mardi 22 avril 2008

Réponse publique à une question privée

Les trois fidèles de ce blog connaissent déjà LA quatrième, ma groupie du Cantal qui, ayant trouvé mon adresse, sature ma boîte virtuelle de courriels hystériques et libidineux, d'un volcanisme, un peu ancien certes, mais qui ne laisse point de m'inquiéter. On a vu souvent, n'est-ce pas, rejaillir le feu d'un ancien volcan qu'on croyait trop vieux. Ne me reprochez pas mon absence de courtoisie, j'ai connu Lulu à l'école primaire de Trifouillis-la-campagne, elle ne cachait rien, et surtout pas son âge, qui était double du mien. Il n'y a pas de raison que ce dernier point ait changé.

Or donc voici: Lulu insiste pour que je révèle publiquement les véritables raisons de ma présence à La Rochelle; elle craint, que dis-je, elle redoute que ce ne fût pour de sombres motifs gaudriollesques. Ses menaces étant détaillées, précises et chirurgicalement réalisables avec ses moyens rudimentaires, je me vois contraint de lui donner satisfaction.

En vrai, je me suis rendu à La Rochelle pour me rapprocher de l'île de Ré.

Et pourquoi l'île de Ré ? diras-tu, Lulu.

D'abord, dire Merde à Vauban.*

Et surtout perpétrer un attentat pâtissier suicide sur la personne de monsieur Yonel Jospin, résident intermittent de l'île de Ré (et pas au bagne).

On connaît, car j'en ai déjà parlé ici, mes pulsions gloupières; je comptais innover en utilisant un baba au rhum bien coulant - le sirop parfumé du baba me semble plus pégueux que la crème et mon identité normande se refuse à jeter de la "bonne marchandise".

Mais pourquoi donc Yonel ? dis-tu Lulu.

Parce que.

Parce que Yonel Jospin est pour moi l'icône de l'impuissance du prétendu Parti Socialiste, et plus même que l'icône, il est, fait homme, le Verbe terne, médiocre, décoloré, de ce parti. Il incarne le manque absolu d'imagination d'un second de la classe, qui s'applique à garder sa place sans surtout briller, ni choquer qui que ce soit. Et quand il veut se hausser d'un cran, en y allant comme à reculons, il la perd, cette place, face à deux roublards en goguette. Drapé dans une dignité blessée, il se retire pour mieux revenir, de temps à autre, regarder par dessus l'épaule des autres emplâtres qui lui ont succédé à la tête du parti, et jouer les grands sages qui n'ont rien dit, mais qui n'en pensent pas moins (et qui l'écrivent). Son empreinte demeure sur cette direction du parti, qui se chamaille, avec ce discours atone, sans vie, de recalés du conservatoire d'Art Dramatique**.

A La Rochelle, mon contact, rencontré discrètement au café de la Paix, rue ou place de Verdun, m'informa que Yonel s'était absenté pour "communiquer" de toute sa lumière éteinte dans une émission de radio ou de télé…

Le projet tombait à l'eau et le dieu de la météorologie sait qu'il en tombait aussi, de l'eau. La Rochelle ruisselait de toutes ses gouttières et plus trempé qu'un baba au rhum, je rentrai à l'Hôtel où la petite dame*** m'assura que "ça arrivait même en saison". En plus, j'étais hors-saison!

En cherchant à me perdre dans la vieille ville (entreprise ardue, comme dans toutes les villes à remparts), je finis par arriver dans le quartier Saint-Nicolas, ancien quartier de marins. Pas de rues à arcades, mais pas non plus de ces boutiques de "luxe" qui accompagnent leur vulgarité naturelle et assumée de bouffées de ces parfums entêtants à vous faire regretter les lacrymos de la maréchaussée.

Et puis, sur une petite place (de la Fourche, si ma mémoire est fidèle), j'ai vu une petite galerie, qui s'appelle La Petite Galerie, où un peu de soleil s'était réfugié.

Il y avait là des céramiques de Laurent Dufour****, d'abord des plats et des coupes portant des graphismes sur fond blanc-gris-blanc avec variations, et surtout des plaques de poteries, plus colorées que j'ai bien aimé regarder et que j'ai tenté de photographier*****.







Toutes les pièces sont cuites dans un grand four à bois, donc en présence de la flamme qui "intervient" de manière un peu aléatoire dans le résultat final. Laurent Dufour m'a montré de tels effets sur cette pièce.

Nous avons un peu parloté, j'ai joué aussi sérieusement que possible mon rôle de cuistre parisien désargenté… Quand je suis reparti, le soleil continuait de tomber en morceaux, mais j'avais une petite provision de couleurs dans les yeux.








*   Paroles: Pierre Seghers. Musique: Léo Ferré

                              Bagnard, au bagne de Vauban
                              Dans l'îl' de Ré
                              J'mang' du pain noir et des murs blancs
                              Dans l'îl' de Ré
                              A la vill' m'attend ma mignonn'
                              Mais dans vingt ans
                              Pour ell' je n'serai plus personn'
                              Merde à Vauban
                               (…)

**       Le parti découvre l'idéal et le réel… ai-je lu quelque part. Cela me rappelle Laurent Fabius citant le docteur Lacan à propos du Réel. Feint-il (et les autres avec lui) d'ignorer que pour un socialiste, plus encore que pour un lacanien, le Réel est l'impossible et que justement, être réaliste, c'est exiger l'impossible?

