samedi 14 juin 2008

Le rêve américain revu par Philippe Val


Découvrez Janis Joplin!


Si j'étais à la place de John "french potatoes" McCain, je me ferais bien du souci, car, après avoir lu le dernier papier du très influent "french editor" Philippe Val paru dans Charlie Hebdo, il ne fait aucun doute que ledit Philippe apporte un soutien de poids à son concurrent Barack Obama, au terme d'une étourdissante analyse de la notion de "métissage", faisant un brillant détour par la "théorie du genre".

Le titre, d'une banalité à faire pleurer dans les chaumières, Obama lave plus blanc, ne doit pas nous abuser: ce qui suit est très fort, très très fort.

Après avoir quelque peu chipoté entre Hillary et Barack, et qualifié Bush de "plus calamiteux des hommes politiques du siècle" (ce siècle n'ayant que huit ans, cela dénote un incorrigible optimisme, ou un souffle prophétique renversant!), Philippe Val remarque avec acuité que B. Obama se présente et est perçu comme "noir", alors qu'il est de toute évidence "métis". Pour souligner le distinguo et grasseyer sa culture, notre éditorialiste utilise la distinction freudienne entre le contenu latent ("noir") et le contenu manifeste ("métis") du rêve. On voit immédiatement ce que cette référence inutile introduit de profondeur au propos…

Mais P. Val continue:

«(…) Personnellement, je m'en fous complètement. J'incline à penser que la "théorie du genre", qui laisse à une décision personnelle le choix du féminin ou du masculin indépendamment du fait que l'on naît mâle ou femelle, est un apport essentiel à la liberté humaine. On naît quelque chose, on devient ce que l'on veut. Rien de pire que d'être programmé par son sexe, son origine ethnique ou sociale, sa religion, ou son clan familial… L'indécision du devenir et l'imprévisibilité de l'avenir, qui font le charme de la vie et qui rendent le désespoir aberrant - le pire n'est jamais certain -, passent par ces choix: je décide d'être de gauche, de droite, homme, femme, les deux, noir, jaune, blanc, vieux, jeune, célibataire sans enfants, géniteur de famille nombreuse, je peux même décider de vivre comme si j'étais un blond aux yeux bleus d'un mètre quatre-vingt-trois si je suis brun aux yeux marron d'un mètre soixante-deux. Chacun est libre d'interpréter sa vie, y compris son propre physique, du moment qu'il n'emmerde pas ses voisins, ne nuit pas à plus petit que lui, et ignore le prosélytisme militant. (…)»

Personnellement, je regrette que Philippe Val n'ait pas appuyé l'énoncé des principes de sa morale de zone pavillonnaire ("emmerder ses voisins, ça ne se fait pas") d'une référence kantienne bien sentie, mais on ne saurait songer à tout… En revanche, j'admire absolument et singulièrement l'effort pédagogique titanesque réalisé pour nous expliquer cette conception hardie de la "théorie du genre", que je me permets de résumer à mon tour en proposant à P. Val cette petite comptine (je la lui laisse libre de droit, elle lui rappellera peut-être ses débuts de diseur-chanteur, à l'époque où il était presque drôle):

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxJe m'la joue et je m'la pète
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxEn me flattant les roupettes.





Après ce grand moment, Philippe Val nous donne une ode au métissage de fort belle facture, mais que l'on a l'impression d'avoir déjà lue une bonne centaine de fois.

Pour arriver à remplir ses deux colonnes, il faudra encore à notre brillant causeur passer par quelques considérations plus ou moins indispensables, qui retardent un peu sa conclusion, mais toujours d'une haute tenue culturelle…

«Un métis candidat à la Maison-Blanche, et peut-être bientôt président, marque une étape décisive dans le grand projet américain tel qu'il bouillonne et brouillonne depuis sa fondation, et tel qu'il souffle sur les Feuilles d'herbe de Walt Whitman, le poète programmatique de l'Amérique.»

Comme j'ai failli crever d'ennui en essayant de lire ce pauvre Walt Witman, devenu "programmatique" du rêve américain, et comme le grand projet américain me semble aussi bien dit dans le faux gospel ricanant de Janis Joplin que dans les stances pompières de Walt Whitman, tout cela me fait doucettement rigoler…

Ainsi que la conclusion enfin advenue:

Obama est le candidat qui a les moyens de nous faire aimer l'Amérique…


Mais je rigole un peu moins quand me revient à l'idée que le grand rêve américain est pour le reste du monde un cauchemar dont on aimerait pouvoir se réveiller.


La prétention ridicule d'un éditorialiste est dangereuse, on en oublie l'essentiel.

Document inédit:
Philippe "La Fayette-nous-voilà" Val
ayant "décidé" d'être un héros américain de la première guerre mondiale.

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