dimanche 19 octobre 2008

Cette honte qui nous survivra

J'aimerai savoir comment fait monsieur Jean René Daubigny 3,avenue de la préfecture 35 026 Rennes cedex 9, préfet d'Ile-et-Vilaine, pour survivre à la honte de ne pas avoir levé le petit doigt pour freiner, puis suspendre, l'expulsion en urgence de Karine Matabiwasaka vers le Congo Kinshasa.

Moi, j'ai la honte de ne pas avoir signé la lettre-pétition qui lui a été envoyée, et moi, je sais que cette honte me survivra.

Voici cette lettre que je n'ai pas signée:

Monsieur le Préfet,

Nous appelons votre attention sur le cas de Karine Matabiwasaka , du Congo Kinshasa, qui risque d’être expulsée alors qu’elle est visiblement malade mentale et relève de la protection de l’asile psychiatrique et du droit à la santé.

Karine, du Congo Kinshasa est passée devant le JLD, à Rennes, samedi 11 octobre Elle sortait de l’hôpital psychiatrique Guillaume Regnier, à Rennes où elle avait été recueillie et soignée., après une prise en charge par l’ASE où elle avait été reçue comme primo arrivante. Elle a été reconnue majeure sur ses simples dires à l’occasion d’un entretien avec un psychiatre qui n’a pas tenu compte du fait qu’elle venait d’être très perturbée par une prise de sang mal supportée car elle serait témoin de Jéhovah. Elle a été plus que confuse et le juge n’a rien compris à ce qu’elle disait.

Cette jeune femme a donc dit au juge qu’elle voulait retourner chez elle, « chez-elle », c’est-à-dire en un lieu où elle serait protégée et soignée, et ce qui ne signifie en rien évidemment le Kinshasa.

Hospitalisée pour troubles psychologiques, reconnue majeure uniquement sur ses dires, on lui a fait signer des "papiers" à la préfecture. Comme, de surcroît il n’a pas été jugé utile de contester l’APRF, elle est "considérée" comme majeure.

En réalité, elle n’aura personne pour l’attendre à Kinshasa ("papa est mort dans la guerre""maman je ne sais pas où elle est,"..."je ne connais pas Kinshasa")

Karine est de toute évidence « schizophrène non stabilisée" et a tout de même passé 45 jours à l’hôpital psychiatrique avant de se faire interpeller le jour de sa sortie devant l’hôpital.

Karine est totalement désorientée.

Si elle retourne au Kinshasa où elle n’a plus aucun lien, elle est livrée directement à la mort lente des personnes désorientées, sans liens et sans ressources.

Nous vous demandons, Monsieur le Préfet, de bien vouloir tenir compte de l’état mental et de l’isolement de cette jeune fille.

Dans cette mesure, nous vous demandons de bien vouloir suspendre les mesures en cours qui conduiraient à son expulsion du territoire français et de faire en sorte que les services de santé prennent pour elle, en France, les mesures de suivi sanitaire qui s’imposent.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Préfet l’assurance de notre haute considération.

Les dernières nouvelles sont sur le site de RESF:

17h : Nouvelles sommaires entendues au cours de la manifestation "Des Ponts Pas des Murs" de la part de "soutiens" qui revenaient de l’aéroport : Ils ont réussi à expulser Karine ! à l’horreur de cet acte répond cependant et heureusement la solidarité humaine : une passagère a promis de la prendre en charge à l’arrivée. A la dernière personne qui a été en contact avec elle, cette nuit à 4 h 20 au départ de Saint-Jacques de la Lande (35), Karine a avoué comme une confidence et en signe d’au revoir qu’elle n’avait que 16 ans !

La pétition est suspendue - nous vous tiendrons au courant


Des images de Kinshasa me reviennent en désordre, et moi, discret vieux monsieur attablé à une banale terrasse de café, j'ai envie de chialer comme un môme.

Et de cela, après tout, je n'aurais aucune honte.

Ce sont des choses qui arrivent dans le monde que vous administrez, monsieur le Préfet.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Guy M.,

C'est à pleurer en effet. Mais crois-tu franchement que dans notre beau pays de France on va dépenser de l'argent pour soigner une pas-française ?

(Il y a de ces coïncidences pas banales, tout de même : on l'arrête justement à sa sortie d'hôpital...)

Anonyme a dit…

"Il y a de ces coïncidences pas banales, tout de même : on l'arrête justement à sa sortie d'hôpital..."

Oui, c'est frappant. J'espère que les policiers n'ont pas passé 45 jours à attendre sa sortie… Mais non : nul doute qu'ils ont été opportunément prévenus.

Guy M. a dit…

Cette "grande patience" des policiers m'avait échappée...

Je n'ai pas de réponse là-dessus (j'ai beaucoup marché ce ouiquende, et peu pédalé sur les infos...)