vendredi 5 novembre 2010

Les œufs de la discorde

"Tous ensemble, tous ensemble, ouais !"
Comptine syndicale.

Les éleveurs de poules et producteurs d'œufs ont peut-être été les grands bénéficiaires de la mobilisation contre la réforme des retraites, mais je doute que l'on ne nous communique le montant des profits réalisés. Comparé aux promesses de contrats chinois, cela serait sans doute trop faible.

C'est joli comme ça, un peu brouillés dans le lointain.

Le lancer d'œufs, frais ou colorés, a connu un regain de popularité un peu partout en France, et notamment dans la très sage ville de Rouen. Les bénéficiaires de ces jets peu meurtriers ont été, le plus souvent, les agences des banques, les bâtiments du Medef, les sièges de journaux, et les forces de l'ordre qui entendaient s'interposer. Il m'est arrivé d'assister à des tirs groupés parfaitement réussis, surtout le long de la rue Jeanne d'Arc. Je dois avouer en avoir éprouvé un sentiment de satisfaction d'une quiète étrangeté, sentiment qu'il me faudra analyser plus avant lorsque j'écrirai mes mémoires - vieux projet repoussé sine die.

On pourrait sans doute gloser à perte de vue et sans conclusion bien nette, pratique courante connue sous le nom de "débat", sur la signification profonde de ce geste maculatoire... Mais peut-être ne faut-il y voir, tout simplement, que l'expression d'une volonté de réappropriation, sur un mode carnavalesque, de cet espace public qu'est la rue.

Le carnaval, on le sait, n'est admis par les gens sérieux qu'à la condition d'être autorisé, institutionnalisé, et soigneusement encadré, autrement dit qu'à la condition de n'être plus carnaval. Aussi a-t-il été diversement accueilli dans les cortèges, souvent applaudi par les participants, et parfois mis à l'écart par les organisateurs.

Il semble qu'à Rouen, dans un souci de respectabilité, une grande confédération syndicale ait quasiment assimilé les lanceurs d'œufs rigolards à des "casseurs", s'interrogeant fort sérieusement sur les diverses manières de les contenir, de les exclure ou, plus simplement, de leur casser la figure.

Ce cassage de "casseurs" fut tenté à la fin de la manifestation du 28 octobre. En rendant compte de cette "manif pépère", j'avais bien pudiquement signalé "quelques frictions avec le service d'ordre de la CGT". Je n'avais pas assisté à la scène, et je m'intéressais davantage aux opérations policières qui ont suivi la dispersion.

Il apparait maintenant que, loin d'être une banale altercation ayant mal tourné, cette action avait été programmée par quelques responsables locaux fort soucieux, probablement, de leur respectabilité.

On a ainsi pu voir des gens qui, la veille, tous ensemble et sur la même ligne, faisaient reculer les CRS en faction au terminal Rubis, échanger des gnons.

Pourquoi en parler maintenant ?

Bah, je me sens un peu grognon, et ça me soulage.

Comme me soulagerait un lancer de tarte meringuée sur une respectable tronche syndicale...

Existe en plusieurs dimensions,
pour respecter la hiérarchie.
(Emprunté au site de la maison Auriat,
à Laguiole, dans l'Aveyron.)

4 commentaires:

cultive ton jardin a dit…

Mais quel gâchis, de la vraie tarte meringuée!

Je serais la "Maison Auriat", je porterais plainte.

Guy M. a dit…

C'est un fantasme un peu luxueux, j'avoue...

olive a dit…

Ah mais pas du tout.

1. On se cotise, pour les tarte(lette)s, à la même échelle que pour les grévistes.

2. On brouille la victime, pleine face, à l'aide du petit modèle : elle sort la langue tellement c'est bon et adieu la vigilance.

3. On la dénude et la roule dans le grand modèle.

4. Ceci étant, et son entendement brouillé derechef, on la lèche par équipes en trois-huit (les fourmis, tapirs & caméléons font merveille).

5. La crise cardiaque consécutive à la peur de jouir ayant produit son effet, on récupère les moyens de paiement :
— a) le cadavre à la crème (plein de débouchés, je vais pas vous mâcher le boulot non plus) ;
— b) la signature du chéquier, le code de la carte, les clés de la banque.

6. La Maison Auriat acquiert une telle notoriété que Kraft Foods ® la rachète, les actions grimpent grâce à nous, à nous la retraite meringuée.

Elle est pas belle la vie ? :-(

Guy M. a dit…

C'est grandiose !