Grâce à Julien Ménielle, qui signe un article dans 20minutes.fr, la presse-qui-se-prend-au-sérieux a pu être informée des intéressants développements de la parade donnée en ce 14 juillet par la Brigade Activiste des Clowns et ses ami(e)s.
L'article étant plutôt centré sur les mésaventures d'un photographe indépendant, Cyril Cavalié, qui suivait le défilé des clowns pour l'immortaliser (quelques heures de garde à vue et deux d'incapacité totale de travail), le médias n'ont pas jugé bon de reprendre la question. Ils avaient déjà la garde à vue et le traitement infligés à un journaliste stagiaire du Monde, ils ont dû écarter ce nouveau sujet afin de ne pas lasser leurs lecteurs.
(On fera exception pour Rue89, les Inrocks et le Télégramme (!!))
Pourtant, les violences policières en tous genres semblent devoir fournir cet été une série bien étoffée...
Heureusement, sur le ouaibe, on peut trouver récits et photos en grand nombre.
Sur le site de la BAC, vous trouverez un communiqué tout comme il faut, un compte-rendu et des liens pour aller voir des photos; et sur Article XI, vous lirez un reportage de grande classe, comme d'habitude, et même encore mieux que d'habitude car, pour être sûrs d'y arriver, ils se sont mis à quatre pour le faire.
On peut avoir ainsi plusieurs points de vue, parfois un peu discordants, parfois un peu bordéliques, mais c'est normal: l'AFP n'était pas là.
Pour les photos, vous pourrez en voir tout un tas, malgré les déboires des photographes, sur les sites de Dominique, Laetitia, Tatiana, un photographe de rue, Claire, pshitt, Jérome92, tofz4u, woyalex et Askatom.
Les clowns, c'est très photogénique.
Groupe de photos emprunté à Tatiana.
A regarder toutes ces images, et surtout celles où les forces de l'ordre sont en présence des fantassins du désordre, on peut se demander si les démonstrations de force des policiers étaient bien nécessaires...
Mais leur intervention, au prétexte que la manifestation n'était pas déclarée, donne une triste image d'un pouvoir qui commence à avoir peur de tout.
Je me souviens vaguement des interminables discussions sur la notion de "carnavalesque" que mes amis littéraires mangeaient à toutes les sauces, mais en l'arrosant de vodka-orange, depuis que Mikhaïl Bakhtine avait été traduit. Il m'en reste ce constat: les pouvoirs sûrs de leur autorité, et des valeurs fondant leur autorité, ont toujours su ménager, voire aménager, des moments où s'inversent les échelles de valeurs, lors de manifestations populaires ou estudiantines, telles que les carnavals, les messes de l'âne ou l'élection du pape des fous. Ces sociétés ne s'en sont pas trouvées plus mal: la hiérarchie ainsi subvertie retombait finalement sur ses pieds.
En donnant l'ordre de disperser la parade, puis de coffrer les clowns, la préfecture de police prouve bien sûr son indécrottable manque d'humour, mais aussi sa peur d'être dépassée par la dérision d'un défilé coloré et joyeux.
C'est une bonne nouvelle: on va pouvoir rigoler.
Car la peur des clowns n'évite pas le ridicule.
6 commentaires:
"… et le Télégramme (!!))"
C'est marrant, je me suis demandé comment Le Télégramme s'était retrouvé là-dedans. Doivent avoir quelqu'un qui suit l'action des clowns et des Désobéissants, j'imagine.
"pour être sûrs d'y arriver, ils se sont mis à quatre pour le faire"
:-)
(y avait une bouteille de rosé aussi, ça compte double)
"… donne une triste image d'un pouvoir qui commence à avoir peur de tout."
Je crois vraiment que c'est ça. Ils ont les boules, c'est presque la seule explication crédible. La peur plus - chez certains - la certitude que la bride est lâchée et qu'ils n'ont pas besoin de mettre de gants. Certains des flics étaient littéralement haineux, y a pas d'autre mot.
On peut se demander si la BAC n'est pas noyautée par le parti bigouden, à la limite.
(une seule bouteille ? vous avez fait vite alors...)
"une seule bouteille ? vous avez fait vite alors..."
j'avais une excuse, celle d'endurer déjà une laborieuse gueule de bois…
Alors, c'est encore plus fort!
Et d'autant plus que les gueules de bois sont*, comme tous les masques, interdites dans les manifs.
*Almanach Vermot pas mort.
...je m'incline.
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