***      Je choisis toujours des hôtels tenus par des petites dames… Est-ce grave, docteur?

****    à Charpenet Prissac (Je suppose que ça doit être dans les Charentes Maritimes).

*****  J'ai honte du résultat, mais je sais que la honte ne me survivra pas (Pardon, Kafka).

16 commentaires:

Anonyme a dit…

En fin de compte, la céramique c'est aussi joli que le grès (ou le granit).

Franchement j'aurais trouvé tristounet de faire perdre un baba au rhum pour un ex-chef d'un ex-parti.

Le mauvais temps, se serait-y pas que tu aurais essayé de jour "Merde à Vauban" au saxo  ? Tiens, peut-être que ce serait plus efficace qu'une tarte (sans crème tu as raison).

(Alors comme ça on fait tourner la tête aux vielles dames... Tssst... Tssst...)

Anonyme a dit…

(aux vieilles aussi...)

Guy M. a dit…

Mais Lulu n'est pas vieille: le double de mon âge, surtout mental, c'est même plutôt jeune...

N'insistons pas, de peur d'être inculpé d'apologie de la pédophilie...

Anonyme a dit…

Tu m'as manqué. A chaque fois que je te lis, j'ai l'impression que mon esprit se remet en route. Tu n'irais pas écouter Baer lire Modiano au théâtre de l'Atelier un de ces ouiquendes prochains ? K

Guy M. a dit…

N'éxagérons pas... et tu sais bien que le manque est un vilain défaut...

Mais Modiano, pourquoi pas? Mais qui est Baer ? Tu sais bien que je n'y connait rien en acteurs (sauf mon voisin de Ménilmontant).

Anonyme a dit…

http://littlesa.free.fr/dotclear/index.php?2008/04/18/479-baer-modiano-rajout

Edouard Baer, c'est le monsieur sur l'affiche :-) (j'adooore !!!)

Bises !

PS à l'anonyme : merci du tuyau, je n'étais pas au courant.

Guy M. a dit…

@ Flo Py,
Tu adores le monsieur ou l'affiche (oh que je suis mauvais! mais regarde l'heure de ce commentaire)?

Merci pour le complément d'information (comme je vis comme un bénédictin, sans ciné, sans télé, sans théâtre, je ne pouvais pas savoir...)

@ anonyme K.,
Vingt représentations, donc ça se termine vers le 45 avril... Va falloir faire fissa, comme on dit en alsacien...

Anonyme a dit…

(.......)

Guy M. a dit…

Lulu,
Ton commentaire a été supprimé.

Tu sais bien que tu n'es qu'un fiction mal ficelée... alors sois raisonnable.

Anonyme a dit…

ouiiiii le retour de l'escalier! AAAAhhh c'est pas tout ça mais je commençais à m'ennuyer dans mon stage!Pour répondre à votre question, je suis actuellement l'humble servante de Bertrand-Le-Magnifique. Je m'occupe de ses parcs et jardins je vais donc essayer d'influer pour répandre votre concept de conservatoire des mauvaises herbes dans la capitale. Je dis "essayer" car en tant que stagiaire je suis à peu près au même niveau que Jason dans l'organigramme. (Jason est un beau cheval de trait qui débarde du bois dans le bois de Vincennes)

M.

Anonyme a dit…

J'adore Edouard Baer, bien sûr (l'affiche, quant à elle, n'a rien d'exceptionnel).

Bises !

Guy M. a dit…

@anonyme stagiaire,
J'ai hélas tondu la pelouse en rentrant...
Pour affiner le concept de conservatoire des mauvaises herbes (TM), tu trouveras dans un album de Gaston Lagaffe la tondeuse idéale, bricolée à partir d'une tondeuse de coiffeur (il suffit de mettre des roues, d'allonger les poignées et de motoriser). Bertrand est un fan de mécanique: il démonte son vélib tous les soirs.

@la lectrice en bas âge etc...,
J'en avais bien peur...

Bises quand même!

Anonyme a dit…

Au fait, j'ai oublié de demander ce que veut dire "pégueux". Même mon fidèle Robert ne m'est d'aucune utilité, sur ce coup-là ; j'en ai déduit que c'est une expression locale ;-)

Guy M. a dit…

Chère lectrice en bâs age,
C'est bien local, mais plutôt du sud de la France. Cela signifie "collant"...
tu peux revendre ton Robert à 50 eurocentimes chez G***rt.
Bonne nuit,
Blogueur insomniaque.

Anonyme a dit…

Taratata ! Mon Robert et moi, on est inséparables ! Pas question de l'abandonner chez G***rt !

Guy M. a dit…

Je t'en offre 1 euro.
C'est une affaire!