Probablement par manque de temps, ou à cause des interruptions continuelles de son interlocuteur, monsieur Claude Guéant n'a pu donner qu'une courte liste de professions pour lesquelles "il y a en France la ressource", sans qu'il soit besoin de faire appel aux "talents" et "compétences" de l'étranger.
Il aurait pu signaler notamment que, "contrairement à une légende", il est tout à fait contre-productif - pour employer un mot à la mode - de placer devant des élèves de collège ou de lycée des enseignants de langue qui soient des "locuteurs natifs" - pour reprendre une expression très EducNat.
En effet, les apprentis linguistes pourraient acquérir un accent qui ne serait qu'approximativement français...
Hier, Le Parisien / Aujourd'hui-près-de-chez-nous publiait un article de Laurence Allezy (avec L. H.) informant ses lecteurs du Val d'Oise de la mobilisation des personnels, des parents et des élèves du lycée René-Cassin de Gonesse pour protester contre l'expulsion programmée de Sandra Tarazona, qui, depuis le mois de février, assure un remplacement sur un poste d'enseignement de l'espagnol.
(Photo LP/Denis Courtine.)
La situation de Sandra Tarazona est précisément exposée dans un billet du blog d'Isabelle Volat qui reproduit le texte de la pétition de soutien :
Sandra TARAZONA a été recrutée par le rectorat de l’Académie de Versailles pour effectuer une vacation en espagnol du 7 mars au 31 mars 2011, puis en qualité de contractuelle du 1er avril au 24 mai 2011 pour assurer le remplacement d’une collègue en congé de maternité au Lycée René Cassin de Gonesse.
Cette jeune colombienne de 28 ans, enseignante diplômée dans son pays, vit en France depuis le 31 août 2005. Elle y a suivi des études à l’Université de Toulouse le Mirail et à l’Université Paris 12, et est désormais titulaire de deux masters 2 en "Sciences du Langage" et "Institutions, Discours et Communication".
Le 7 mai, Sandra recevait de la préfecture du Val-de-Marne, où elle réside, une missive datée du 28 avril lui demandant "de quitter le territoire français dans le délai d'un mois". Sa présence est devenue indésirable sur notre sol depuis qu'elle a perdu le statut d'étudiante.
Lundi matin, monsieur Alain Boissinot, recteur de l’académie de Versailles, qui accompagnait monsieur Luc Chatel, ministre de l’Education Nationale, à l’université de Cergy-Pontoise a assuré qu'il était bien informé de la situation de Sandra Tarazona, et révélé que ses services s'étaient occupés (activement) du dossier :
"Comme il s’agit d’une enseignante contractuelle qui a donné toute satisfaction, nous avons signalé la semaine dernière au préfet compétent les bons éléments d’appréciation la concernant pour qu’il puisse en tenir compte."
L'article du parisien ajoute :
Le recteur reconnaît d’ailleurs le caractère plutôt exceptionnel de la situation : "Cette démarche d’expulsion concerne bien plus souvent des étudiants que des professeurs."
Expulser les étudiants avant qu'ils ne puissent devenir enseignants, c'est une solution...
D'après une dépêche de l'AFP, relayée par VousNousIls, le site où "la vie éducative se conjugue au pluriel", Sandra Tarazona aurait "obtenu de la préfecture un délai jusqu'au 9 juin"...
Les amateurs de logique administrative à la française apprécieront ce paragraphe :
"J'ai reçu une convocation de la préfecture pour traiter mon dossier sous condition d'avoir un contrat de travail", a-t-elle expliqué "mais le rectorat veut bien me faire un contrat de travail si j'ai une autorisation de rester sur le territoire".
Aucune des deux administrations ne semble décidée à dire le premier mot d'assentiment...
Mais ce qui est réellement intéressant c'est de voir ce qui aura le dernier mot, les besoins des élèves du lycée René Cassin, ou le manque de besoins de monsieur Claude Guéant ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire