Dans un de ses grands jours, monsieur Nicolas "Par ici la sortie" Sarkozy, a déclaré devant une poignée de journalistes :
"Le premier sujet de préoccupation... de discussion des Français,
hein...
- je parle sous votre contrôle -,
c'est cette question de la viande halal."
Personne n'a songé à le contredire.
A Saint Quentin, les "couillons" étaient courageux, mais pas téméraires.
Car le candidat est un expert en crocs de boucher.
(Photo : Reuters.)
Boucherie halal à Elancourt (Yvelines).
(Photo : Reuters.)
Il n'est pas déplaisant que la "question" de la boustifaille devienne le principal sujet de conversation d'une réunion amicale autour d'un repas honorable. Savoir comment sauver un beurre blanc en train de s'effondrer est tout de même plus intéressant que d'écouter le centième avis sur les moyens à employer pour sortir la Grèce de sa crise. Lorsque la discussion tourne à la polémique – essayez, par exemple, la liste nécessaire des ingrédients d'un cassoulet – les débats sont de bien meilleur goût que ceux concernant les éléments constitutifs de l'identité nationale.
Tôt ou tard, ces échanges finissent par aborder la "question" des saveurs inoubliables mais disparues. Cela tourne autour des cuisines de l'enfance, mais pas seulement. On évoque des voyages, des rencontres...
La nostalgie menace, alors on boit un coup.
Lorsque l'assemblée est parvenue au plus profond de l'effondrement larmoyant, je tente de redonner quelque espoir en racontant comment j'ai retrouvé le parfum inoublié des merguez dégustées jadis chez des amis lointains au cours d'une soirée arrosée de Gris de Boulaouane. Pendant des années, cette recherche avait été pour moi un vrai, et grave, "sujet de préoccupation". J'avais tout essayé, risquant ma santé à goûter tous les produits auxquels le mercantilisme bidochard donne, de manière incontrôlée, l'appellation de "merguez". J'en ai ingurgité d'agneau, de poulet, de dinde, de canard et même de porc, toutes avec une vague saveur orientale...
C'est finalement dans une modeste boucherie halal de Normandie que j'ai retrouvé le dosage idéal des épices et le bonheur de mes papilles.
Mon boucher est un homme aimable et de commerce agréable. Jamais il ne m'a infligé de ces plaisanteries un peu grasses sur les bords qui semblent, parfois, être une spécialité de la boucherie à la française. Jamais, au prétexte que je ne suis qu'un client très occasionnel, il ne m'a servi un infâme morceau de barbaque. C'est un artisan honnête.
J'aimerais bien lui faire un peu de réclame, mais je ne vous indiquerai pas l'adresse de sa boutique.
Un malheur est vite arrivé.
Boucherie halal à Elancourt (Yvelines).
(Photo : AFP/Jean-Marc Galland.)
Je ne connais pas la saveur des merguez de la boucherie "La clef Saint-Pierre", à Elancourt, dans le département des Yvelines. Il me faudra attendre encore un bon moment avant de pouvoir la découvrir. La boucherie a été détruite par un incendie dans la nuit de lundi à mardi.
Dès l'annonce de cette nouvelle, des précautions ont été prises pour en banaliser les contours :
Aucune hypothèse n'est écartée, mais la piste de l'acte islamophobe ne semble pas être privilégiée par les enquêteurs après l'explosion dans une boucherie halal dans la nuit de lundi à mardi à Elancourt (Yvelines), a-t-on appris de source judiciaire. En effet, le caractère confessionnel de la boucherie « ne semble pas être le sujet » de l'affaire, a estimé cette source, ajoutant qu'il n'y avait « aucune raison de penser que l'incendie soit volontaire ».
Lisait-on dans France Soir – avec AFP.
La même dépêche précisait, avec une remarquable objectivité :
Une source proche du dossier a précisé que deux départs de feu avaient été constatés, dont l'un vers 3h00 à la suite d'une explosion.
Deux départs de feu, c'est sans doute, pour nos enquêteurs émérites, un très sûr indice de l'origine accidentelle de l'accident...
A la fin de la semaine, cependant, Le Parisien, repris par L'Express, annonçait que L'explosion de la boucherie halal serait d'origine criminelle.
On ajoutait :
Mais, selon Le Parisien, si l'incendie semble volontaire, les enquêteurs excluent le motif religieux ou terroriste, privilégiant un acte de délinquance ordinaire. Le propriétaire affirmant n'avoir reçu aucune menace, reste donc à établir le mobile.
C'est rassurant, un acte de délinquance ordinaire...
Cela ne risque pas de devenir un sujet de conversation très préoccupant.
Cela ne risque pas de devenir un sujet de conversation très préoccupant.
2 commentaires:
Quand c'est une institution ou un commerce appartenant à quelqu'un de confession juive, c’est tout de suite un attentat antisémite, mais quand il s'agit d'un attentat qui concerne des personnes de confession musulmane ce sont des crimes ordinaires.
L'antisémitisme est de longue tradition en Europe, et les crimes antisémites sont une réalité, il semble normal que des enquêteurs prennent au sérieux la "piste antisémite".
Il est possible qu'à Elancourt, malgré l'enfumage de la communication, la piste islamophobe soit regardée de près. Ce qui est curieux, c'est l'obstination à le dénier devant les médias (qui suivent).
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