dimanche 23 novembre 2008

C'est l'métier qui rentre, mon gars...



La semaine qui vient de se terminer a été suffisamment culturelle, grâces en soient rendues à messieurs Hortefeux et Darcos, pour que l'on admette que le billet de ce dimanche ne le soit que très vaguement.

J'ai reçu hier un fichier mp3 contenant un témoignage sur une opération de la gendarmerie à l'Ecole des Métiers du Gers, à Auch-Pavie.

A la suite d'une défaillance de mon hébergeur de mp3 et fournisseur de lecteurs ad hoc, je n'ai pas pu inclure ce témoignage dans mon billet. N'oubliez pas que je suis le moins doué en bidouille des blogueurs zinzins (pour zinfluents).

Il vous faudra donc aller écouter le répondeur de Là-bas si j'y suis, l'émission de Daniel Mermet. Le témoignage en question se trouve à 1 min. 50 sec. du début de l'émission du 18/11/08. Vous y arriverez en suivant ce lien.

C'est juste pour vous rincer l'œil en écoutant...

On peut trouver quelques traces d'information sur cette opération anti-drogue sur le site du journal local: La Dépêche.

Un premier article, daté du 20/11/08 et signé Béatrice Dillies, fait état de cette "initiative à portée pédagogique" effectuée à la demande de monsieur Bernard Vilotte, le directeur, et signale une certaine émotion de la part des enseignants et des élèves:

Seulement voilà, enseignants et élèves décrivent un mode d'intervention cavalier des gendarmes qui seraient parfois entrés sans frapper en classe, surprenant les élèves en plein cours… ce que conteste Bernard Vilotte, au moins pour les représentants de la loi qu'il a accompagnés. Des propos ironiques auraient aussi choqué les élèves, notamment lorsque les gendarmes leur ont demandé de ne pas regarder les chiens dans les yeux sous peine d'être mordus à des endroits sensibles. Sur ce point, Bernard Vilotte sourit, un peu gêné, mais il revient vite à l'essentiel : son souci de prévenir pour mieux guérir.

On sent bien, à cette remarque, que monsieur Bernard Vilotte a une certaine conception de la pédagogie.

Qu'importe, il a le soutien de la procureure Chantal Firmigier-Michel...

Un second article, du même jour et signé également Béatrice Dillies, recueille des témoignages et des déclarations: les élèves un peu interloqués, le directeur droit dans ses bottes de directeur et un professeur, monsieur Patrick Poumirau (autant le saluer de son nom, en le remerciant) dont je copicolle la déclaration:

« Personne ne dit bonjour, personne ne se présente. Sans préambule, le chien est lancé à travers la classe.

[Il] mord le sac d'un jeune à qui l'on demande de sortir… Je veux intervenir, on m'impose le silence. Une trentaine d'élèves suspects sont envoyés dans une salle pour compléter la fouille. Certains sont obligés de se déchausser et d'enlever leurs chaussettes, l'un d'eux se retrouve en caleçon. Parmi les jeunes, il y a des mineurs. Dans une classe de BTS, le chien fait voler un sac, l'élève en ressort un ordinateur endommagé, on lui dit en riant qu'il peut toujours porter plainte. Ailleurs, on aligne les élèves devant le tableau. Aux dires des jeunes et du prof, le maître-chien lance : « Si vous bougez, il vous bouffe une artère et vous vous retrouvez à l'hosto ». Je me dis qu'en 50 ans, je n'ai jamais vu ça. Ce qui m'a frappé… c'est l'attitude des gendarmes : impolis, désagréables… sortant d'une classe de BTS froid-climatisation en disant : « Salut les filles ! » alors que, bien sûr il n'y a que des garçons, les félicitant d'avoir bien « caché leur came et abusé leur chien ». C'est en France, dans une école, en 2008. »

On retrouve le témoignage du répondeur de Là-bas si j'y suis.

Un troisième article, dont je n'ai pas trouvé le/la signataire, donne la parole au colonel Le Droff, commandant du groupement de gendarmerie du Gers, et à Philippe Martin, député du Gers.

