vendredi 6 février 2009

Jolis chahuts universtaires en tous genres

Autant vous le dire tout de suite: hier soir, j'ai bien cru que j'allais pousser le dernier couac.

D'après mon diagnostic, j'ai été approché par une cohorte de sarkophylocoques à parachutes dorés (ce sont des microbes infectieux récemment mutés), et mon organisme, resté très sain malgré tous mes excès, en a été littéralement infesté.

Ce qui m'a sauvé, c'est de regarder, en lieu et place de la prestation de monsieur Sarkozy, quelques images de l'inauguration, hier, de l'Université de Strasbourg par madame Valérie Pécresse.

Elle avait bien choisi sa date...

Ces vidéos ont été mises en lignes par les Dernières Nouvelles d'Alsace, les DNA, comme on dit là-bas.

Elles montrent un déploiement de contestation joyeuse et insolente qui répond bien au sérieux pontifical des institutions universitaires. Ces gens-là sont une provocation permanente à l'insolence.

Pendant ce temps-là, sur la montagne Sainte-Geneviève...

Les enseignants chercheurs parisiens ont, ce même jour, organisé une manifestation aux alentours de l'ancienne école polytechnique où siège désormais la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, quand elle n'est pas coincée à Strasbourg.

D'après les traces médiatiques que j'avais pu en trouver, la manifestation, plutôt joyeuse et bon enfant, aurait dû se disperser sur la place du Panthéon, à l'entrée de la rue Soufflot.

Les journalistes des agences ont dû se disperser avant la manifestation, car, d'après les témoignages que j'ai pu recueillir, au lieu de se disperser, la majorité des participants est restée sur place, en instaurant un face à face avec un cordon de CRS.

Si j'en crois ce qu'on m'en a rapporté, quelques slogans nouveaux ont été improvisés à cette occasion:

"CRS impuissants, la matraque fait pas d'enfants"; "On veut un CAPES, pour pas finir CRS"; "Rendez-vous, vous êtes cernés".

Ce sont des choses qui permettent de détendre l'atmosphère, certes, mais le tête à tête ne pouvant durer indéfiniment (jusqu'à l'arrivée d'ordres et/ou de renforts), deux groupes de manifestants ont lancé deux charges, de chaque côté du cordon, qui, en se combinant habilement, ont fini par déborder les forces de l'ordre. La manifestation ensauvagée, et encore nombreuse, dévale vers la Sorbonne, puis la rue des Ecoles, où elle force à nouveau le passage en chargeant le cordon de CRS (qui apparemment n'ont toujours pas d'ordres...)

Boulevard Saint-Michel, boulevard Saint-Germain, les manifestants prennent de vitesse les CRS, passent entre les voitures, exhibent leurs pancartes, reçoivent des encouragements et finissent par arriver sur les quais de la Seine.

Une accélération de la cadence a coupé le groupe en deux, et quai Malaquais, les forces de l'ordre sont en nombre. Pas de gazages, mais charges et matraquages dans tous les sens, avec un certain déploiement d'agressivité mal contrôlée. Quand on ne contrôle pas la situation globale, il est difficile de contrôler en plus son agressivité... et puis c'est tout de même jouissif, non, d'écraser des paires de lunettes sous ses godillots...

Le dernier carré de résistance, d'à peu près 150 personnes (pas d'interpellations), s'échappe par le pont des Arts, et va se perdre je ne sais où, vers le Louvre.

La grève continue et la prochaine mobilisation aura lieu mardi.


PS: Comme j'étais au bord de la syncope fatale en rédigeant mon billet d'hier, j'ai oublié de signaler la journée de mobilisation contre l'enfermement des étrangers, demain, 7 février, à l'appel du RESF, d'UCIJ (Unis Contre une Immigration Jetable) et de Migreurop.

En cherchant bien, vous ne devez pas être très loin d'un point de rassemblement.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Eheh… Il n'est pas de nouvelle qui puisse me faire plus plaisir : des étudiants qui débordent les CRS pour dévaler vers la Sorbonne, c'est la classe. Merci beaucoup pour l'info. :-)

(On finira bien par y arriver, à cette fichue convergence des luttes, si tous les mouvements de contestation continuent à s'enchaîner ainsi.)

Guy M. a dit…

C'est assez réjouissant de retrouver des nouvelles d'une manif "normale":pas trop encadrée, un peu déconnante et surtout débordante...

Vivement le printemps !

Marianne a dit…

Je ne peux manifester ma joie que devant mon miroir à la lecture de ce récit , cela fait deux personnes de plus .Chacun œuvre pour augmenter le nombre ou le réduire . Sur un coup pareil j'aimerai que nous soyons plus nombreux à apprécier.

Guy M. a dit…

Rassurons-nous, il reste pas mal d'esprits frondeurs autour de nous...

Anonyme a dit…

"il reste pas mal d'esprits frondeurs autour de nous..."

Clair. Et avec le printemps, ils vont se multiplier. Ça va éclore sec !

Guy M. a dit…

La relève est assurée...