jeudi 1 septembre 2011

Troussage de domestique, le livre

Peu de temps avant de prendre sa retraite du métier de journaliste qu'il croyait avoir exercé, Jean-François Kahn eut enfin le trait de génie qui allait assurer la pérennité de ses noms et prénoms dans la mémoire de l'humanité.

Car parler de "troussage de domestique" à propos du "comportement déplacé"* qu'aurait eu monsieur Dominique Strauss-Kahn, alors directeur général du Fonds monétaire international (FMI), à l'encontre de madame Nafissatou Diallo, alors femme de chambre à l'hôtel Sofitel de Manhattan, dans la journée du 14 mai 2011, c'était évidemment faire une trouvaille de grand professionnel que beaucoup de ses confrères, et un peu moins de ses consœurs, lui ont (secrètement) enviée.

Ce significatif (ô combien !) bonheur d'expression a été repris comme titre d'un livre paru aujourd'hui aux éditions Syllepse qui regroupe, coordonnées par Christine Delphy, les contributions de Clémentine Autain, Jenny Brown, Mona Chollet, Sophie Courval, Christine Delphy, Rokhaya Diallo, Béatrice Gamba, Michelle Guerci, Gisèle Halimi, Christelle Hamel, Natacha Henry, Sabine Lambert, Titiou Lecoq, Claire Levenson, Mademoiselle, Marie Papin, Emmanuelle Piet, Audrey Pulvar, Joan W. Scott, Sylvie Tissot, les TumulTueuses, Najate Zouggari.

7 euros, 184 pages de format 11,5 x 19
ISBN : 978-2-84950-328-7

La tonique introduction de Christine Delphy a été mise en ligne sur le site du collectif Les mots sont importants, et c'est un vrai bonheur de lecture...

Pour une présentation rapide, on peut donner celle de l'éditeur, qui est peut-être la quatrième de couverture :

L'objet de ce livre n’est nullement de discuter des faits de ce qu’on a appelé dès son début, le 14 mai, l’«affaire Strauss-Kahn». Il est de rendre compte de l’effarement des féministes françaises devant les déclarations des hommes – et femmes – politiques à la nouvelle de l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn.

Effarement et indignation : Dominique Strauss-Kahn vu comme une victime et, surtout, on ne voyait que lui, comme s' il ne s’agissait pas d’une agression, vraie ou fausse peu importe ici, mais en tous les cas qui impliquait au moins deux personnes.

Ce livre consiste en une sélection de textes de féministes (journalistes, universitaires, chercheuses, étudiantes, de toutes générations) qui s’arrête, sauf exception, à la première semaine de juin. Ainsi, sauf pour l’article de Clémentine Autain et Audrey Pulvar qui clôt le livre, il n’y a pas de réaction à l’annonce de la fin des poursuites contre DSK fin juillet pas plus qu’aux propos sur sa «résurrection».

Beaucoup de femmes, mais aussi beaucoup d’hommes ont été choqués par la défense d’une soi-disant culture nationale pour justifier l’injustifiable. Mais les violences faites aux femmes sont sorties du tabou. La confrontation politique sur le viol et les violences est ouverte. A moins d’un an de la présidentielle.

L'éditeur annonce également deux rencontres à venir autour de ce livre, en présence des auteures - ou d'une partie d'entre elles.

La première se déroulera le jeudi 15 septembre, à 19 heures, au Lieu-Dit, 6 rue Sorbier dans le XXe arrondissement de Paris, et la deuxième le vendredi 23 septembre, à 19 heurs, à la librairie Violette and Co, 102 rue de Charonne, dans le XIe arrondissement de Paris.



* "Ce n’était pas une relation forcée. On peut peut-être avoir un comportement déplacé mais c’est différent d’un crime et cette affaire a été traitée comme s’il s’agissait d’un crime."

A déclaré Benjamin Brafman, avocat de Dominique Strauss-Kahn, à l'issue de l'audience au cours de laquelle ont été levées les poursuites contre Dominique Strauss-Kahn pour crimes sexuels.

6 commentaires:

Marianne a dit…

Pas de relation forcèe mais un comportement déplacé , c'est quoi la différence Monsieur Brafman ,le montant du chèque
que vous avez touché ?
Personne ne sait si DSK est un violeur mais contenu de la durée de la relation "consentie ", il doit souffrir d'éjaculation précoce , le pauvre homme .
Cette histoire , pour moi , discrédite pour longtemps , définitivement ,les socialistes.
Bel écrit de Christine Delphy , merci de l'avoir indiqué .

Sue Pollet a dit…

@ Marianne :

Je ne suis pas socialiste, loin s'en faut. Mais je ne comprends pas du tout pourquoi cette histoire sordide discréditerait précisément les socialistes, et les socialistes seulement...

Christine a dit…

Parce qu'illes ont eu une magnifique occasion de prendre des positions clairement anti-viol (pour ne pas dire féministes, j'suis une modérée) et qu'illes ont seulement pris des positions de solidarité de classes (bourgeoise et/ou des hommes) ?

Guy M. a dit…

Si le score réalisé par DSK ne relève pas de la précocité éjaculatoire (qui "descend" couramment au dessous de la minute, dit-on), il indique bien un mépris assez complet de sa partenaire...

Quant aux socialistes, comme je n'en attendais rien, ils ne m'ont pas particulièrement déçu.

(Quand je pense que je vais peut-être (encore !) voter pour eux, si je vote...)

Marianne a dit…

@SUE POLLET discrédités les socialistes par les soutiens sans retenue des uns et des autres a DSK.

Sue Pollet a dit…

Merci beaucoup, Marianne, de cette précision tout à fait éclairante.

N'attendant à peu près rien des socialistes, je ne peux pas dire qu'illes m'aient déçue. Et comme décidément, j'ai mauvais esprit, j'ajouterai qu'il aurait peut-être été préférable, ou disons "moins pire", que les "soutiens sans retenue" à DSK n'émanent que de socialistes.

C'est parce que la colère est beaucoup plus générale que ça que le bouquin fraîchement paru chez Syllepses fait tant de bien. (Bouquin dont le titre aurait pu être "Y a pas mort d'homme", reprenant la délicieuse formule d'un monsieur socialiste, mais qui est titré "Un troussage de domestique", selon le "trait de génie" de Kahn.)