samedi 3 avril 2010

Vendredi noir au Vatican

D'après les meilleures sources, dignes de foi, d'espérance et de charité, ainsi qu'il se doit, le père Raniero Cantalamessa, prédicateur de la maison pontificale, serait sorti du contrôle anti-dopage auquel il a été soumis après son prêche calamiteux d'hier soir aussi blanchi que la sainte crinière ratzinguérienne.

Il était soupçonné d'avoir, en ce jour saint, abusé du Lachryma Christi ou tiré un peu trop sur la chiche.

Bien que disculpé d'être monté en chaire en un état proche de l'ébriété, il aurait été convoqué ce matin pour une séance de recadrage par son saint père à lui.

De ce qui a pu filtrer à travers le triple capitonnage des huisseries du Vatican, le pape aurait vertement fait remarquer à son prédicateur attitré qu'il n'était pas là pour lire son courrier pendant les heures de service...

Il faut sans doute prendre avec davantage de précautions, et, s'il était possible, en redoublant le conditionnel, l'information selon laquelle, durant cette audience, Benoit XIV aurait exigé de savoir où se cachait ce prétendu "ami juif" dont le père Cantalamessa avait lu publiquement la missive "de solidarité" au lieu de faire un bon vieux sermon. Le prédicateur aurait refusé de le lui révéler.

Correct.

Le père Cantalamessa, pas très inspiré ce soir-là,
l'Esprit soufflait ailleurs.


Dès que ces bruits ont commencé à circuler, je me suis bien sûr rendu sur le site du journal La Croix, qui tient à jour une page de "documents essentiels" portant sur l'actualité religieuse. Je n'ai pu, hélas ! y trouver le texte précieux de l'homélie prononcée à la basilique Saint-Pierre.*

J'ai dû me contenter de l'extrait reproduit partout, comme dans le Figaro, qui donne aussi le clip-vidéo:

En ce début de week-end pascal, la polémique autour du Vatican et des scandales de pédophilie ne cesse de rebondir. Vendredi soir, au cours de la liturgie de la Passion du Christ à la basilique Saint-Pierre, présidée par Benoît XVI, le père Raniero Cantalamessa a donné lecture controversée d'une lettre de «solidarité» au pape et à l'Église, qu'il a dit avoir reçu récemment d'un «ami juif».

«Je suis avec dégoût l'attaque violente et concentrique contre l'Eglise et le pape», écrit l'auteur de la lettre cité par le prédicateur de la maison pontificale. «L'utilisation du stéréotype, le passage de la responsabilité et de la faute personnelles à la faute collective me rappellent les aspects les plus honteux de l'antisémitisme», poursuit-il.

Après tout, il n'est pas nécessaire d'en lire plus.

Au Vatican, on affronte, avec le courage ecclésiastique habituel, les conséquences de ce lourd amalgame amical et solidaire:

(...) le P. Federico Lombardi, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, a immédiatement pris ses distances avec les déclarations du prédicateur de la Maison pontificale, indiquant qu'il ne s'agissait pas d'une déclaration officielle du Saint-Siège.

Nous voilà rassurés.

Benoît XVI, rêvant de jeter son prédicateur aux lions.

Avec toute l'amitié et la solidarité dont je suis capable, je ne saurais trop conseiller au père Raniero Cantalamessa (ofmcap**) de prendre des leçons auprès de l'un de ces nouveaux ecclésiastiques qui semblent tout droit sortis de Sciences-Po.

Il pourra en trouver un exemple stimulant en regardant la causerie, que le Figaro, pour faire moderne, nomme "le Talk", de monseigneur Eric de Moulins d'Amieu de Beaufort, évêque auxiliaire de Paris, avec Guillaume Tabard, journaliste.

Il y verra avec quelle élégance de DRH on peut expliquer que désormais notre sainte mère l'Eglise sait "gérer" les situations engendrées par la révélation d'une affaire de pédophilie...

Et avec quel tact et quelle légèreté il convient de laisser flotter, sans insistance, les insinuations.



* Ajout tardif: On peut le trouver sur le site du père Cantalamessa. Le passage cité se trouve vers la fin du prêchi-prêcha.

** Cela signifie que le père est un capucin. Les capucins sont des religieux qui dansent la capucine quand il n'y a pas de pain chez eux. Il y en a chez la voisine, mais ce n'est pas pour eux. Tudieu !

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Le père Raniero Cantalamessa:c'est un pseudonyme? Chante la messe.

Guy M. a dit…

Ou la marque de sa prédestination...

Dorémi a dit…

Exactement la réflexion que je me suis faite… et d'autres, aussi, pas à propos de ce bon père danseur de capucine mais plutôt de son chef et de son prédécesseur, et que je ne reproduirai pas icitte car je ne veux pas te causer d'ennuis :-)
Bise, monsieur Guy

Guy M. a dit…

L'outrage à chef d'Etat étranger, ça va loin...

On n'est jamais trop prudent.

Bises, madame Dorémi.