vendredi 28 novembre 2008

Projet de nouveau festival à Marciac



Comme tout le monde, j'ai reçu par courriel le témoignage de Zoé, 13 ans, élève au collège de Marciac, et comme tout le monde, je l'ai réexpédié à quelques ami(e)s, au cas où.

Le voici:

Objet : Un papa un peu bouleversé , très en colère!!!

J'ai eu cette semaine un mail concernant une descente de police dans un lycée du Gers ...On a pu entendre aussi le témoignage sur France inter. J’étais absolument abasourdi par les méthodes utilisées….Mais vous savez parfois on se dit que les gens exagèrent dans leur témoignage…. Bref je reste interrogateur !

Mais voilà que ce WE, j'accueille ma fille Zoé –elle a 13 ans- de retour du collège de Marciac.... Elle me raconte son mercredi au collège....colère à l'intérieur de moi.... révolte...... que faire??? J'ai demandé à Zoé d'écrire ce qu’elle me disait là. Elle a accepté. Voici donc son témoignage, avec ses mots à elle :

« Il nous l'avait dit, le CPE, que des gendarmes allaient venir nous faire une prévention pour les 4ème et les 3ème.

Ce mercredi là (19/11/2008), toutes les classes sont entrées en cours comme à leur habitude, en suivant les profs.


A peine 10 minutes plus tard – nous étions assis-, deux gendarmes faisaient déjà le tour de la salle où nous étions. La prof avec qui nous étions, les regardait en nous disant « Ils font leur ronde!?? » . Elle n'était à priori au courant de rien bien sûr. Soudain , la porte s'est ouverte, laissant entrer deux gendarmes... Enfin non, pas exactement!!! Il y avait un monsieur chauve habillé en militaire ( le dresseur de chien en fait!) et un gendarme très gros.


Le chauve nous a dit: « Nous allons faire entrer un chien! Mettez vos mains sur les tables, restez droit, ne le regardez pas! Quand il mord, ça pique! »


Enfin il a dit ça, à peu près... Je me rappelle surtout du « Quand il mord, ça pique! »


Après, il est sorti deux minutes et est revenu avec deux autres gendarmes et le chien. Les gendarmes se sont placés aux deux extrémités de la classe tandis que le dresseur regardait son chien déjà à l’œuvre. Le chien s'appelait Bigo. Bigo s'est acharné sur plusieurs sacs, en mordant et arrachant tout ce qui dépassait. Quand à la prof, elle restait derrière son bureau bouche bée.
Le chien s'est attaqué au sac de mon amie, à coté de moi. Le dresseur a claqué des doigts en disant: « Sortez mademoiselle, avec toutes vos affaires! » Elle a rangé son sac, s'est levée et s'est apprêtée à sortir mais le dresseur l'a repris vite: « Et ton manteau! » Elle a rougi et emporté aussi son blouson.

Plusieurs personnes de la classe sont ainsi sorties. Le chien vient alors sentir mon sac. Voyant que le chien ne scotchait pas, que rien ne le retenait là, le dresseur lui a fait sentir mon corps avant de s'empresser de me faire sortir. Dehors m'attendait une petite troupe de gendarmes... Enfin, non, pas dehors: nous étions entre deux salles de classe.


Me voyant arriver, ils se dépêchèrent de finir de fouiller une autre fille. Mon amie était déjà retournée dans la classe. Quand ils eurent fini, ils s'emparèrent de mon sac et le vidèrent sur le sol. Un gendarme me fit vider les poches du devant de mon sac. Il vérifia après moi. Je n'étais pas la seule élève. Avec moi, il y avait une autre fille qui se faisait fouiller les poches par une gendarme.


Ils étaient deux gendarmes hommes à la regarder faire. Le Gendarme qui fouillait mon sac vida ma trousse, dévissa mes stylos, mes surligneurs et cherchait dans mes doublures.
La fille qui était là fouillée elle aussi, se fit interroger sur les personnes qui l'entouraient chez elle. Elle assurait que personne ne fumait dans son entourage. Ils la firent rentrer en classe. C'était à mon tour! La fouilleuse me fit enlever mon sweat sous le regards des deux autres gendarmes.....
Je décris: Un gendarme à terre disséquait mes stylos, un autre le surveillait, un autre qui regardait la fouilleuse qui me fouillait et le reste de la troupe dehors. Ne trouvant rien dans ma veste, elle me fit enlever mes chaussures et déplier mes ourlets de pantalon. Elle cherche dans mes chaussettes et mes chaussures. Le gars qui nous regardait, dit à l'intention de l'autre gendarme: « On dirait qu'elle n'a pas de hash mais avec sa tête mieux vaut très bien vérifier! On ne sait jamais... » Ils ont souri et la fouilleuse chercha de plus belle! Elle cherche dans les replis de mon pantalon, dans les doublures de mon tee shirt sans bien sûr rien trouver. Elle fouilla alors dans mon soutif et chercha en passant ses mains sur ma culotte! Les gendarmes n'exprimèrent aucune surprise face à ce geste mais ce ne fut pas mon cas!!!!!!


