Entre la fin du Tour de France et le début des Jeux Olympiques, on s'ennuie ferme dans les rédactions de province. Pas encore de canicule cette année... et l'affaire Siné, c'est bon pour les parigots intellos. Alors, autant ressortir les bons vieux marronniers et placer juste sous la météo des plages les chroniques attendues: par exemple, "ils passent des vacances originales pas loin de chez vous".
Je ne parlerai évidemment pas des vacances de monsieur et madame Sarkozy, qui ont choisi de faire comme vous et moi (enfin surtout vous) et jouent les pique-assiettes dans la belle famille de monsieur. C'est d'un banal! mais ça les rapproche de nos préoccupations franchouillardes de manière très bénéfique: de l'imaginer aux prises avec une belle-mère(et quelle!), les français trouvent notre Nico plus sympathique et le font remonter dans les sondages.
Ceci dit, la proximité a ses limites. Ne songez pas à aller faire un petit coucou à la famille Sarkozy-Bruni en vous baladant en nuhélème au dessus du cabanon de Brégançon, vous risqueriez les désagréments d'une interpellation, voire plus... Les jeunes époux veulent probablement pouvoir jouer à cache-cache dans les buissons tranquillement. On les comprend.
On notera l'extrême originalité des vacances de la famille Diaz:
Un couple d’Equatoriens, M. et Mme Diaz et leur petite fille Elodie, 2 ans et demi, domiciliés à Illex en Belgique, ont décidé de passer quelques jours de vacances en France. Après une semaine dans un camping de Cherbourg, ils reprennent la route pour visiter le Mont St Michel. C’est sur ce trajet qu’ils sont arrêtés lors d’un contrôle routier le 25 juillet. Fouille en règle du véhicule, contrôle des papiers : ils sont en situation régulière en Belgique, leur fille ayant d’ailleurs la nationalité belge. Passeports, carte de résidents, il ne manque que la carte d’identité de leur fille. Aujourd’hui la préfecture explique que le conducteur a présenté un permis de conduire équatorien expiré. C’est évidemment la raison pour laquelle ils sont d’abord conduits au commissariat de Cherbourg puis présentés au juge des libertés et de la détention qui décide de les placer en rétention et de les transférer dans une prison pour étrangers, le Centre de Rétention Administrative de Saint Jacques de La Lande (Ile et Vilaine), spécialement aménagé pour « accueillir » les familles.
Ce récit est tiré d'un article du site de RESF, où l'on ajoute:
La famille équatorienne a payé le prix fort, celui des centaines de milliers de contrôles et d’interpellations exigées pour atteindre 26000 expulsions. Elle doit être évidemment indemnisée financièrement pour les dommages subis. Elodie, coupable d’être partie en vacances sans carte d’identité, pourra –t-elle un jour oublier qu’à deux ans et demi, elle a été enfermée, avec ses parents qui n’avaient commis aucun crime, 48 heures en cellule à Cherbourg et 5 jours derrière les portes fermées d’une prison pour étrangers qu’elle cherchait à ouvrir, dans ce pays voisin du sien et appartenant à la même Europe ?
Ils ont l'indignation toujours aussi facile à RESF, vous ne trouvez pas ?
Tout comme les gochisses du Contre-Journal qui donnent la parole à Damien Nantes, de la Cimade, sur le même sujet.
Photo de Fanny Lancelin, illustrant un bel article
"Pas de "bascule": ni pour les petits ni pour les grands",
sur le blog Enfants Etrangers Citoyens Solidaires - Nantes
La palme de l'originalité dans la "débrouille" pour passer des vacances inoubliables revient sans conteste à madame Marina Petrella, ancienne militante italienne des Brigades rouges, écrouée depuis un an dans l’attente de son extradition vers l'Italie.
Le 23 juillet, elle a été transférée de l'hôpital pénitentiaire de Fresnes à l'hôpital psychiatrique parisien Sainte-Anne. C'est sûrement plus classieux!
Dans un communiqué, le parquet général de la cour d'appel de Versailles a précisé que la mesure de transfert avait été "sollicitée par l'intéressée" et décidée par la direction de l'Administration pénitentiaire avec l'accord du procureur général de Versailles. Le transfert doit permettre à Marina Petrella "de recevoir les soins adaptés à son état de santé".
Le Docteur Frédéric Rouillon, professeur de psychiatrie à l’université Paris-V René-Descartes, qui exerce à la clinique des maladie mentales et de l’encéphale de l’hôpital Sainte-Anne, a publié, avec Serge Blisko, député de Paris, président du conseil d’administration de l’hôpital Sainte-Anne, une tribune intitulée "Marina Petrella ou la déraison d’Etat" dans le journal Libération.
Il faut la lire: un psychiatre est d'une certaine façon un spécialiste de la déraison.
Il faut aussi écouter le professeur Rouillon interrogé sur France-Info: on entendra que ce n'est pas un excité gochisse...
Bien sûr les "braves gens" qui n'ont jamais ressenti au creux de leurs os, ne serait-ce qu'un instant, cette totale fatigue d'être qu'est la dépression profonde, et qui ne peuvent la concevoir, pourront ricaner aux nouvelles des "vacances" de Marina Petrella.
Passez de bonnes vacances, "braves gens".
2 commentaires:
Coucou!
Merci pour ces idées de vacances...
Nuhélème chez Sarkozy ou Gardavu chez... sarkozy (and co.)... mmh... on ne sait que choisir.
Mais j'ai mieux. Je ne pourrai malheureusement point y aller cette année, mais fin août, pas loin de la pointe du raz (le bout du bout de notre vieux continent, pour que vous puissiez situer), à Douarnenez, y'a le festival de cinéma de Douarnenez, autoproclamé "festival des minorités". Cette année, c'est sur le Liban. Et au fait, en parlant de Liban, vous avez couru voir Valse avec Bachir ou pas encore?
Donc voilà.
Leur site internet : http://www.festival-douarnenez.com/
Salut Myrage !
Je l'ai vu, Valse avec Bachir ! Et j'ai adoré ! Par contre, j'ai raté Sous les bombes, qui est - paraît-il - très bien aussi.
Bises !
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