Officiellement, la loi - ou un ensemble de lois successives : Pleven (1972), Gayssot (1990), Lellouche (2001), Perben (2004), et j'en oublie sans doute - interdit la culture de ce chiendent de la pensée qu'est le racisme. Le fait que le législateur ait tenu à revenir sur cette question au moins quatre fois dit assez à quel point cette "chose" est enracinée.
Malgré l'incontestable "libération de la parole" raciste et xénophobe qui envahit le discours public, on n'a pas l'impression que ces lois soient appliquées avec le même entrain que certaines autres dont le consensus aime à proclamer "la loi, c'est la loi"...
Contrôlés ou non, les "dérapages" sont souvent "retirés" et l'on peut voir l'auteur présenter de piètres excuses à celles et ceux qu'il aurait pu blesser (ou choquer, selon inspiration) tout en drapant son inexistante dignité dans la belle étoffe de la liberté d'expression (ou d'opinion, selon illumination). On voit aussi de petits teigneux particulièrement coriaces maintenir leurs propos jusqu'au tribunal et chercher, sans complexes, à élever le débat à un niveau stratosphérique : celui où l'on discute non pas de liberté d'opinion, mais de liberté de dire la vérité. Ceux-là savent qu'ils pourront toujours, en valeureux pourfendeurs de la "pensée unique" (ou de la bienpensance humanitariste, selon exaltation), être invités par la Convention Nationale des Réformateurs Libéraux pour y disserter publiquement, et sous les applaudissements, des "lois liberticides".
On dit que monsieur Eric Zemmour sera écarté d'une émission hautement culturelle diffusée sur France 2 à la rentrée prochaine. Le prétexte officiellement invoqué est le tempérament cyclothymique de l'animateur en chef : "J’ai plaisir à casser les habitudes", a dit celui-ci, en expliquant "cette décision [qui] vient de [lui] unilatéralement", et sans doute aussi, n'en doutons pas, personnellement. Avec une pirouette aussi nulle que celle-là, tous les admirateurs du briseur de tabous sont évidemment persuadés qu'il a été puni de ses audaces.
Hors de ces domaines de la culture savante, se développe toute une littérature, semblable à cette littérature de colportage de l'époque des Lumières dont on a repéré l'importance dans la construction des mentalités... Si, le plus souvent, c'est l'internet qui la véhicule, elle réapparaît occasionnellement ici ou là.
Quand elle se trouve placardée "sur un tableau de service d'une gendarmerie de La Réunion", cela peut alerter le préfet, qui alors peut être amené "à suspendre un commandant de brigade et à saisir la justice".
(Là-dessus, voir la dépêche AFP, et divers articles sur Clicanoo.re, qui permettent de suivre le fil de cette histoire.)
Les deux affichettes sur le "Niktamère", qui ont provoqué l'ire du préfet, ne sont probablement pas récentes. Je ne les ai jamais reçues dans ma boîte à courriels - mes ami(e)s sont choisi(e)s -, mais j'imagine que ce genre de chose doit s'échanger avec accompagnement de smileys appropriés au désopilant de l'envoi...
Cependant la fiche signalétique du gibier était accompagnée, sur le panneau de la gendarmerie de l'avertissement :
Ne pas en rire c'est grave, à lire entièrement. / Bonne journée quand même.
Une courte recherche devrait mener les curieux à une image de meilleure définition :
Cette image provient d'un billet de blogue, daté du jeudi 30 septembre 2010, et intitulé :
.....Le NIKTAMERE.....Espèce protégée...Par Julien Delamaison (édition ZAYAR)
Sans ambiguïté, l'illustration est suivie de :
Politiquement incorrect (!!!) Mais... Excellent !!!
Ce morceau de style exclamatif introduit un texte qui est apparemment celui de la seconde affichette de la gendarmerie de Bas-Panon.
Quelques extraits significatifs suffiront sans doute pour indiquer son esprit (si j'ose dire) :
PRÉSENTATION :
Le NIKTAMERE est un animal en voie de disparition dans ses pays d'origine, le Maghreb ; par contre, il se reproduit rapidement en milieu urbain européen. La femelle peut mettre bas entre 10 à 15 NIKTAMERES dans sa vie. En général ils se regroupent dans des réserves naturelles (banlieues, zones industrielles) et à proximité des distributeurs de billets de banque ( C.A.F, CPAM, ASSEDIC, Services sociaux municipaux, etc. )
Ou encore :
Le NIKTAMERE ne chante pas la Marseillaise: il la siffle. Il se fait enterrer en Afrique mais personne ne sait qui paie. Il exige qu’on le respecte mais ne respecte rien. Il veille jalousement à la virginité de ses sœurs mais cherche à baiser toutes les filles qu’il croise, d’où conflit de ses valeurs existentielles. Ses occupations favorites sont l’incendie de voitures ainsi que le caillassage des ambulances et des voitures de pompiers et de police.
Ou encore :
Le NIKTAMERE est armé d’un couteau qu’il utilise pour égorger les moutons mais pas seulement. Il répond habituellement au nom de Mohamed, Mouloud, Kader, Rachid ou Mourad. Ses cris sont: « Nique ta mère! », « Nique la police! », « Nique la France! ».
Et la conclusion :
Espèce protégée par diverses associations (MRAP, SOS RACISME, etc.…) subventionnées par l’État, le NIKTAMERE fait l'objet d'une interdiction de chasse, d’où un risque de prolifération dangereux pour l’équilibre de notre système judéo-chrétien.
Si cela ne vous suffit pas, vous trouverez aisément cette page, dont je me refuse de donner le lien.
Et que je ne commenterai pas.
Car, pour l'instant, voyez-vous, j'ai surtout envie d'aller prendre l'air et de respirer un grand coup.
6 commentaires:
Ouais, ou de vomir.
Un grand bol d'air permet d'éviter d'en arriver à cette extrémité.
ça me fait penser aux paroles d'un type, militaire professionnel et membre d'un truc catho extrèmiste qui répondait à une interogation du journaliste (infiltré):
"les panous panous sont les noirs !
Quand on leur tire dessus en Côte-d'ivoire, au Tchad ... Ils disent pas nous, pas nous ..."
Avec des variantes, on retrouve l'historiette parmi les grands classiques des "expatriés" à l'heure du ouisqui.
Voui, restons classiques ...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Saartjie_Baartman
La tradition, han, deuï ...
L'histoire de Saartjie Baartman est un grand classique , en effet, de l'idéologie du "racisme scientifique" (qui reste le noyau dur du racisme diffus).
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