mercredi 7 avril 2010

Rumeurs de complot

Lors de la dernière réunion plénière de la rébloguique des ploucs de Trifouillis-en-Normandie, Pierrot, notre secrétaire carrément perpétuel et perpétuellement rond, nous a fait une revue de presse sous la forme de ce qu'il appelle, avec son accent inimitable, un blinde-folde-test. Un truc qu'il a vu dans Jazz Hot dans sa jeunesse...

Nous devions deviner les auteurs de citations judicieusement choisies dans la presse.

Il a commencé à lire:

"Pour que la peur change de camp, il fallait qu'..."

Au mépris de toute prudence, je suis monté sur ma chaise pour l'interrompre et hurler la seule réponse plausible:

"Mélanchon !"

Et P'tilulu, notre trésorier a hurlé:

"Bernard Thibault !"

Malgré une atteinte récente de polyarthrite rhumatoïde des cervicales, Pierrot a secoué vigoureusement, mais négativement, la tête d'un air désolé, car il m'admire beaucoup, et a repris sa lecture.

"Pour que la peur change de camp, il fallait qu'il y ait une procédure judiciaire. Maintenant, on va voir s'il n'y a pas une espèce de complot organisé, avec des mouvements financiers, pourquoi pas."

Personne n'a deviné que cette déclaration a été faite par monsieur Pierre Charon, conseiller en communication de Nicolas Sarkozy.

Stupeur dans la salle de billard: personne ne connaissait ce paroissien , dont on nous dit qu'il est connu comme le loup blanc.

Il est vrai que le dernier loup qu'on ait connu à Trifouillis doit avoir, depuis le temps, perdu toute couleur.

A peine nous est-il revenu qu'il était partie civile dans le procès des faux listings de la société Clearstream, que nous n'avions suivi que de très loin, même pas amusés d'entendre ces loups se dévorer entre eux.

Un loulou blanc attendant son maître dans un centre de la SPA.

Pour les habitants de mon canton qui se préoccupent davantage actuellement de la plantation des pommes de terre (oui, après Pâques, c'est le moment !) que de ces rumeurs de "complot organisé" lancées par les conseillers élyséens, il faut sans doute préciser que monsieur Pierre Charon faisait allusion à la "procédure judiciaire" qui devrait suivre la plainte déposée par le Journal du Dimanche, pour "introduction frauduleuse de données dans un système informatique", après la publication, sur un blog hébergé par le site du journal, de "rumeurs visant le couple présidentiel".

Cette plainte, qui d'après le Monde, a peu de chance d'aboutir, aurait été subtilement suggérée à la direction du JDD par l'Élysée.

Et monsieur Charon, expert en communication pipolitique, a tenu à en souligner l'importance considérable.

Monsieur Pierre Charon, muni de son outil de travail.

Monsieur Pierre Charon, homme de réseaux au carnet d'adresse hypertrophié ("médias, police, showbiz", nous dit-on), se présente lui-même comme un "sarkozyste intégral", en ajoutant, pour faire crédible:

"S'il fallait aller à l'île d'Elbe, j'irais sans problème."

(Si cela peut lui faire plaisir...)

On dit que cet homme au verbe fleuri, et souvent excessif, possède le talent, hautement estimable, de savoir faire rire le président, et qu'il partage avec lui "son goût pour les secrets d'alcôve".

Ce n'est pas la matière qui manque.

Lui, dans ses digressions autopromotionnelles, insiste beaucoup sur son infaillible flair politique:

"Je vois les coups venir, j'ai le sens de l'anticipation, tout ce que le président aime."


Monsieur Charon vient sans doute d'en communiquer
une bien salace que monsieur Sarkozy ignorait.

Il faut donc prendre au sérieux celui que certains nomment le "conseiller rires et chansons" du président de la République quand il évoque "une espèce de complot organisé" à propos de ces rumeurs de franche gaudriole (the french gaudriole, que le monde entier nous envie) dans la vie conjugale du couple élyséen.

De quoi avoir (eu) "peur" ?

Assurément ! Nous apprendrons sans doute prochainement que nous avons frôlé le coup d'état.


PS: Les insinuations concernant madame Rachida Dati, qui se greffent sur cette affaire, peuvent laisser songeur... Et l'on se dit que, comparées aux amabilités que l'on doit se distribuer dans l'entourage présidentiel, les chamailleries de la rue de Solférino ressemblent aux coups de têtes qu'échangent les agnelets nouveaux de ce printemps.

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