Il me semble qu'il n'y a pas si longtemps les plus fins analystes politiques de ce pays opposaient un populisme de droite, représenté par monsieur Le Pen (Jean-Marie) et fille (Marine), et un populisme de gauche, représenté par monsieur Mélenchon (Jean-Luc).
Celui-ci est ainsi devenu le paradigme de ce que l'on ne tardera pas à appeler, dans les gazettes qui font l’opinion, le gaucho-populisme.
Ce n'est pas cela qui va apaiser son humeur de dogue...
Car ce qui fait tout le charme, à mes yeux, de Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de Gauche, c'est sa dégaine de malcontent toujours de mauvais poil – je ne suis pas loin de penser que les raisons de l'être sont innombrables – et ses coups de gueule, avec les dents, parfois surprenants.
Ainsi, rencontrant, dans les studios de France Inter, monsieur Laurent Wauquiez, ministre chargé des Affaires Européennes, il s'est permis de le qualifier de "roquet prétentieux"...
Ça ne fluidifie pas le dialogue, mais ça soulage.
(Photo Philippe Wojazer/Reuters)
Il est vrai que, la veille, dans l'émission BFMTV 2012-Le Point-RMC, notre brillant spécialiste des Affaires Européennes, s'était autodésigné comme expert oncologue et avait dénoncé "les dérives de l’assistanat" comme étant le "cancer de la société française". Il avait alors indiqué que, pour en contrer les métastases, son groupe, fort joliment nommé "la Droite sociale" – il y a des choses qui ne s’inventent pas - déposerait "dans les 10 jours" à l'Assemblée une proposition de loi pour contraindre les bénéficiaires du RSA à "assumer" cinq heures hebdomadaires de "service social". Le Figaro avait eu la primeur de cette brillante idée dans un entretien du 11 avril qui n'avait pas fait le buzz à l'époque – mais monsieur Wauquiez est tenace, on dirait.
Cette fois, ce fut une entière réussite, et tout le monde en parle.
Ne taxons pas trop vite monsieur Wauquiez de centro-populisme...
Son ambition est tout autre, il nous l'a dit. Ce qu'il souhaite, c'est "réactiver la machine à réfléchir" au sein de son parti, l'UMP, et le "repositionner sur le fond et particulièrement sur les questions sociales". Ce qu'il nous a caché, en revanche, c'est que sa "machine à réfléchir" fonctionnait à plein rendement au café du Commerce, à l'heure de l'apéro.
Diversement désavoué, à différents niveaux, et avec une sincérité variable, monsieur Laurent Wauquiez a fini par promettre de se museler "sur le sujet jusqu'à une prochaine convention de l'UMP consacrée à ce thème, le 8 juin".
Mais cela n’empêche pas l'empressé Figaro de lui servir la soupe en publiant ce matin les résultats d'un sondage Opinionway, commandé en urgence et toutes affaires cessantes après la sortie du ministre. Il en ressort que "Une majorité de Français [est] pour une contrepartie au RSA" - c'est le titre de l'article. Cependant, cette enquête d'opinion, d'un sérieux à toute épreuve, ne nous dit pas pourquoi cette "majorité de Français" s'obstine à s'abrutir dans le travail, au lieu de profiter, comme des rois fainéants, de tous les "minima sociaux" possibles et imaginables en échange d'une toute petite "contrepartie". Il aurait sans doute été possible de cerner cet élément essentiel par un ensemble de questions judicieusement calibrées...
Mais il y avait urgence...
Le thème était lancé, et quand la "machine à réfléchir" est lancée, on n'a plus le temps de penser à tout.
PS : Cet ignoble sondage aura au moins eu une heureuse conséquence : faire sortir Flo Py de son silence bloguistique prolongé.
3 commentaires:
:) (oui ca suffit, il est bien cet article)
oui, ce texte est excellent, comme beaucoup d'autres ici d'ailleurs. Vous êtes un chouette dézingueur de blaireaux monsieur Guy M. Merci !
C'est trop, c'est trop...
Deux commentaires bienveillants comme ça, et j'ai les chevilles qui enflent.
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