Les témoignages photographiques directs de la chasse aux migrants dans le voisinage de Calais, réalisés depuis des années par la militante qui signe du pseudo de Zetkin, n'auront jamais droit à la Une du quotidien bobolibéral qui porte le pseudo de Libération.
Zetkin n'est pas vraiment fréquentable.
Elle est, de plus, totalement irrécupérable.
Et cela ne m'étonnerait pas trop d'apprendre que certains jugent ses actes et ses propos indéfendables...
Dans Rue89, elle explique:
Depuis 2004, j'ai utilisé un appareil-photo et ma voix pour repousser les interventions policières. Le spectacle de la chasse à l'étranger était insupportable dans nos rues de Calais. J'ai compris très vite les frayeurs de la police face à des personnes qui témoignent.
Mon travail fut de récupérer les informations données par les réfugiés chaque jour, sur les heures et les lieux des interventions, le niveau de violence et de diffuser ces événements. (...)
(...)
J'offrais le contre-spectacle des procédures xénophobes de l'Etat. Tous les policiers me connaissaient. J'étais « la journaliste ». Je diffusais sur un site militant et envoyais sur des listes engagées mes « rapports » de surveillance.
J'ai persévéré après ma première garde à vue. Je savais qu'avec ce pouvoir, il fallait continuer, ne pas céder, ne pas avoir peur.
Je ne suis pas une bénévole humanitaire. Je suis une militante politique communiste engagée dans plusieurs luttes. Je pensais que faire respecter la loi en surveillant son application dans la rue nécessitait une prise de risque calculée face à la police. Je ne limitais pas mes actions à cette surveillance pénible et coûteuse en temps et en émotion. Je travaillais également à la défense juridique des réfugiés sans papier et demandeurs d'asile et rappelais souvent leurs droits fondamentaux.
De ce fait, les mesures prises à mon encontre par l'ensemble police-justice sont pour moi fortement logiques. L'Etat était capable de s'attaquer aux humanitaires, pourquoi pas à moi ?
J'ai renoncé à dénombrer ces "mesures fortement logiques" qui sont tombées sur le paletot de Zetkin.
La dernière en date est une plainte déposée pour diffamation par monsieur Gérard Gavory, sous-préfet de Calais, à la suite d'un texte publié par Zetkin sur le site d'IndyMédia-Lille, le 7 novembre 2008.
En ce début novembre, en effet, les autorités britanniques et françaises avaient prévu de remplir un charter pour Kaboul avec des Afghans chassés du Pakistan et ne connaissant même pas leur pays d’origine. Les conditions dans lesquelles s’étaient effectuées les arrestations avaient été particulièrement violentes, avec hélicoptère et interdiction aux journalistes d’approcher. Le responsable de l’association Salam, Jean-Claude Lenoir, avait été jeté au sol, mis torse nu, menotté, avant d’être placé en garde à vue et poursuivi pour outrage à agent et rébellion. « Comme d’habitude », remarque Zetkin. Et c’est en annonçant cette arrestation qu’elle a exprimé à l’égard du sous-préfet tout ce que suscitent d’indignation les nombreuses entorses aux droits du quotidien calaisien. Rappelons qu’après remontrance de la Cour européenne des droits de l’homme au gouvernement français, les Afghans n’ont pas été expulsés. (Emilie Rive, dans l'Humanité)
Monsieur le sous-préfet s'était ému de se voir qualifier d'«homme du convoi vers la mort», et offusqué de lire:
«La France de Pétain, on lui obéit ou on la combat. Gavory a choisi.»
L'audience, prévue initialement le 16 juin 2009, a été reportée au 6 octobre.
Ce jour-là, un charter franco-britannique devait emporter vers Kaboul des réfugiés Afghans récemment raflés dans la jungle de Calais. Le vol fut annulé par le ministre des Expulsions, qui prétexta des difficultés diplomatiques. Le sous-préfet, trop occupé peut-être par l'organisation de ce "transfert", n'était pas venu au tribunal, et Zetkin avait écrit dans son dos: "non au charter de la mort, 20h rendez-vous à lille".
Mardi dernier, la Voix du Nord annonçait la sentence sous le titre Une militante pro-migrants condamnée face au sous-préfet de Calais:
Le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer a rendu son verdict dans l'affaire opposant une militante pro-migrants au sous-préfet de Calais.