Je dis à l'intention de tous «C'est bon arrêtez, je n'ai rien!!!!»


La fouilleuse s'est arrêtée, j'ai remis mon sweat et mon fouilleur de sac m'a dit: «tu peux ranger!».


J'ai rebouché mes stylos et remis le tout dans mon sac et suis repartie en classe après avoir donner le nom du village où j'habite.


De retour en classe, la prof m'a demandé ce qu'ils ont fait. Je lui ai répondu qu'ils nous avaient fouillé. Je me suis assise et j'ai eu du mal à me consacrer au math!
Tout ça c'est ce que j'ai vécu mais mon amie dans la classe à coté m'a aussi raconté.

Le chien s'est acharné sur son sac à elle et elle a eu le droit au même traitement. Mais ses affaires sentaient, alors ils l'ont carrément emmené à l'internat où nous dormons. Le chien s'est acharné sur toutes ses affaires m'a t-elle dit. Le gendarme lui a demandé si elle connaissait des fumeurs de hash, vue qu'ils ne trouvaient rien. Elle leur a simplement répondu que le WE dernier elle a assisté à un concert!


Le CPE l'a ramené ensuite au collège et elle m'a raconté.
Après les cours, le principal a rassemblé tous les élèves et nous a dit que bientôt allait avoir lieu une prévention pour tout le monde.

Une prévention? Avec des chiens? Armés comme aujourd'hui?


Une élève de 4ème nous a dit que le chien s'est jeté sur son sac car il y avait à manger dedans.

Elle a eu très peur.

Les profs ne nous en ont pas reparlé....Ils avaient l'air aussi surpris que nous!
Tous les élèves de 3ème & 4ème ont du se poser la même question: Que se passe t il? Et tous les 6ème et 5ème aussi même si ils n'ont pas été directement concernés! »

Zoé.D.R


Qu'en pensez vous? Que dois je faire ? Qui parle de violence ? Il me semble important d’écrire ici que ni le principal, ni quiconque du collège a juger important de communiquer sur ces faits ( ???).

Nous sommes lundi 24/11/2008, il est 15h30 et si Zoé ne m’en avait pas parlé, je n’en saurais rien. Combien de parents sont au courant ?
Les enfants « victimes » -et je pèse ce mot- de ces actes sont en 4ème et 3ème. Ils ont donc entre 12 et 14 ans ! Je n’en reviens pas….

Frédéric


On peut retrouver l'intégralité de ce témoignage sur le Petit Journal de Nogaro.

Suggestion au nouveau principal du collège de Marciac:
organiser un festival de la gendarmerie.

Olivier Bonnet, sur son indispensable blogue Plume de Presse, consacre son billet du 26 novembre aux descentes de gendarmerie à l'école, et parle de cette intervention au collège de Marciac. Il relate une conversation téléphonique avec le principal du collège:

Nous avons alors joint le principal du collège de Marciac, qui a voulu minorer l’affaire : "Nous menons des actions de prévention avec différents partenaires et la gendarmerie est l’un d’entre eux", nous a-t-il expliqué. Voilà qui sonne comme une interprétation toute sarkoziste du mot "prévention", alors qu’il s’agit en réalité de répression. "Ce n’était pas une descente, le terme est impropre", a-t-il poursuivi. Foin de ses pudeurs de vocabulaire, nous maintenons le mot. "Certes, c’est quelque chose d’assez impressionnant, je le reconnais, a-t-il admis. S’il y a des dérapages, ils doivent être signalés. Mais il s’agit d’une procédure normale qui existe dans les établissements scolaires. Je suis surpris par les proportions que ça prend. Je ne vois pas pourquoi on monterait en épingle ce qui n’a pas lieu de l’être".

Le billet d'Olivier Bonnet (dont je vous laisse lire la conclusion, que j'approuve entièrement) donne d'autres témoignages et, dans leurs commentaires, les plumonautes apportent des précisions...

C'est ainsi que je suis arrivé sur le site de LaDépêche.fr, où Béatrice Dillies signe un article intitulé Polémique sur les contrôles de stupéfiants au collège.

On y retrouve la ferme détermination de madame la procureure Chantal Firmigier-Michel, et les très intéressantes réactions de monsieur l'inspecteur d'académie et de monsieur le principal:

Hier, la FSU a d'ailleurs interpellé l'inspecteur d'académie sur ce sujet. Réponse de Jean-René Louvet : « Je n'ai pas encore eu de remontée sur cette opération. » Étonnant sept jours après !

Christian Pethieu, le principal du collège, lui en revanche, a reçu quelques coups de fil de parents mécontents. Mais il relativise. « Le contrôle s'est fait dans quatre classes et n'a pas semblé susciter une émotion extraordinaire. Il y a une procédure qui, à mon sens, a été respectée. Je n'ai pas senti de climat particulier de tension. » Enfin, dans un premier temps.

