Hier, pendant que vous vous prépariez à ne pas aller à la messe, monsieur Claude Guéant était l'invité du Grand rendez-vous Europe 1 - Le Parisien, qui, parce que "l’actualité politique se nourrit de faits, de réflexions et de mots (...), est « LE » rendez-vous politique".
Si, comme moi, vous avez l'habitude de rater tous les rendez-vous importants, deux dépêches largement réutilisées à peu de frais par la presse vous permettront de prendre connaissance des profondes "réflexions" et des "mots" percutants du ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration.
La première dépêche, moins souvent copicollée que l'autre, condense une partie des propos de Claude Guéant sur l'incontournable "affaire Strauss-Kahn/Diallo", pour reprendre l'expression de l'animateur... Pour l'essentiel, on y apprend que "le gouvernement français appuierait une demande de Dominique Strauss-Kahn pour purger sa peine en France s'il était condamné". Le ton est alors très précautionneux et l'on entend bien que les compétences d'administrateur de monsieur Guéant sont au delà de toute critique.
C'est à la toute fin de cet articulet qu'on se prend à pincer le nez :
"S'il était coupable, il serait coupable de faits très graves", a-t-il poursuivi, en ajoutant: "trousser une domestique, ça me semble gravissime".
La rédaction elliptique pourrait laisser croire que le très sérieux ministre de l'Intérieur trouve, lui aussi, très spirituel de requalifier les faits reprochés à Dominique Strauss-Kahn de la même ignominieuse façon que Jean-François Kahn. Il n'en est rien, et il n'avait repris l'expression que pour s'en démarquer.
Malheureusement pour notre malcommunicant de ministre, le bateleur en chef de l'émission l'avait alors interrompu pour insister sur le fait que son (probablement) ami J.-F. Kahn avait, depuis, "retiré" ses propos... Et coupé dans son élan, ce pauvre monsieur Guéant, au lieu de parler tout simplement de "viol" ou de "tentative de viol", est retombé dans les ornières du "troussage de soubrette".
(La photo date un peu, le gloussement est resté le même.)
Monsieur Claude Guéant est incontestablement plus à l'aise quand on l'interroge sur l'une de ses raisons d'être, la croisade contre l'immigration, qu'elle soit légale ou illégale. Comme il ne cherche pas à les nuancer, ses propos, dénués de toute ambiguïté, ont été plus fidèlement transcrits par les rédacteurs de la seconde dépêche.
"Contrairement à une légende, il est inexact que nous ayons besoin de talents, de compétences" issues de l'immigration.
A-t-il affirmé.
"Il y a de l'ordre de 2.000 personnes - on peut avoir ces besoins - qui viennent chaque année à ce titre" légalement en France. "Mais on n'a pas besoin de maçons, de serveurs de restaurants. Il y a en France la ressource."
A-t-il indiqué.
"Contrairement à ce qu'on dit, l'intégration ne va pas si bien que ça : le quart des étrangers qui ne sont pas d'origine européenne sont au chômage, les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés."
A-t-il souligné.
"Donc, ce que je voudrais, c'est que le flux des étrangers dans notre pays soit traitable (...), que nous soyons capables d'intégrer ces populations."
A-t-il conclu.
Mais.
Mais.
Claude Guéant s'est défendu de reprendre des idées du Front national: "Jamais ces idées ni ces mots n'ont été utilisés. Ce sont des mots, il n'y a rien derrière, y compris en matière d'immigration".
Cette ultime précision s'imposait, anéfé, anéfé.
Face à cette banalisation du degré zéro de la parole xénophobe, celle qui se limite, avec une fausse naïveté, aux "faits" constatés, le collectif D'ailleurs nous sommes d'ici a lancé un appel "pour une mobilisation nationale et unitaire contre le racisme, la politique d’immigration du gouvernement et pour la régularisation des sans-papiers".
Il organise une manifestation à Paris le 28 mai 2011 à Paris. Le départ est fixé à 14 h, au métro Barbès-Rochechouart, dans le XVIIIe arrondissement. D'autres manifestations sont prévues dans toute la France (voir les informations qui viendront sur le site).
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