vendredi 17 octobre 2008

Les ponts de Montreuil

Avant d'entrer dans la grande salle où devait se tenir la séance d'ouverture du sommet citoyen sur les migrations, "Des ponts... Pas des murs...", j'ai eu tout le temps de naviguer rue de Paris, à Montreuil.

Un parisien intermittent comme moi évalue toujours assez mal la durée des trajets en métro...

Rien de très touristique dans cette partie de la rue, dois-je dire. Toute la tristesse de la proche banlieue au petit matin. La France qui se lève tôt part au travail.

Mon avance était suffisante pour prendre un café-journal, éventuellement avec clope, j'avisai une curieuse échoppe annonçant le négoce de café, de thé, de journaux, de livres et d'artisanat africain.

En fait de café, on pouvait l'avoir en grain ou moulu, ou en dégustation. Et cela embaumait.


C'était plutôt l'heure des journaux. Quand j'entrai, le patron était justement en train de commenter avec un client l'augmentation du tarif de Libération.


J'ai pris plaisir à l'accueil cordial, à la conversation détendue, à l'ambiance générale du lieu...


Je suis sorti avec mon Libération sous le bras en me disant qu'il fallait bien venir du Sénégal pour ouvrir une boutique* où le passant égaré trouve un réel plaisir à acheter ce journal que l'on achète encore, faute de mieux...

Ce ne sont pas des choses arrivent à Neuilly.


La deuxième conférence non gouvernementale euro-africaine sur les migrations et le développement a été ouverte par quelques interventions bien senties.

Il faut voir et entendre Stéphane Hessel, ancien résistant, co-rédacteur de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, ancien ambassadeur, rappeler qu'il faut exiger, avec courage et obstination, l'application de l'article 13 de cette Déclaration (liberté de choisir son pays); et l'on se dit que ce vieux monsieur qui parle sans notes, agrippant son micro des deux mains, est l'incarnation même de ce courage et de cette obstination.

Il faut aussi entendre Aminata Traoré, ancienne ministre malienne, demander aux peuples et gouvernements du Sud de se ressaisir pour regarder le monde tel qu'il est et non tel qu'on le leur raconte, en soulignant que désormais ils n'ont plus rien à perdre, sauf leur dignité; et l'on se dit que la lucidité et la dignité sont bien là, venues d'un pays qui "n'est pas entré dans l'histoire".

Les travaux de cette conférence aboutiront à la publication d'une Charte de Montreuil, dont je ne possède qu'un exemplaire de travail qui reste à amender.

Donc, suite au prochain numéro.


* Teranga, 173 rue de Paris, à Montreuil, ouvert du lundi au vendredi de 6h 30 à 19h, et le samedi de 8h à 19h. Un grand merci à Tidiane pour avoir su créer ce lieu où il fait si bon entrer.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Et dire que pendant ce temps, y en a qui bossent et qui engraissent les affameurs... Heureusement que les manifs ne sont pas toujours les jours ouvrés !

Bises

Guy M. a dit…

Mais les réunions en groupe ont beaucoup travaillé!

Faut pas croire...