(...)

Mais depuis, Frédéric David lui a transmis le récit que sa fille lui avait fait par écrit de l'événement. (...)

Christian Pethieu a donc décidé hier de transmettre ce courrier à la procureure. «De suite après l'exercice, je suis passé dans les classes pour dire qu'un maître-chien viendrait prochainement expliquer comment il travaille. Mais après réflexion, je conçois que l'intervention puisse avoir un côté impressionnant. A l'avenir, il faudrait peut-être revoir la procédure et faire une visite explicative en amont de ce genre d'exercice. » Le débat est ouvert.

Les professionnels du secteur de l'éducation seront ravis de retrouver la langue de bois de leur administration de tutelle...


L'assistance du festival des braves de l'éducation nationale.

Désireux d'approfondir encore un peu l'information, j'ai demandé à mon gougueule intégré de me trouver les actualités sur "collège Marciac".

Mon gougueule à moi est un bon renifleur (et il ne mord pas): il m'a débusqué deux articles dans LaDépêche.fr, dont celui que je viens de citer, et un autre, que je n'ai pu retrouver, alors que le titre me semblait prometteur.

Il s'agit de celui-ci:

Drogue. «La peur des contrôles favorise la prévention»LaDépêche.fr

qui devrait se trouver à l'adresse suivante:

www.ladepeche.fr/article/2008/11/27/499392-Drogue-La-peur-des-controles-favorise-la-prevention.html

mais n'y est pas.

A-t-il été retiré ?

Est-il dans l'édition papier ?

Y a-t-il un lecteur gersois dans la salle ?

Car je suis vraiment très frustré de ne pas savoir qui a tenu le propos re-mar-qua-ble d'ânerie servant de titre à cet article fantôme...

8 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est vrai que le titre est prometteur… :-)

Comme souvent dès qu'il s'agit de drogue : le sujet potentialise généralement la connerie, les plus abrutis parviennent à repousser toutes leurs limites habituelles quand ils en parlent…

("Comme tout le monde, j'ai reçu par courriel"
Je proteste : n'ai rien reçu, moi…)

Guy M. a dit…

Drogue et dépassement de soi: un bon thème.

(Tu sais bien que tu n'es pas tout le monde, voyons!)

Anonyme a dit…

Comme toi, j'ai envoyé le courrier de Zoé à tous mes amis, de l'EN ou d'autres obédiences. Peu de réactions pour le moment. Mon frère est outré, mes parents 68-ards encore plus ; mes collègues ne réagissent pas, comme d'habitude, sauf une, très militante par ailleurs (et que j'aime beaucoup du coup). Comment peut-on être prof, càd d'après moi, appelé à éveiller les consciences, et être anesthésié à ce point ? Je suis dégoûtée. Et si on écrivait aux professeurs du collège de Marciac (2 chemin de la Ronde, 32230 MARCIAC) pour leur proposer tout notre soutien dans cette épreuve difficile ? J'ai pour ma part envoyé le message à un collègue syndicaliste, et néanmoins sympathique, pour savoir ce qu'on peut faire ; et j'ai écrit à la Présidence de la République sur le sujet. J'attends ma réponse formatée... Et les Droits de l'Homme à Strasbourg ou à Bruxelles, ce serait pas mal, non ? D'autres idées ?
Une Karine en colère.

Guy M. a dit…

Je te sens effectivement en colère...

Le courriel émanait de la FCPE, qui a publié un communiqué et interpelé les personnalités. Mais je ne vois rien venir du côté des syndicats d'enseignants...

Il est vrai que le milieu de l'éducation a une fâcheuse tendance à étouffer ces affaires en les "traitant en interne" comme on dit.

J'espère que tu nous feras part de la réponse de la présidence.

myriam a dit…

'n'ai rien reçu non plus... Tu pourrais transmettre par messagerie?
Non seulement j'ai des amis profs ou moins profs que ça pourraient intéresser, mais je transmettrai à mes parents, qui semblent souvent penser qu'il ne se passe rien dans ce merveilleux pays (ni nulle part ailleurs) qui vaille la peine d'ouvrir nos gueules... C'est assez agaçant. Le RESF, ils connaissent, ils s'indignent, mais ne s'insurgent pas. Là peut-être...
Merci.

Guy M. a dit…

Le mail est reproduit (en bleu) au début du billet, donc le voilà disponible pour tous.

myriam a dit…

Ok, je suis une feignasse, je voulais juste pouvoir faire "tr" sur un mail. Bon. "ctrlcctrlv", c'est plus dur à dire, mais pas trop compliqué à faire.
Merci.

Guy M. a dit…

Tu m'en veux ?

La prochaine fois, je te forvouarde les courriels qu'on m'aura forvouardés...