Dans la nuit du 29 au 30 novembre 2010, à Colombes (Hauts-de-Seine), un homme est mort.
Les "sources policières" qui ont informé les agences de presse de son décès n'avaient pas donné son nom, mais probablement fait usage de ces désignations périphrastiques déshumanisantes coutumières dans les procès-verbaux. Il avait perdu la vie, il a perdu aussi son identité, qui s'est trouvée réduite à sa nationalité et sa situation administrative. pour les journaux, il est devenu "le Malien en situation irrégulière" ou "le sans-papiers d'origine malienne".
Pour l'AFP, qui annonçait hier l'ouverture d'une "information judiciaire contre X pour «homicide involontaire»" à la suite de son décès, il n'a toujours pas de nom...
Vers 11h 30, la police est intervenue, rue Gabriel-Péri à Colombes, pour régler un différend entre Mamadou et Edouard, un ami qui l'hébergeait. Au moment du contrôle d'identité, il aurait cherché à s'échapper par tous les moyens. Selon Edouard, il se serait "carrément battu avec les policiers". Il se serait alors emparé d'un (gros*) marteau pour "frapper l'un des policiers au niveau de l'arme accrochée à la ceinture". Il réussit à s'enfuir dans les étages inférieurs de l'immeuble. Huit policiers se lancent à sa poursuite, il se débat (violemment*) et aurait blessé "légèrement" quatre de ses poursuivants.
Pour le maîtriser, les policiers auraient fait usage de bâtons de défense, de gaz lacrymogène et de pistolets à impulsion électrique. Il aurait supporté deux décharges de ces armes à prétentions non létales, sans grand effet sur lui, nous dit-on.
Finalement neutralisé et entravé, Mamadou Maréga aurait été embarqué dans l'ascenseur de l'immeuble.
Où il aurait "fait un « malaise cardiaque » selon la préfecture de police".
Les sapeurs-pompiers et le Samu, qui étaient déjà sur place pour soigner les policiers blessés, ont tenté de lui porter secours, mais il n'a pu être réanimé et est décédé vers 1h30.
Selon les conclusions provisoires de l'autopsie, Mamadou serait "mort d'une asphyxie aiguë et massive par inhalation de gaz puisque du sang a été retrouvé dans ses poumons". Mais le médecin légiste aurait également trouvé "un cœur dur et contracté, peut-être en lien avec l'utilisation du Taser".
On nous signale, cependant, que "ces résultats doivent être complétés par une expertise toxicologique et un examen des organes".
Rassemblement à la mémoire de Mamadou Maréga,
à Colombes, le 5 décembre 2010.
(Photo : Jérôme Bernatas/Le Parisien.)
Alors que les dépêches s'obstinent à ne pas nommer la victime, qui demeure le "Malien sans papiers", les agences omettent rarement de prendre contact avec un commerçant, honorablement connu des services de police pour être l'un de leurs fournisseurs, l'importateur du Taser en France, monsieur Antoine di Zazzo.à Colombes, le 5 décembre 2010.
(Photo : Jérôme Bernatas/Le Parisien.)
Ainsi, l'annonce du décès de Mamadou Maréga fut-elle accompagnée de cette judicieuse remarque :
"Seule l’autopsie de cette homme permettra de dire si notre pistolet est responsable de décès."
Accompagnée de cette proclamation :
"A ce jour, dans le monde, le Taser n’a jamais tué quelqu’un."
Ce qui a sans doute conduit une partie de la presse à répéter en chœur cette jolie formule :
C'est la première fois en France qu'une utilisation du Taser coïncide avec un décès.
Autre coïncidence, la dépêche qui annonce l'ouverture de l'information judiciaire se termine elle aussi par une appréciation de notre honorable marchand de sécurité :
Interrogé par l’AFP, Antoine di Zazzo, importateur du Taser en France, a dit qu’il «avait écrit au procureur il y a une semaine pour lui demander d’avoir accès au dossier et qu’il s’était étonné que la porte-parole du parquet ait pu dire que le "cœur dur" de la victime puisse avoir pour origine le Taser».
Cette déclaration me laisse assez perplexe, et je ne l'ai vue commentée chez mes amis de la presse.
Certes, je sais que monsieur di Zazzo a su s'entourer d'excellents avocats, et peut-être d'excellents cardiologues, mais j'aimerais savoir à quel titre ce monsieur peut demander au procureur de Nanterre "d'avoir accès au dossier"...
Les marchands de matraques et de gaz lacrymogènes ont-ils introduit la même demande ?
* Selon la préfecture de police ?
PS: Le Collectif Vérité et Justice pour Mamadou Maréga, appelle à un rassemblement, demain mercredi 29 Décembre 2010, à 10h, sur la Place Saint-Augustin, Paris 8e. Voir les détails sur le site du collectif.
3 commentaires:
C'est bien triste.
Quelques 140 femmes meurent chaque année sous les coups de leur "compagnon". Soit 40 fois plus en 20 ans que d'immigrés males dans des "bavures policières".
ça n'a jamais valu autant d'articles indignés dans aucune presse ni aucun blog, y compris le votre (et je les ai épluchés, je suis une éplucheuse de blogs). Et je vous ferais aimablement remarquer que ces braves pauv'immigrés sont pour 90% des males, et qu'il n'apparait nulle part qu'ils traitent leurs femmes mieux qu'ils ne le sont. Au besoin, ils traitent meme assez mal les femmes autochtones pour se dédommager.
Il faut s'émouvoir de leur sort?
Nous, les femmes, qui représentons 80% des personnes sous le seuil de la pauvreté en Europe, 80% des boulots précaires, et dont les retraites sont en moyennes inférieures de 30% à celles des hommes, et dont les immigréEs sont minoritaires, sommes sommées en tant que classe sexuelles de nous émouvoir du sort de ces "autres".
Notre classe passe toujours après tout le reste. C'est tout de meme commode de faire levier sur les bons sentiments comme le font toutes ces "associations" humanitaires pour tout sauf pour nous.
Donnant donnant, puisqu'il n'y a pas d'autres moyens. Et je ne suis pas la seule à penser ainsi croyez-le bien.
Il est mort votre malien? Ah ouais? C'est bien triste. 140 femmes à peu près sont mortes cette année encore:
http://violencefemmes.blogspot.com/
Votre commentaire est à vomir, savez-vous ?
@ Floréal
Comment peut-on comparer deux violences inacceptables l'une comme l'autre ? Quand à votre opinion sur ces pauvres immigrés qui traitent mal leurs femmes , il est évident qu'il vous faut lire autre chose que " Voici " .
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