On ne sait plus trop ce qu'a exactement dit madame Eva Joly, mais la cause semble entendue, et de manière fort démocratiquement consensuelle. Il ne lui reste plus, selon certains, qu'à monnayer son image auprès d'un fabriquant ou un distributeur de lunettes. Car, lui dira-t-on, s'il n'y a pas de sot métier, la politique, en France, c'est quand même un métier.
Si l'expression d'une certaine mauvaise humeur de la part de la candidate verte exige, à en croire bon nombre des ses "camarades" un recadrage un peu plus strict, il va sans dire que le refus de l'engrenage nucléocrate exprimé hors-cadre, comme cela vient d'être fait aux alentours de Valognes, ne peut rencontrer que la plus totale incompréhension.
Hier matin, madame Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du logement, a donné le ton en offrant aux auditeurs d'Europe 1 un joli numéro de pintade polytechnicienne. A propos des manifestations entourant le départ du train de déchets radioactifs en direction de l'Allemagne, elle a tenu à expliquer aux pauvres cloches qui l'écoutaient que "Le système, c'est qu'un pays qui nous confie ses déchets, on les lui renvoie", et comme les manifestants, qui ne l'écoutaient pas, n'avaient manifestement pas compris, elle a insisté :
"Ce sont des déchets qu'on renvoie à l'étranger. Ils veulent qu'on les garde ?"
Et, insistante :
"Est-ce qu'ils veulent qu'on les garde ?"
(Photo : David Monniaux.)
Ce qu'il voulaient et, je pense, veulent encore, les plus résolus d'entre eux l'ont dit et le rediront s'ils le souhaitent.
En attendant, on remarquera que les actions des environs ferroviaires de Valognes ont bien mis en évidence, pour ceux qui gardent encore les yeux ouverts, la vulnérabilité des dispositifs qui entourent, à l'ordinaire, ces transports de matière hautement radioactive. Ainsi, il aura suffi de la présence de trois à quatre cents pèlerins, provisoirement installés dans un pré manchois, pour déclencher panique préfectorale et débauche de moyens policiers supplémentaires, paralysant une tranquille petite ville provinciale et ses alentours. Et il aura suffi que ces trois ou quatre cents décident de montrer leur détermination de diverses manières pour que le convoi reste immobilisé en gare ou, après un faux départ, à 100 m de la gare - un endroit beaucoup plus sûr, on s'en doute.
Aujourd'hui, certes, les médias les plus futés peuvent titrer que "le train poursuit son trajet vers l'Allemagne sans encombre" - alors que d'autres, encore plus futés, annoncent qu'il doit stationner pendant 24 heures à Rémilly, en Moselle -, mais ils se sentent un petit peu tenus d'en parler, tout en signalant, puisque l'AFP le ressasse, que "le convoi a entamé hier son périple de plus de 1.500 km avec deux heures de retard en raison de violents affrontements entre les forces de l'ordre et les militants antinucléaires mobilisés pour bloquer le train"....
(On omet, toutefois, de nous signaler quelques incidents de parcours : perturbations du trafic dans la région de Rouen, absence de surveillance du convoi à la gare de Longueau, indisponibilité de l'hélicoptère d'accompagnement pour cause de brouillard. Toutes choses que l'on trouvera sur le fil du réseau "Sortir du nucléaire", avec les touites qui vont avec.)
(Réseau "Sortir du nucléaire".)
Ainsi, les "tensions" ou "accrochages", constatés durant la journée d'hier dans le bocage normand, sont devenus de "violents affrontements", tant il est vrai que l'expression déterminée de la volonté de refuser la nucléocratie ne peut porter d'autre nom que celui de "violence".
Et la violence, on la condamnera.
A la manière unilatérale de monsieur Julien Duperray, porte-parole de la branche transports d’Areva, en fin de matinée :
"Chez Areva nous respectons toutes les opinions sur le nucléaire. Et il y en a beaucoup qui s’expriment en ce moment. En revanche, nous les condamnons lorsqu’elles s’expriment de façon violente ou malveillante."
Ou à la manière bilatérale de monsieur Axel Renaudin, porte-parole de Greenpeace-France, en cours d'après-midi :
"Greenpeace condamne toute forme de violence tant au niveau des manifestants que des forces de l’ordre."
Mais on supposera, évidemment, que la violence légale fut exercée de manière réglementaire et proportionnée. Lacrymogènes à foison, grenades assourdissantes et bastonnades au tonfa, nous dit-on, aux abords urbains ou campagnards de la voie ferrée. Un blessé à l'arcade sourcilière aurait été évacué. Poursuite, par des policiers, d'un groupe rejoignant le campement. Ces militants auraient été acculés dans une carrière, aspergés de gaz lacrymogène et auraient eu à subir des tirs de flashball. Deux personnes auraient été blessées. Enfin, cerise sur le gâteau répressif, les campeurs ont dû supporter, dans la soirée, la perquisition rituelle décidée par les autorités...
Finalement, dix-neuf personnes ont été interpelées, contrôlées ou placées en garde à vue. Toutes, semble-t-il, ont été relâchées dans la nuit, et quatre d'entre elles sont sorties avec des assignations à comparaitre.
On a parlé, du côté de la SNCF, d'un rail déformé et d'une armoire électrique endommagée.
Du côté de la police, il semble que l'on déplore la perte d'un camion auquel, selon Ouest-France, "les antinucléaires" auraient mis le feu, croyant qu'il contenait les sandouiches destinés aux membres des compagnies républicaines de sécurité.
Monsieur le préfet avait bien raison de prendre en considération "l’ampleur de la menace, et surtout "son caractère protéiforme", mais il n'avait sans doute pas prévu cette attaque sournoise - qui a manqué son but - visant les rations de survie des personnels.
3 commentaires:
Madame Joly dérange, mais ça tombe bien : pendant qu'"on" cause d'elle, "on" ne cause pas du reste, s'pas…
Bise, Monsieur Guy.
Va pas déranger longtemps, Cohn-Bendit et Mamère vont lui apprendre comment on "fait" de la politique...
Et on pourra parler d'autre chose.
Bise, madame Dorémi.
Je tendrais à dire : "Dommage !"
Enregistrer un commentaire