Quelques uns, aujourd'hui, aussitôt fondus...
Mais assez pour qu'à peine rentré, me vienne l'envie de retrouver cette page de Winter, de Rick Bass:
24 novembre
Je contemple les flocons un par un; je lève les yeux à travers la neige et scrute l'infinité opaque d'où elle descend; j'écoute le silence particulier qu'elle crée.
Tout ce dont je suis coupable est pardonné quand tombe la neige. Je me sens puissant. Dans les villes, je me sens faible et étiolé, mais ici dans les champs, dans la neige, je suis comme un animal - incapable de contrôler mes émotions, mes bonheurs et mes fureurs, mais libre d'aimer la neige, de me tenir les bras ouverts, comme pour l'inviter à descendre, la regarder glisser et déferler à l'oblique, en proie à ses propres fureurs, la regardant tout effacer jusqu'à ce qu'il ne fasse plus ni jour ni nuit - cette espèce de luminosité tout au long de la journée -, le crépuscule débarquant avec plusieurs heures d'avance, et s'attardant, s'attardant à n'en plus finir.
Jamais je ne vieillirai. Plus cette blancheur tombe, plus je suis riche.
Il en tombe des quantités. Et toute cette neige va atterrir sur mes terres. Pas un flocon ne m'échappera.
Pendant quelques instants, cet après-midi, je suis resté debout dans le champ, en tee-shirt, et j'ai laissé la neige se déverser.
Dans ce livre, paru initialement, en 1991, sous le titre Winter: Notes from Montana, Rick Bass donne le récit-journal de son installation, avec sa compagne Elizabeth Hughes, qui est peintre, dans une vallée perdue du Montana, durant l'hiver 1987-1988.
Comme une lumineuse célébration de l'hiver.
2 commentaires:
Un universel sauvage et enfantin, comme les arc-en-ciels ...
Y en a qui parviennent à l'écrire, parfois
http://www.youtube.com/watch?v=mGSRrt0Br9A
Tu as raison, R. Bass voit arriver la neige en se livrant à un cérémonial "sauvage et enfantin"...
(Merci pour la musique.)
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