samedi 15 novembre 2008

Révélations d'un veilleur d'opinion



Depuis que j'ai appris que madame Pécresse et monsieur Darcos lancaient un appel d'offres intitulé "Veille de l'opinion", je n'ai plus eu qu'un seul objectif: devenir veilleur d'opinion.

Je suis incontestablement taillé pour le djobe: je ne dors généralement que d'un œil, ce qui veut dire que je veille de l'autre.

Or pour être un bon veilleur d'opinion, il est bien connu qu'il est nécessaire d'ouvrir l'œil, et le bon.

Il suffira donc que je dorme de mon mauvais œil.

Ceci figurera bien sûr dans la lettre de motivation que je m'empresserai de joindre au CV que j'enverrai au service de recrutement de la ou les société(s) qui obtiendront le marché.

J'ajouterai un certificat médical, car je suis un gaucher extrêmement contrarié, mais peu contrariant, et, par suite, mon mauvais œil n'est pas du tout celui que l'on croit.

C'est tout à mon avantage, d'ailleurs, car dans ce travail, il est important de savoir tromper l'ennemi.

Autoportrait en veilleur éveillé.

A titre de travaux pratiques préliminaires et préparatoires, j'ai exercé une veille minutieuse sur les publications du Figaro.fr concernant les tentatives de sabotage sur les voies ferrées. Je pensais, en me plaçant en quelque sorte à la source, y suivre de quelle manière les enquêteurs comptaient rendre compte de leur travail à l'opinion publique...

Au cours de cette veille surgit ce que l'on appelle l'ombre d'un doute.

Je redoublai de vigilance.

Et je puis maintenant livrer mes conclusions: la rédaction du Figaro.fr est infiltrée par l'ultra-gauche.

Premier indice incontournable et accablant.

Cette image a été obtenue par hasard en manipulant avec beaucoup de précautions une photo exclusive publié par le Figaro magazine dans le portfolio si bellement intitulé Le caténaire de la peur. Vous voyez que j'ai obtenu une vue cavalière tout à fait utilisable par un technicien désireux de forger un tel crochet. Un puriste pourrait en tirer aisément les vues de face, de dessus, de côté.

On admettra que l'examen attentif d'une telle illustration est infiniment plus utile à l'apprenti saboteur que la lecture de la prose du Comité Invisible. Et plus facile d'accès que les indications que l'on trouve sur des sites en allemand ou en espéranto (je ne distingue pas bien, je n'ai aucun goût pour les langues, sauf en sauce piquante).

Le second indice que j'ai trouvé est tout aussi probant.

Tous les journalistes, grands reporters du café d'en face, se plaignent de la difficulté qu'ils ont à obtenir des entretiens avec des anarcho-autonomes incontestables dans la mouvance anarcho-autonome, c'est à dire possédant leur carte d'anarcho-autonome. On lira avec intérêt, sur ce sujet, les aventures croquignolesques de la pauvre Chloé Leprince sur Rue89 .

Or que voyons-nous dans LeFigaro.fr ? Aziz Zemouri (du Figaro Magazine) a réussi à recueillir les propos d'un anarcho-autonome, Sébastien Schifres, doctorant en science politique et militant du mouvement des «autonomes». Non seulement ses propos sont reproduits, mais on les place sous le titre (qui cite l'interviouvé): Sabotage : «Sans coupables, la police en fabrique».

Ce n'est pas dans Libération qu'on oserait cela, même entre guillemets...

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Sur ce coup, tu m'ouvres des horizons. C'est décidé : je m'abonne !

(Il faut lire les commentaires postés sous l'interview de Schifres : les lecteurs du Figaro s'en étouffent littéralement…)

Guy M. a dit…

Il faut raison garder: on va peut-être appendre demain matin que la communauté qui avait repris la cafétéria du Figaro a été placée en garde à vue.

(Les urgences en cardiologie sont saturées...)

Anonyme a dit…

Ok, ok. Mais dans ce cas : Valeurs Actuelles, je peux ?

Guy M. a dit…

Ouais, ça c'est du solide!

myriam a dit…

le figaro, nouveau zine autonome?
On le trouve dans les squats et les infoshops?

Guy M. a dit…

Et dans tous les grands hôtels, avec les croissants...