vendredi 20 février 2009

Internationalisme culinaire

Il m'arrive d'utiliser dans ce blogue, généralement bien informé, les indiscrétions que me transmet l'une de mes sources infiltrée au palais de l'Elysée.

Je ne peux en dire plus, sinon qu'il est bien connu qu'il n'y a pas de grand homme pour son valet de chambre, ni pour son aide cuisinier spécialisé dans la confection du vin chaud aux épices à la manière de Taillevent.

J'ai donc appris que, malgré ses multiples prestations télévisées, monsieur S., président de la république, avait préparé d'arrache pied l'inauguration du salon de l'agriculture. Il a évidemment révisé les fiches qu'ont établies pour lui ses partisans de la F***A, mais, et c'est assez surprenant, il a surtout étudié assidûment, auprès d'un professeur d'éloquence et de diction renommé, monsieur H. G., quelques mots d'esprit bien sentis afin de remplacer, le cas échéant, le fameux « Cass'toi, 'lors, pauv'con! » qui a eu un peu trop de succès.

Il est prévu qu'en cas de lazzis reprenant ce surprenant « pauv'con », le président répondra « Enchanté, moi, c'est Sarkozy ».

Jacques Chirac ne demandera pas de droits d'auteurs, il a largement oublié l'avoir dit.

C'est pourtant un mot d'auteur
que le monde entier nous envie.

Je n'ai jamais mis les pieds au salon de l'agriculture, où pourtant est possible la dégustation de toutes les vraies et fausses spécialités des régions françaises, ainsi que celle de tous les vins trafiqués ou non...

On m'a souvent dit que ça m'intéresserait. J'ai souvent répondu que je verrais...

En réalité, je réfère découvrir les choses un peu plus en situation, et je crois que rien ne vaut, autour d'une table, partout en France et partout dans le monde, ce geste large du maître ou de la maîtresse de maison invitant son hôte à se resservir...

Face à cela, peu m'importent les réussites chichiteuses de l'agro-alimentaire français, même assaisonnées du sourire commercial régional estampillé label rouge.

Un jour, je vous dirai tous les risques que j'ai pris à me nourrir en de lointains pays...

Matière première.

Mais en ces temps où le protectionnisme imbécile en vient à envisager des mesures d'épuration de la cuisine « ethnique », comme on peut le voir ici, je préfère vous indiquer comment faire un des joyaux de la cuisine d'Afrique de l'Ouest: le célébrissime poulet yassa.

Je ne vous indique pas les proportions: on ne m'en a jamais donné; et je suis approximatif sur les ingredients: on doit toujours pouvoir adapter une recette. Le dogmatisme est la maladie infantile de l'art culinaire.

Donc, vous tuez, plumez, videz un poulet « bicyclette » (c'est un « poulet de brousse » qui s'est nourri presque tout seul, et n'a pas trop de graisse...). Vous le découpez en morceaux et vous le laissez mariner pendant une demi-journée dans un abondant jus de citron. Vous pouvez mettre du jus de citron vert, ce n'est pas mauvais non plus. Certains enduisent les morceaux de moutarde, je préfère les accompagner de purée de piment enragé.

Attaquez la cuisson en passant vos morceaux au grill, sur charbon de bois, bien entendu, et cela peut fumer un peu, vous n'en mourrez pas. Inutile de les cuire complètement... Réservez.

Epluchez une bonne quantité d'oignons, que vous découperez en rouelles. Faites les fondre et blondir dans une cocotte, en touillant dans de l'huile d'arachide.

Ajoutez les morceaux de poulet, le jus des citrons qui a servi de marinade, de l'eau ou du bouillon pour recouvrir. Parfois, je triche un peu en ajoutant une noix de pâte d'arachide, j'aime bien le goût.

Bien sûr, vous aurez salé quand il le faut...

Vous faites mitonner tout cela le temps nécessaire pour que la viande soit bien fondante.

Vous servez avec du riz, ou les céréales qui conviennent à votre gros colon.

La recette est originaire du Sénégal, mais je l'ai découverte au Mali, puis retrouvée en Côte d'Ivoire.

Allez-y, reprenez un morceau...

Vous mangerez avec modération demain. Vous avez le temps.

8 commentaires:

olive a dit…

Bon ! Je vois écrit : «enregistrer un commentaire», et non pas «écrire un livre». Donc :

1. Préparer à manger, «c'est ma prière» (Jeanne Moreau la mécréante).

2. «J'ai mangé des lézards, des serpents et des sauterelles ; et, de ces nourritures dont l'idée te soulève le cœur, je m'approchais avec l'émotion du néophyte, convaincu que j'allais créer un lien nouveau entre l'univers et moi.» (Cl. Lévi-Strauss)

3. Souvenir du poulet yassa de Homi et Nabou, dont j'avais le droit de m'empiffrer en attendant les descentes de la B.A.C., vu que j'avais repeint le "restaurant", rue des Envierges. Vert, le citron. Féroce, le piment. Moutarde ? Ah non.

4. «Coco-ouico, meussieu Poulé» (Jean Rouch).

Marianne a dit…

Merci pour la recette du poulet yassa mais il est difficile, impossible de trouver un poulet bicyclette à Paris et puis l'ambiance du maquis !

Guy M. a dit…

@ Pièce détachée,

Tu aurais dû écrire le billet...

Je vais dès que possible faire un tour rue des Envierges, voir si le restaurant est bien repeint...

@ Marianne,

Comme je suis un hérétique culinaire convaincu, je remplace parfois le poulet par une pintade.

Pour l'ambiance, on s'arrange...

Anonyme a dit…

Pas de poulets à Paris ? Vous rigolez j'espère : j'ai l'impression qu'il n'y en a jamais eu autant…

(Je sais, c'est nul, je vais me cacher

Guy M. a dit…

Le problème est que le poulet à bicyclette y est trop dodu, à mon goût.

Anonyme a dit…

Et sa viande un peu trop dure, non ? C'est parce que ce sont de vieilles carnes…

olive a dit…

Cher Guy, il y a plusieurs années que ce "restaurant" n'existe plus. Je ne sais pas par quoi il est remplacé...

Guy M. a dit…

@ JBB,

C'est une insulte ou un outrage, je m'y perds...

@ Pièce détachée,

C'est dommage... Mais j'irai quand même en pèlerinage (et parfois les passants se rappellent).