Le colonel exerce en quelque sorte son "droit de réponse":

(...) le colonel Le Droff, commandant du groupement de gendarmerie du Gers estime dans un communiqué diffusé hier que ses hommes, qui ont agi dans le cadre strict d'une procédure légale et en partenariat avec la direction de l'établissement, n'ont pas failli à leur mission. «Tout au long de ce contrôle, les deux équipes cynophiles et les 14 militaires, répartis en deux équipes, sont constamment accompagnées par le directeur de l'établissement et son adjoint. Ces derniers n'ont rien remarqué de particulièrement choquant dans le comportement des militaires et les ont félicité pour leur professionnalisme» écrit-il, rappelant ensuite le détail d'une procédure qui a été « bien maîtrisée et dans le strict respect de la personne».

Rompez!

La réaction du député est si rhétorique qu'elle en devient caricaturale:

«Ce qui me soucie en premier lieu, (...). Ce qui m'interroge, (...). Ce qui m'attriste, (...). Ce qui m'étonne, (...). Ce qui me préoccupe, (...). Ce que je souhaite surtout, (...).»

J'ai un peu abrégé, mais je crois que j'ai conservé ce dont monsieur le député doit être le plus fier.

Bouffeur d'artère méritant.

On dit que d'autres témoignages sur cette opération pédagogique réussie se rassemblent...

On les lira avec intérêt.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est une nouvelle illustration de la fameuse maxime sarkozyste (reprise en choeur par d'autres…) :
“Quand on n’a rien à se reprocher, on n’a pas à avoir peur de la police.”
Ça marche pareil avec les gendarmes.

Guy M. a dit…

Entre policiers et gendarmes, j'ai du mal à faire la différence.

Mais là, on sent bien que le côté: "c'est la vie d'chateau, pourvu qu'ça dure...", viril et tout...

La caserne, quoi!

Anonyme a dit…

Mais c'est affreux ! Je crois que si cela devait survenir dans mon collège, je finirais au poste pour outrage à agent (et peut-être pire) ou à l'hosto, bouffée par le chien. Quelle honte ! Mais aucun prof ne s'est mis en colère ? Je ne comprends pas...

Anonyme a dit…

@ Peterpane : ben, le prof qui a laissé le témoignage sur le répondeur de Mermet dit à un moment "je comprends comment des gens ont pu se laisser rafler et emmener à l'abattoir sans réagir. L'effet de surprise scie les jambes" (je cite de mémoire, hein...). La colère est sans doute venue immédiatement après, et c'est pas plus mal, finalement. Pas sûr qu'il aurait pu téléphoner au répondeur de Là-bas si j'y suis du commissariat ;-)

Guy M. a dit…

Peterpane, j'étais en train de me demander sérieusement ce qu'aurait pu être ma réaction sur le coup: ça m'a souvent mis de très mauvais poil qu'on vienne interrompre un cours, c'est vrai, mais je crois qu'il faut tenir compte de la surprise... Flo Py a peut-être bien raison.

Flo Py, tu as vu, j'ai dit que tu avais peut-être bien raison.
;-)

Anonyme a dit…

Euh oui oui, je viens de lire ! Comment dire ?... "L'effet de surprise me scie les jambes" :-)

Guy M. a dit…

Etonnant, non?

sKaLpA a dit…

J'avais lu l'info sur rue89, mais je la redécouvre ici...
Cela me rappelle l'histoire (beaucoup moins trash) d'un animateur qui avait organisé une journée de prévention avec et pour les jeunes et qui avait invité la gendarmerie, entre autres.

Le gendarme est arrivé a déclaré au groupe de jeunes que plus de la moitié d'entre eux se droguerait au moins un jour, a déballé tout son discours répressif et peu constructif. Pour lui, la prévention se résumait à faire peur!

Ben, l'animateur, suite à cette intervention, a eu bien du mal à tenir un discours préventif et depuis n'invite plus jamais la gendarmerie à ce genre d'événements.

Et on s'étonne que les jeunes n'apprécient guère les forces de l'ordre!

Guy M. a dit…

Il y a comme une incompatibilité pédagogique, on dirait.

J'ai entendu aussi, sur le même sujet, des discours de médecins prétendument "addictologues" qui valaient le déplacement...