Selon le parquet de Bobigny, Abdelilah, 25 ans, atteint d'une malformation cardiaque, est mort d'une "rupture de l'aorte" après un contrôle effectué par des fonctionnaires de la BAC, dans le hall d'un immeuble, cité Balagny, à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis.
(La même source a tenu à préciser :
"Aucun traumatisme et aucune trace de coups n'ont été relevés par le médecin qui a effectué l'autopsie.")
Vendredi dernier, une marche était organisée à sa mémoire.
Aux médias, "présents en petit nombre", nous disent Le Parisien et l'AFP, son cousin Mourad a demandé de "ne pas raconter n'importe quoi"...
(Photo : MonAulnay.com)
Raconter n'importe quoi, en effet, cela peut arriver à ces messieudames de la presse qui parfois donnent l'impression de le faire par une sorte de courtoisie...
Lorsque l'on a appris la mort d'Abdelilah, les dépêches n'ont pas manqué de rappeler que cette "affaire surv[enait] dans le contexte de la mort d'un homme de 30 ans interpellé la nuit du 31 décembre, à Clermont-Ferrand". L'on se souvient que des troubles à l'ordre public s'en étaient ensuivis dans la capitale auvergnate, et que l'on martelait à tout bout d'article la trilogie fatale de l'alcool, du cannabis et de la cocaïne, médiocre contrefeu à la colère...
Le lendemain du décès du jeune homme à la cité Balagny, à 12 h 57 précisément - et mis à jour à 13 h 01 -, alors que les résultats de l'autopsie n'étaient pas connus, le Figaro publiait, sous la signature de Jean-Marc Leclerc, cette exclusivité :
Le jeune de 25 ans décédé lors d'une opération de police dans le hall de la cité Baligny (sic), à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), avait eu des relations sexuelles dans l'après-midi et ingéré du «viagra chinois», selon une source policière. Un produit apparemment sans rapport avec les stimulants sexuels vendus en pharmacie. L'autopsie pratiquée sur la victime devrait permettre d'en savoir davantage sur les causes précises de son arrêt cardiaque.
Comment une "source policière" a-t-elle pu en savoir autant, et aussi rapidement, sur des questions aussi intimes, il ne faut pas compter sur notre journaliste pour nous le dire. Secret professionnel et respect des sources, probablement. Et l'on devine que Jean-Marc Leclerc respecte davantage ses sources, essentiellement policières, que la vie privée d'un jeune homme de banlieue dont la dépouille va passer dans les mains du "toubib".
Une certaine idée du métier.
(Photo : Télérama.)
(Photo : Télérama.)
Le journaliste qui révélait ainsi qu'à Aulnay-sous-Bois il n'était question, pour tout expliquer, ni d'alcool, ni de cannabis, ni de cocaïne, mais de cette substance exotique et mystérieuse qu'il nomme "viagra chinois", est non seulement "grand reporter" au Figaro, mais aussi, ainsi que ne l'indique pas sa fiche d'activité figaresque, membre du "groupe de travail sur l’amélioration du contrôle et de l’organisation des bases de données de la police", qui doit siéger du côté du ministère de l'Intérieur.
Pour l'apprendre, il suffit d'aller consulter un article du 29 novembre 2011, sur le site de l'hebdomadaire Télérama où Olivier Tesquet donne un aperçu assez critique des activités de son confrère. Jean-Marc Leclerc a usé de son droit de réponse et l'on peut y lire, avec un certain soulagement :
Bien sûr, vous êtes libre de ne pas m’aimer.
(Comme si c'était là que se situait le problème !)
4 commentaires:
" Les journaliste participent à des activités citoyennes sans perdre leur idépendance "
surtout lorsque ces activités sont rémunérées ....l'indépendance s'en trouve renforcée
Nos concitoyens sont formidables !
(Ceci dit, j'ignore le montant des émoluments et/ou indemnités dans ce type de groupe de travail.)
J'adore ce genre de minauderie à la Big Brother : «Bien sûr, vous êtes libres de ne pas m'aimer» (mais si vous ne m'aimez pas, ça va chier).
Big Brother un jour, Big Brother toujours.
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