mercredi 29 octobre 2008

Un bien beau métier

Mon amour immodéré pour l'humanité me pousse à m'enquérir le plus souvent possible de ceux qui exercent le bien beau métier de sauver des vies.

Aussi, vais-je souvent consulter avec ravissement le site de la société Taser France qui, pour mon plus grand bonheur, s'ouvre sur la rubrique "Dernières nouvelles" qui regroupe des "coupures de presse", façon site ouaibe, où sont mises en évidence les grandes qualités biosalvatrices du fameux Taser X26, l'arme du troisième millénaire.

Récemment, il m'est venu un doute, et ce doute ne cesse, évidemment, de me tarauder aux alentours de la circonvolution pré-centrale ou post-centrale de mon cerveau avachi.

En bref, je me demande si la modestie n'étoufferait pas quelque peu les ouaibemasteurs de chez Taser France, ou leur commanditaire. Car je ne trouve que trois vies sauvées pour le mois d'octobre: la vie d'un menuisier de Saint-Agil, celle d'un forcené ébroïcien et enfin celle d'un bagarreur à Saint-Claude dans le Jura. C'est assez peu, si l'on y songe...

Pourquoi ne pas signaler le cas de ce jeune homme qui a été immobilisé par une décharge de Taser, le 21 octobre, à Marseille ?

Je trouve parfaitement digne de figurer dans cette revue de presse, cet article du journal La Provence qui s'ouvre par cette interrogation: "Le Taser a-t-il sauvé une vie mardi, à Marseille, en venant se substituer à une arme de service ? " et qui continue par: "C'est ce que soutiennent d'une même voix les syndicats policiers Alliance (plutôt de droite) et Unsa (plutôt de gauche), pour commenter l'usage d'un pistolet à impulsion électrique sur un adolescent de 15 ans. "

A moins que cette affaire, à la réflexion, et à la lumière de ses développements ultérieurs, ne puisse sembler un peu confuse.

Un article de Rémi Leroux sur Rue89, daté du 27 octobre, révèle d'abord:

Dans un premier temps présenté comme mineur dans la presse, le garçon victime de la décharge de 50000 volts serait en fait majeur, tout comme d'ailleurs le deuxième jeune homme arrêté. "Ils ont fait l'objet d'examens radiologiques et osseux confirmant leur majorité", précise le procureur de la République de Marseille, Jacques Dallest. Tous les deux sont sans-papiers.

Je n'ironiserai pas, ce n'est pas mon genre, en disant que c'est fou ce que les sans-papiers ont du mal à faire leur âge...

Jeudi dernier, les deux jeunes hommes interpellés ont été jugés en comparution immédiate et s'ils ont été condamnés à deux mois de prison avec sursis et interdiction du territoire national de un an pour infraction à la législation sur le séjour des étrangers, ils ont en revanche été relaxés du chef de "violence en réunion sur personne dépositaire de l'autorité publique".

La Justice a estimé que rien ne permettait de dire, en l'espèce et jusqu'à preuve du contraire, que les deux jeunes sans-papiers avaient représenté une menace pour les CRS en service.

Je comprends mieux maintenant pourquoi ce cas ne figure pas parmi les "vies sauvées". Si les jeunes gens ne présentaient aucune menace grave pour les CRS, ceux-ci n'avaient pas à user de leur arme, et par conséquent la vie des deux jeunes gens n'a pas pu être sauvée par le Taser puisqu'elle n'était pas en danger...

Ou alors, c'eut été une bavure...

Mais je ne vais pas me mettre à utiliser des gros mots.

D'ailleurs, le Parquet a fait appel.

Et toc!

Armes d'estoc, non disponibles chez Taser France

Ce qui manque cruellement sur le site très intéressant de la société Taser France, ce sont des nouvelles, mises à jour assez régulièrement, des divers procès intentés par la société à des associations, des personnalités...

Pour avoir quelques renseignements là-dessus, on peut aller sur le site du Réseau d'Alerte et d'Intervention pour les Droits de l'Homme (RAIDH), qui est bien fait aussi. On y trouve un communiqué dont voici le "chapeau":

L’entreprise SMP Technologies Taser France a été déboutée de l’ensemble de ses demandes et condamnée aux dépens contre le Réseau d’Alerte et d’Intervention pour les Droits de l’Homme le 27 octobre 2008. RAIDH entend intensifier sa campagne « Non au Taser » auprès des maires et parlementaires et lancer une initiative afin de dénoncer l’instrumentalisation de la justice par des entreprises privées visant à tuer tout débat public menaçant leurs intérêts.

Le communiqué est accompagné d'un petit clip qui est presque aussi bien fait que l'animation de chez Taser... et que je trouve moins menaçant.


Vous me direz: c'est un site partisan, ça!

Oui, mais c'est le parti que j'ai pris.


PS: Pour ceux qui en rêvent, on trouve tout sur le ouaibe.

Ne cliquez pas dessus, vous allez prendre tout dans l'œil

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Et moi qui pensais prendre tous les risques en visitant quelquefois le site de l'Elysée ou le blog de Rioufol… Mais tu te mets 100 fois plus en danger sur ce coup. Mazette, pour vaquer innocemment sur le site de Taser, faut les avoir bien accrochées…

Guy M. a dit…

Je regrette beaucoup de ne pas pouvoir accéder à la partie réservée aux professionnels de la profession...

Va falloir que je me fasse des amis dans la police.

Dur!

Anonyme a dit…

Il ne manquerait plus que l'espace VIP soit accessible à des gens comme toi… Où irait le monde du maintien de l'ordre, hein ?

Guy M. a dit…

C'est vrai, mais si j'avais un hacker sous la main...