dimanche 21 décembre 2008

Culture rurale



Des grandes déclarations importantes sur le concept de ruralité, il ne sera resté dans la presse nationale que l'annonce d'une prise de décision quant au statut de la Poste, et une leçon de démocratie destinée à l'opposition. On annoncera probablement la baisse du taux de TVA sur les bûches de Noël au cours d'une visite d'un grand centre de tri...

Le conseil des ministres européens a bien adopté, le 9 décembre 2008, la directive de la honte au cours d'une réunion présidée par Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire de France et Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux transports de France...

Selon le communiqué officiel:

En outre, le Conseil a adopté sans débat une directive relative aux normes et procédures communes applicables dans les États membres au retour des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier.

De toute façon, l'expulsion des sans-rien,
c'est une question de transports durables, non ?


Bien que le blogueur spécialiste de l'est de l'hexagone, j'ai nommé JR d'abcdetc..., ait déjà épuisé le sujet, je me suis penché sur la compilation d'articles parus dans la presse locale que le site de l'association ACCID (Action citoyenne contre l'implantation d'une décharge) met à notre disposition sur la toile.

J'ai pu constater que la pensée du Président avait atteint des profondeurs telles que la remontée a dû poser des problèmes de décompression.

Par exemple:

Franchement, c'est pas évident de venir là. Non, c'est beau, c'est tranquille... En venant, on est là dans la voiture, tranquille, et on pense à toutes les bonnes nouvelles qu'on entend...

Nous ne savons pas de quelles bonnes nouvelles monsieur Sarkozy voulait parler...

Cependant, on aurait pu lui suggérer de relire le Manuel de maintien à l'usage des élus de la République fréquentant les comices agricoles que son prédécesseur a dû laisser à l'Elysée. On sait que les ruraux apprécient fort l'exquise urbanité naturelle des citadins. A contrario, dans une cour de ferme, au milieu des bouseux, monsieur Sarkozy continue de faire des efforts pour avoir l'air d'un plouc.

Il est par exemple inutile d'ouvrir un four pareil,
la tarte y est déjà passée (pour décongeler).


A l'heure où monsieur le Président déglutissait sa tarte aux mirabelles, on m'envoyait des informations sur le procès intenté par le préfet des Pyrénées-Atlantiques à Euskal Herriko Laborantza Ganbara (EHLG).

EHLG est une une association loi 1901, crée le 15 janvier 2005, qui a pour objet le développement d'une agriculture paysanne et durable en Pays Basque. Elle compte aujourd'hui 10 salariés et est forte du soutien de 1440 donateurs.

Euskal Herriko Laborantza Ganbara peut se traduire de manière rapide par Chambre d'Agriculture du Pays Basque. Or il y a une Chambre d'Agriculture des Pyrénées-Atlantiques... Ce n'est pas un simple détail linguistique, c'est le prétexte trouvé par le préfet de l'époque pour poursuivre l'association, en la personne de son président Michel Berhocoirigoin.

Voici comment le très intéressant dossier d'information (que vous pouvez télécharger ici), proposé par l'association, résume la situation historique:

Les paysans basques membres de la Confédération Paysanne, majoritaires en Pays Basque mais minoritaires dans le département - particulièrement bicéphale et artificiel - des Pyrénées-Atlantiques demandaient en effet depuis 10 ans une chambre d'agriculture spécifique du Pays Basque pour mener une politique favorable aux petites exploitations (majoritaires en Pays Basque) et promouvoir une agriculture paysanne et écologiquement responsable.

La Chambre d'Agriculture officielle des Pyrénées-Atlantiques est en effet tenue par le lobby FNSEA/grands maïsculteurs, favorable à une agriculture industrielle, favorisant la concentration en grandes exploitations, l'irrigation intensive, l'usage toujours plus poussé des pesticides et ayant lancé le projet aberrant d'une usine de bio-éthanol fabriqué à base de maïs à Lacq.

Malgré le caractère largement majoritaire de cette demande (appuyée par 110 maires -toutes tendances confondues- sur les 159 que compte le Pays Basque) et 10 ans de mobilisation ininterrompue, le gouvernement va camper sur un refus intransigeant.


En janvier 2004, la branche locale de la Confédération Paysanne (qui s'appelle ici ELB) avertit le gouvernement que s'il ne crée pas cette Chambre d'Agriculture du Pays Basque d'ici un an, c'est elle qui le fera. ELB mobilise alors l'ensemble de la société civile du Pays Basque et le pari est tenu : Euskal Herriko Laborantza Ganbara (EHLG) est créée le 15 janvier 2005, installée dans des locaux situés dans le petit village d'Ainhice-Mongelos (64 220).


L'inflexible nouveau préfet, Philippe Rey, qui a eu les honneurs du palmarès du Charançon, n'a pas usé de ce que l'on nomme "flexibilité de la loi"... La plainte a été maintenue.

Le 18 septembre 2008, EHLB a obtenu un report du procès au 29 janvier 2009. La Chambre d'Agriculture des Pyrénées-Atlantiques en a profité pour se porter partie civile.

Profitons du délai pour prendre connaissance des faits sur le site EHLG doit vivre! , pour signer la pétition , visionner "Qu'est-ce que l'agriculture paysanne et durable ?", postée en sept parties (le lien devrait vous mener à la première...) et puis les soutenir un peu.

Comme disait ma grand-mère: "Y a pas que les mirabelles, dans la vie, y a aussi le piment d'Espelette."

Aucun commentaire: