mardi 10 février 2009

Les démentis de madame Pécresse

Pour une fois qu'elle arrivait à se faire entendre, madame Valérie Pécresse a buté sur une bête histoire de millésime, annonçant l'application de ses réformes à la rentrée 2010, et elle a dû publier très rapidement un démenti, sans doute en GRAS MAJUSCULE pour qu'on en tienne compte avant le 20 heures...

La rapidité avec laquelle la presse en ligne a pris au sérieux son malencontreux lapsus montre bien à quel point le doute commence insidieusement à s'installer concernant la fermeté de la détermination du monsieur qui fait un métier très difficile à la tête de l'état...

Heureusement le communiqué corrigeant la bourde ministérielle a été diffusé assez tôt. Cela a évité à madame Pécresse l'infamie de la disgrâce: on ne l'a pas embarquée à l'aube de ce mardi pour aller occuper un poste obscur d'attachée d'ambassade à Bagdad, où son patron aurait pu la déposer en passant.

Monsieur S. , prêt à partir incognito pour Bagdad,
apprend la bévue de madame Pécresse.
(Cliché de paparazzi)


Dans ce lot de réformes prévues pour l'université, on a mis en avant la modification du statut des enseignants chercheurs, probablement parce que la plupart des universitaires verraient bien une clarification des règles dans ce domaine.

Axel Kahn, le très médiatique Axel Kahn, par ailleurs président de Paris 5 Descartes, s'est laissé aller à une certaine impatience en cosignant, le 29 janvier, une tribune du Monde approuvant le décret révisé.

Monsieur Sarkozy, qui flaire à des lieux à la ronde l'homme de gauche prêt à se laisser séduire par sa puissance de persuasion, en fit état avec éclat et satisfaction lors de sa soirée face à la crise (et face à Alain Duhamel dont le sautillant spectacle est encore plus affligeant que celui offert par la crise).

Il est bien possible que cette mise en lumière sarkozienne ait gêné le professeur Kahn, qui s'est décidé, le 7 février, à préciser à l'AFP qu'il était tout à fait "contre la manière de procéder du président" alors même qu'il est "favorable depuis longtemps, dans son principe, à la modification du décret de 1984 fixant les services des enseignants-chercheurs à l'université".

Le lendemain, madame Valérie Pécresse a rappelé sur le plateau de Ripostes (France 5), le soutien d’Axel Kahn à sa réforme.

J'ignore si elle a publié un démenti.

Hier, 9 février, un groupe de présidents d'universités, réunis à la Sorbonne ont mis au point un appel très court, et sans équivoque:

"Les présidents d’université et les représentants d’université présents en Sorbonne appellent les deux ministres de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche à retirer tous les projets de réforme controversés, condition nécessaire à l’ouverture de véritables négociations et à la relance du nécessaire processus de réforme auquel doit être associé l’ensemble de la communauté universitaire"

Madame Pécresse pourra toujours proclamer que la CPU (Conférence des Présidents d'Universités) la soutient... on n'aura pas besoin de démenti.

Quant aux enseignant(e)s et étudiant(e)s, leur soutien est fort discret.

Nommer une "médiatrice" revient à avouer une certaine impuissance à convaincre...

Ce qui est une situation fort inconfortable en pédagogie. Mais qui vient peut-être d'une erreur pédagogique qu'un stage assez prolongé dans les classes ou des amphis aurait pu éviter à madame Pécresse et à monsieur Sarkozy. Ils auraient pu y apprendre qu'il est extrêmement difficile de se faire entendre après avoir donné libre cours à son mépris populiste...

Le discours de monsieur Sarkozy, prononcé le 22 janvier, est un modèle du genre, et il a été reçu comme tel.

Il a donné lieu à des critiques sévères.

En voici une, en image:




Une pétition obtient actuellement un franc succès auprès des chercheurs. Elle demande au président de la république des excuses pour son discours du 22 janvier:


Ce discours, d’une rare violence dans ses termes, est méprisant et diffamatoire à l’encontre de tous les personnels de nos laboratoires ainsi que de toute la communauté scientifique française. Le diagnostic porté est mensonger et les réformes annoncées par le gouvernement pour la recherche scientifique de notre pays sont hâtives et dangereuses. L'ensemble des personnels, qu’ils soient techniciens, ingénieurs ou administratifs, chercheurs ou enseignants-chercheurs, étudiants ou stagiaires donnent dans leur immense majorité le meilleur d’eux-mêmes avec compétence, professionnalisme, énergie et beaucoup d’abnégation face à un système qui depuis plusieurs années s’escrime à détruire notre outil de travail. Les "admirables chercheurs" qui obtiennent des récompenses prestigieuses ne sont pas "l'arbre qui cache la forêt" mais les fleurons d'une communauté qui aspire à l'excellence et dont le travail est largement collectif.

De plus, ce discours démontre une totale ignorance du principe d'évaluation de la recherche par les pairs (français et étrangers) qui est le standard international incontesté, auquel sont bien évidemment soumis, et ce depuis très longtemps, tous les chercheurs et enseignants-chercheurs français.

Notre communauté est la cible des plus acerbes attaques de la part du Président de la République et de ses ministres. C'est pourquoi nous lui demandons des excuses publiques.


A mon avis, le président va prendre cela pour un outrage...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Waouh… j'avais pas vu cette vidéo, elle est fantastique (et Sarko sa propre caricature à un point incroyable). Merci.

Guy M. a dit…

Je crois que ce sont des chercheurs de Marseille qui ont fait le petit montage.

Il n'avait pas l'air très à l'aise, notre Nico...

Anonyme a dit…

Pourquoi les Français continuent-ils à écouter Iznogoud ? Ne faudrait-il pas commencer par l'ignorer, le mépriser ? 16 millions de Frnaçais devant leurs postes télé la semaine dernière, il a dû jubiler, le Sarko. Laissons-le déjà déblatérer tout seul, pour commencer.Comment se fait-il que les chercheurs présents dans la salle ne se soient pas immédiatement levés pour lui faire comprendre qu'il faut qu'il arrête d'insulter tout le monde ? Il n'y a pas que lui qui travaille en France...
Ca m'énerve !!!

Guy M. a dit…

Je suppose que le 22 janvier les auditeurs étaient des "institutionnels" invités et triés sur le volet...

Même en désaccord, ces personnes ne se déchaussent pas facilement.

Les chercheurs de base, eux, c'est bien connu, sont des feignasses qui se la coulent douce en charentaises.