Monsieur Emmanuel Oladipo a revu sa Normandie, celle où il vit, où vit sa compagne, où vivent ses filles.
Il est arrivé samedi matin à Roissy, après deux mois d'absence.
Involontaire.
Il avait été "reconduit à la frontière" le 15 juillet dernier, dans des conditions que le communiqué du RESF, daté du 17 juillet, décrivait ainsi:
Emmanuel Oladipo est réveillé à 4h30 du matin et conduit au Bourget. Il est monté dans un charter d’une capacité minimum de 80 places où le rejoignent une femme, nigériane aussi et six policiers. L’appareil décolle pour Amsterdam. 33 Nigérians (dont des femmes et des enfants) sont à leur tour embarqués ainsi que 6 policiers néerlandais. Direction Madrid où quelques sans papiers supplémentaires sont chargés avec 6 policiers espagnols. L’avion part pour Lagos. Mais, pris dans des turbulences (un gros trou d'air, ils ont eu une vraie peur), l’appareil tombe en panne. Il fait demi-tour et revient à Madrid vers 19h. Bricolages tous azimuts, l’avion repart vers 1 h du matin et atterrit à Lagos à 6h40.
Lagos, ça fait loin de la Normandie...
Or, à Evreux, restaient sa compagne, madame Jimia Sylla, enceinte de 7 ou 8 mois, et ses deux filles, Aimée Sylla, 5 ans (française car issue d'une première union) et Emmanuella Oladipo-Sylla de 2 ans et 7 mois.
Monsieur Oladipo a donc déposé une demande de visa auprès du consulat de France au Nigéria.
Cette demande a été appuyée par madame Sylla qui s'est rendue à l'Elysée, le mardi 20 juillet dans l’après-midi, pour demander qu’un visa soit délivré en urgence à son compagnon. Elle était accompagnée de la sénatrice Alima Boumedienne-Thiéry, du député Yves Cochet, de madame Mireille Mendès-France qui représentait le député Patrick Braouezec et de militants du RESF d’Evreux et d'Ile-de-France.
Selon le communiqué de presse du RESF:
Comme il est d’usage sous M. Sarkozy, la délégation a été fermement éloignée tandis que les deux parlementaires, Alima Boumedienne-Thiéry et Yves Cochet étaient reçus par Mme Veil, conseillère à la Présidence. Compte-tenu de son état, Jimia SYLLA était cependant autorisée à s’asseoir dans le poste de garde accompagnée de ses deux enfants.
On a de bonnes manières au Palais...
Le 30 août, Aimée Sylla, Emmanuella Oladipo et leur mère pouvaient se réjouir de la naissance de Félicia, 52 cm, 4,1 kg et un papa à des milliers de kilomètres.
Le papa est arrivé.(Photo JMJ)
Laissez-les grandir ici, avec leur père.(A la fête de l'Humanité. Photo JMJ)
Monsieur Besson, qui est un grand humaniste, doit se réjouir de la réunion de cette famille...
Comme il devait se désoler de la décision prise, le 10 septembre, par la juge des libertés et des détentions de Rouen, qui n'avait pas renouvelé la mise en rétention administrative madame Movsissian et de ses deux enfants, Liana et Housseb, détenus depuis la fin août, alors que le père avait été maintenu en rétention.
Pour monsieur Besson, c'est tout ou rien, probablement.
C'est aussi ce que doit penser madame la préfète de l'Eure, qui a fait appel de cette décision de libérer la mère et les deux enfants.
A 12h 45, le RESF27 communiquait le résultat:
Le juge confirme la décision de libération de la maman et ses deux enfants ! ... mais il confirme également le maintien en rétention de Monsieur MOVSISSIAN!
Et ajoutait:
La mobilisation continue pour la libération du papa et l'obtention d'un titre de séjour, avec droit au travail, pour les parents. C'est la seule issue possible pour qu'ils puissent s'assumer eux-mêmes et assumer la charge et l'éducation de leurs enfants.
La pétition est toujours en ligne, avec 754 signatures...
Vous pouvez au moins faire ça, non ?
* Il faut cependant souligner qu'Emmanuel est rentré en France avec un visa de trois mois, et qu'il lui faut maintenant obtenir la reconnaissance concrète de son droit à vivre et travailler sur le sol qui a vu naître ses enfants et à assumer son rôle auprès de sa compagne et de ses filles.
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