samedi 29 novembre 2008

Le livret beige et le carnet noir



La présomption d'innocence est réellement une entrave à la liberté de la presse, tout le monde le sait. Cela consomme beaucoup de guillemets, et exige une dextérité particulière dans l'usage du conditionnel, qui est un mode mal-commode.

Chacun à sa manière, le Journal du dimanche et le Point ont su s'affranchir de cette contrainte liberticide, pour atteindre dans le traitement de l'affaire dite "des sabotages à la Sncf" une objectivité et un équilibre dignes d'une balance de précision.

Ces deux hebdomadaires, qui mettent à jour leur site quotidiennement, semblent très préoccupés par les oublis qu'auraient pu faire les enquêteurs...

Ainsi, Le Point révèle dans une brève, signée J.-M. D. et A. M., l'existence d'un nouveau libelle secret:

C’est un petit livret de 86 pages, à peine plus grand qu’un carnet, sans mention d’auteur ni d’éditeur. Sur la couverture de carton marron-beige, un seul mot en guise de titre : Appel . L’opuscule circule sous le manteau dans les squats de la mouvance autonome - celle que les policiers considèrent comme le vivier d’où sont issus les saboteurs de la SNCF.

Il ne me semble pas connaître ce texte... dont on dit qu'il "circule sous le manteau dans les squats".

Il faudrait dire aux signataires de cette brève lamentable que rien n'est plus facile à trouver que la prétendue littérature occulte des squats, mais qu'il ne faut pas s'attendre à en recevoir un service de presse...

Sébastien Fontenelle a déjà parlé de cet article d'indics, je vous y renvoie avec d'autant plus de plaisir qu'il cite amplement cet Appel.

Il faut bien admettre que Le Point est largement dépassé par le Journal du Dimanche, qui révèle que les enquêteurs cagoulés qui perquisitionné à Tarnac ont oublié un élément essentiel pour le dossier d'accusation: un petit carnet noir.

Le signataire de cet article, qui honore (oui, le mot n'est pas trop fort) la presse française, est monsieur Alain Hamon, de l'agence Credo. En voici un extrait:

A Tarnac, toutefois, dans l'un des logements perquisitionnés, les policiers sont peut-être passés à côté d'un indice qui aurait pu intéresser le magistrat instructeur. Sous un monceau de documents qui, contrairement à beaucoup d'autres, n'avaient visiblement pas été touchés, se trouvait encore cette semaine un petit carnet noir à spirale, anonyme. Un carnet qui appartient sûrement à l'une des personnes interpellées, plusieurs de leurs amis dans la région ayant pu être jointes grâce aux noms et numéros de téléphone qui y sont inscrits. Un carnet qui, surtout, contient deux listes d'emplettes dressées par son propriétaire. L'une est écrite à même une page du carnet, l'autre sur un Post-it.

A chaque fois, au milieu d'autres matériaux, on note la mention de fers à béton de diamètre 10 et 12. Or ce sont des fers à béton qui ont été utilisés pour s'attaquer aux caténaires de la SNCF. Si cette mention peut servir "à charge", elle peut tout aussi bien s'expliquer par des travaux qu'auraient envisagés Julien Coupat ou ses amis. Alors, ce carnet a-t-il été déposé après la perquisition effectuée par la police ou a-t-il été laissé là par les enquêteurs? Délibérément ou non?


Et voici l'illustration de cet "article":

Terriblement inquiétant, n'est-ce pas ?

Me voilà tout soudain pris de sueurs froides...

Il se trouve que, voici 19 ans, j'ai acheté une maison dans laquelle j'ai effectué, seul ou avec des copains/copines, un certain nombre de travaux... J'ai alors beaucoup zoné dans des endroits impossibles comme Superbâtiman, Leroy-Merlin-Pimpim et d'autres plus régionaux, avec dans ma poche un petit carnet à spirales, à couverture orange, où je notais avec soin les indications que l'on me donnait, les listes de matériaux à acheter, les dimensions de mes pièces, les adresses de mes fournisseurs... Avec le temps, le contenu s'est enrichi d'adresses, de numéros de téléphone, d'heures de rendez-vous, de recettes de cuisine...

Je suppose que monsieur Alain Hamon trouverait cela bien accusateur...


Je possède aussi des armes blanches de ce type...
et
(même!)
un
é-
cha-
fau-
da-
ge
qui
mon-
te
à
7m.


En attendant, monsieur Alain Hamon peut être fier de son courageux article, puisqu'il a été écouté. On trouve dans les actualités du site soutien11novembre.org cette information:

Nouvelle perquisition à Tarnac

Ce matin 27 Novembre, une équipe de gendarmes et de la SDAT a effectué une nouvelle perquisition dans l' appartement de Gabrielle H. Prenant comme témoins l' adjoint au maire et un conseiller municipal. Prétextant la recherche du "petit carnet noir" trouvé par le J.D.D., ils ont pris un téléphone portable dont nous ne connaissions pas l'existence.

Vue de l'appartement après perquisition.

C'est néanmoins par le JDD que j'ai appris que la décision judiciaire concernant la remise en liberté des inculpés dans cette affaire sera prise mardi prochain.

On nous y apprend aussi:

Une cinquantaine de manifestants, qui scandaient "libérez les prisonniers" près de la cour, ont été expulsés manu militari par les gendarmes du palais de justice de Paris.

Et on nous y informe:

Parmi les manifestants, des intellectuels, des hommes politiques et des habitants du village corrézien de Tarnac, où résidaient la plupart des suspects, ont lancé une campagne de soutien.

On ne nous donne pas l'adresse, mais c'est ici que cela va se mettre en place.

Quand on parcourt la liste des premiers signataires, on constate que l'on n'y trouve aucun des tâcherons de la pensée lyophilisée qui font parade habituellement.

Pour moi, c'est un signe.

5 commentaires:

echomedia a dit…

la scénographie du théatre de marionettes de l'ultra gauche , malheureusement , depuis son engagement massif dans la police des races durant la quinzaine anti lepen , fait peu de place aux zones d'ombre dans l'emploi du temps ( dis "lepen enc...."- "il est des no otres , il abu son verre comme les au autres ) ; filé depuis des mois , les notes de services ne sont pas publiées pour ne pas effrayer le pekin quant aux méthodes...
pas la peine de chialer

Guy M. a dit…

Qui parle de chialer, ici ?

Anonyme a dit…

(J'ai pas eu le courage de lire l'article, mais) C'est quoi la dernière photo ? On dirait que quelqu'un c'est cambriolé. Ah, vraiment... aujourd'hui, il y en a vraiment des qui se permettent tout et n'importe quoi... mais que fait la police ? Je vous le demande...

Anonyme a dit…

Un échafaudage de sept mètres ? c'est la hauteur parfaite pour surplomber une catenaire, ça…

(Est-ce nécessaire de l'écrire ? Très bon billet :-) )

Guy M. a dit…

@ Anonyme,
C'est la gendarmerie et l'anti-terrorisme qui sont intervenus... Donc la police ne faisait rien.

@ Charançon,
Sept mètres, oui, c'est louche. Et quand je pense que j'ai hésité à acheter un baudrier d'escalade au Cieux Vampeur...

(Merci...)