vendredi 6 novembre 2009

Un peu de légèreté dans un monde de poids lourds

Sur les cours de récréation de ma toute petite enfance, on ne jouait pas encore au "foulard".

Parfois pourtant nous nous livrions à de grands défis, en un face-à-face belliqueux, au jeu dit de la barbichette:

Je te tiens,
Tu me tiens,
Par la barbichette

Le premier
De nous deux
Qui rira
Aura
Un' ta-pette.

Comptine parfois suivie de:

Au bout de trois
Un! Deux! Trois!

Mais jamais, en nos contrées, de cette variante:

Un, deux et trois
Croisons les bras
Comme des p'tits soldats !

La difficulté du jeu résidait en la terrible contrainte exigeant de garder son sérieux, et de manière imperturbable, après avoir claironné ce mot de "tapette", dont on connait bien la polysémie hilarante. D'ailleurs, certains participants étaient assez fourbes et déloyaux pour remplacer, de manière à peine audible, "aura une tapette" par "sera une tapette"... Aux alentours, des cascades de rires cristallins dévalaient les pentes du silence relatif entourant les deux adversaires...

Je te tiens, tu me tiens par le judogi...

Je vous parle d'un temps que les moins de quarante ans n'ont pas connu...

Mais je me demande si monsieur David Douillet, sur la cour de l'école de Neufchâtel-en-Bray, sis en ce pays célèbre pour sa boutonnière et son bondard, n'a pas connu de grands moments ludiques de cette sorte qui auraient laissé une indélébile empreinte en quelque endroit de son subconscient.

Car je trouve assez touchant, voire même attendrissant, de constater que c'est ce mot délicatement enfantin et désuet de "tapettes" qu'emploie monsieur Douillet dans son autobiographie, écrite précocement avant la trentaine, pour désigner, selon sa glose, "les hommes qui ne s'assument pas".

On peut lui signaler que "tapette" se dit plutôt désormais, sur les cours de récréation des écoles maternelles, "pédé", "sale pédé", ou "s'pèce d'enculé".


Un homme qui s'assume:
"On dit que je suis misogyne.
Mais tous les hommes le sont.
Sauf les tapettes !"

Il faut rendre grâce au Canard Enchaîné d'avoir exhumé des poubelles de la petite histoire L'Ame du conquérant (Robert Laffont, 1998), de monsieur David Douillet, et de nous en avoir donné quelques extraits (à retrouver sur LeMonde.fr).

C'eût été bien dommage de passer à côté de ces brillants développements sur la condition des femmes, qui reposent sur cet immémorial principe:

"C'est la mère qui a dans ses gènes, dans son instinct, cette faculté originelle d'élever des enfants. Si Dieu a donné le don de procréation aux femmes, ce n'est pas par hasard"

C'est effectivement d'une simplicité toute biblique, et, très franchement, ça me la coupe.

La barbichette...

9 commentaires:

Dorémi a dit…

Tant de médiocrité laisse sans voix, non ?
Je t'embrasse, monsieur Guy.

Guy M. a dit…

Parler de médiocrité est bien délicat de ta part...

Quant à rester sans voix, pas encore !

JBB a dit…

"Je vous parle d'un temps que les moins de quarante ans n'ont pas connu..."

Je conteste. Je n'en suis pas encore au cap de la quarantaine. Et j'ai pourtant joué à ce jeu - pas aussi bien que Douillet, mais quand même… J'y joue encore, d'ailleurs.

Sinon, j'aime bien David. C'est qu'il faut rendre grâce à cette faculté de la droite à se trouver de crétins champions pour nouveaux partenaires de jeu. Estrosi, Drut et maintenant Douillet : que le haut du pavé, quoi…

Guy M. a dit…

Tu n'as pourtant pas été scolarisé dans le pays de Bray...

David, c'est un grand, il faut l'admettre et on ne peut rien contre un champion...

Guy M. a dit…

;Ah, tu as oublié Lamour !

Le boulet (Lamour, pas toi!)

Marianne a dit…

Un duo avec Hortefeux est envisageable pour animer les voeux de 2010 au Palais .
Je ne connais pas trop les régles mais je pensais que dans le judo on ne devait pas taper sur la tête ?

Guy M. a dit…

Hortefeux comme pince-sans-rire, ce ne serait pas un rôle de composition (avec Besson pour compter les points).

Il m'arrive de confondre le judo avec la lucha libre.

Suzanne a dit…

Sur la cour, sur la cour...

On dit sur la cour ou dans la cour? Moi je pencherais plutôt pour la deuze.

Guy M. a dit…

Je crois que je me suis laissé aller à un "provincialisme" haut-normand...