
Enregistrer un commentaire