mardi 10 novembre 2009

Dégradations de murs et barrières

Face au vide laissé par le mur qu'il avait lui-même, de son petit marteau, contribué à abattre, comme en témoigne une photographie non datée, monsieur Nicolas Sarkozy n'a pas lésiné sur le symbole vide et creux:

"La chute du mur de Berlin sonne aujourd'hui comme un appel à combattre les oppressions, à abattre les murs qui, à travers le monde, divisent encore des villes, des territoires, des peuples"

A-t-il dit.

Et la galerie a applaudi.

Un casseur à Berlin en 1989.

Hélas ! Notre fantasmatique destructeur de murailles rhétoriques n'était pas au pied du mur que l'état d'Israël présente au monde comme une "barrière de sécurité" et qui serpente sur plus de 400 km entre Israël et Cisjordanie.

Si, cette fois, il ne s'était pas trompé de jour, il s'était bien trompé d'endroit....

Le vendredi 6 novembre, il aurait pu rejoindre le village de Bil'in, situé à une douzaine de kilomètres de Ramallah, à proximité de la barrière de sécurité israélienne en cours d'édification. Pour construire son mur, l'état d'Israël a "besoin" de priver le village de 60% de sa terre. Chaque vendredi, les habitants de Bil'in, soutenus par des activistes de tous pays, manifestent pacifiquement devant les barrières de séparation. Ces rassemblements scandent une lutte résolue et opiniâtre du Comité Populaire de Bil'in, soutenu par Anarchists against the Wall.

La manifestation de ce dernier vendredi rassemblait, pour le 20ème anniversaire de la chute du mur de Berlin, deux cents militants internationaux venant de Belgique, d’Espagne, d’Italie, d’Irlande, du Royaume Uni et des USA.

En voici quelques images, que nos médias n'ont pas eu le temps de diffuser:




Hier, c'est à proximité du check point de Qalandiya, le "terminal" qui isole de Jérusalem la région de Ramallah, que s'est tenue une manifestation marquant le vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin.

Cette opération, plus spectaculaire, et dont on nous dit qu'elle était soutenue par le Fatah, a davantage intéressé nos médias et a fait l'objet d'une dépêche de l'AFP.

RAMALLAH, Cisjordanie — Des Palestiniens ont abattu lundi un obstacle en béton construit le long de la barrière de sécurité érigée par Israël en Cisjordanie occupée, au moment où l'Allemagne fêtait avec éclat le 20e anniversaire de la chute du Mur de Berlin.

Cette opération symbolique a été menée par quelques dizaines de Palestiniens, aidés par des activistes pro-palestiniens étrangers opposés à cette barrière, a constaté un photographe de l'AFP.

(...)

"Un groupe d'environ 150 militants s'est rendu au mur près (du point de passage) de Qalandiya et en a abattu une partie pour le 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin", a déclaré à l'AFP Abdallah Abou Rahma, un activiste palestinien.

L'armée israélienne est immédiatement intervenue et a dispersé les manifestants qui ont riposté en jetant des pierres.

Comme notre briseur de fortifications national était réellement à Berlin, nos chaînes de télévision n'ont probablement pas fait de sujet sur cette action. Nous aurions pu voir ceci:




Cette opération planifiée, qui avait reçu le nom de "We are going to Jerusalem", marque le début d'une semaine de résistance contre ce "mur de l'apartheid", ainsi que le nomment les Palestiniens.

6 commentaires:

Dorémi a dit…

Ce mur-là, celui qui marque la frontière entre le Mexique et les Zussa, et probablement bien d'autres qui ne me viennent pas à l'esprit…
Soupirs, soupirs et re-soupirs.

Guy M. a dit…

La liste serait impressionnante.

Surtout si l'on met les murs plus proches des prisons, des centres de rétention...

JBB a dit…

"il s'était bien trompé d'endroit...."

C'est quand même dommage, hein. Je suis sûr qu'à Bil'in, super-freedom-Sarko aurait réglé le problème en deux temps trois coups de marteau.

Guy M. a dit…

On peut le regretter, mais ce n'est que partie remise: il en reste.

elmenia a dit…

MUR DE LA HONTE

Quelques semaines auront suffit
Pour mettre sur pied le monstre infâme
Qui court les collines et enlaidit
Les terres palestiniennes qu'il entame

Symptôme d'une apartheid nouvelle
Il permet les pires exactions
Privant les paysans de leurs parcelles
Piétinant toutes les conventions

Le mur de la honte de ses hauts mètres
Inflige d'incroyables tourments
A ceux qui doivent se soumettre
A son dictat avilissant

Il confisque les terres arables
Quelques puits secs , et les ruisseaux
Et pousse à un inexorable
Exil vers de lointains arides coteaux

Le peuple meurtri de Palestine
Est ainsi lentement muré
Par du béton qui le confine
Et l'enserre pour mieux l'étouffer

Oulmane Somia (mère de 4 enfants et medecin à Alger)

Guy M. a dit…

Merci à vous, et merci à Oulmane Somia.