Il a condamné Marie-Noëlle Gues, Calaisienne de 50 ans, à verser 1 500 euros d'amende au Trésor public, ainsi qu'un euro de dommages et intérêts au sous-préfet Gérard Gavory. Elle devra par ailleurs payer 750 euros de frais de justice.
Marie-Noëlle Gues, alias Zetkin, a fait appel du jugement.
A la nouvelle de ce verdict, monsieur Eric Besson s'est autorisé à publier un communiqué pour s'en réjouir en termes ministériels.
Eric BESSON, ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire salue cette décision, adresse ses félicitations au Sous-préfet de Calais pour les démarches engagées, et encourage l’ensemble des représentants de l’Etat à entreprendre de telles poursuites contre tous ceux qui portent ainsi atteinte à l’honneur de notre République.
Le sous-préfet doit être tout content de recevoir cette gâterie...
Comme tous les communiqués du ministère, celui-ci se termine par une citation verbatim du ministre soi-même, qui atteint ici des sommets dans le domaine de la philosophie politique:
«La maîtrise des flux migratoires se situe au cœur de la souveraineté de l’Etat. Cette mission est noble, parce qu’il n’y a pas de droits et de devoirs sans République, et parce qu’il n’y a pas de République sans frontières. Notre République ne doit pas se laisser humilier par ces diffamations caractérisées, doublées de graves offenses à la mémoire de la déportation» a conclu Eric BESSON.
Passons sur le sophisme central déguisé en syllogisme:
Majeure: Il n’y a pas de droits et de devoirs sans République.
Mineure: Or il n’y a pas de République sans frontières.
Conclusion: Donc la maîtrise des flux migratoires (soit la xénophobie d'Etat) est une noble mission.
(Il me semble qu'on peut ainsi mieux éprouver la validité des prémisses et de la conclusion...)
Passons aussi sur la notion d'humiliation et les "graves offenses à la mémoire de la déportation". Sur ce dernier point, on connaît d'anciens déportés qui ne partagent pas les vues de monsieur Besson, mais monsieur Besson ne doit pas les connaître.
Reste cette affirmation selon laquelle "la maîtrise des flux migratoires"* serait "au cœur de la souveraineté de l’Etat", qui constitue à coup sûr un beau sujet de dissertation pour le concours d'entrée à Sciences-Po.
Il n'a pas pris une ride depuis une bien triste époque où l'Etat Français s'humiliait tout seul...
* C'est-à-dire, on ne le dira jamais assez, la mise en place d'une véritable xénophobie d'Etat, posant l'étranger comme problème à réduire et le stigmatisant comme source de toutes les difficultés.
PS: Amicale reconnaissance de dette envers JR qui, dans un de ses commentaires, a attiré mon attention flottante sur le verdict du procès de Zetkin et sur le communiqué bessonnien.
4 commentaires:
Pouvez vous expliquer le dessin"Zetkin a l'habitude d'assurer sa défense toute seule."je ne comprends pas ce dessin,j'ai essayé de l'agrandir,pas moyen.
Il me semble voir une femme sur un "diable"poussé par ?
Dans quoi est elle?
De qui est le dessin?
Merci.
Ce dessin a été prélevé sur IndyMédia-Lille, d'un article de Zetkin précédant l'audience de son procès. Il ressemble à un dessin de presse, un peu caricatural (voir le chapelet avec faucille et marteau). Il était accompagné de la légende: "Zetkin au tribunal, même malade". Il semble bien, anéfé, qu'elle soit sous perfusion (on devine le pied de perf, et le flacon).
Le document est à cette adresse:
http://lille.indymedia.org/spip.php?page=article&id_article=17739
Merci de la reconnaissance…
Et il n'y a pas de dette.
Je m'étonne d'un détail : je croyais que commenter une décision de justice était un acte illégal. Notre ministre des coups de pieds au cul (qui se perdent) serait il légaliste à géométrie variable ?
Abraso
JR
Cette manière de contourner la règle de "réserve" face à une décision de justice est de plus en plus courante dans les ministères...
(Sans toi, je n'aurais pas trouvé ce communiqué, alors merci encore.)
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