Puisque j'ai dû, par inadvertance, joindre ma signature au bas de l'un des appels que ce site héberge, je reçois très régulièrement la lettre d'information -newsletter dans le texte - de Mesopinions-point-com. La dernière de ces missives alléchantes m'est arrivée sous la forme habituelle d'un courriel. Et pour une fois, je l'ai sauvé de la corbeille car avait pour objet :
Violation du principe de laïcité
A peu près au fait des dernières tendances dans le maniement du concept de laïcité, je n'ai pas été trop étonné de découvrir que cet appel à pétitionner avait pour auteur un certain abbé Guy Pagès. Je crois même que je n'ai fait qu'à peine esquissé le début de l'ombre d'un sourire à contre-jour...
Blasé !
Notre curé laïcard - c'est une espèce en voie d'apparition - nous propose de co-signer une lettre ouverte qu'il compte adresser à "Monsieur le Maire de Paris" afin de lui demander d'organiser une "fête dans la semaine du 9 au 14 avril prochains pour fêter la fin du Carême".
Pour cela, il argue "du principe de l’égalité républicaine", et s'appuie sur la tenue, au soir du mercredi 24 août, dans les murs de l'hôtel de ville de Paris, d'un concert de rupture de jeûne, comme la Ville a coutume d'en organiser, à l'occasion du ramadan, depuis 2001.
Cette année, on le sait, de nombreuses critiques se sont levées contre cette fête... Et notre ecclésiastique pétitionnaire ne fait qu'emboîter virtuellement le pas de messieurs Jacques Myard, député UMP et membre du collectif de la Droite populaire, et Jérôme Dubus, le conseiller de Paris, étiqueté Nouveau Centre, qui ont été les premiers à demander l'annulation de cette soirée. La notoriété et la respectabilité de ces deux personnalités bien pensantes avaient peut-être amené monsieur Daniel Canepa, préfet de la région Ile-de-France, à écrire à monsieur Bertrand Delanoë pour lui signaler que sa "décision d'organiser une soirée à caractère cultuel" lui semblait "contraire au principe de neutralité des services publics" à l'égard des religions, lui demandant par le même courrier des détails sur les "modalités de financement" prévues.
Monsieur Bertrand Delanoë avait pu répondre que cette soirée n'avait rien d'une "manifestation cultuelle" et, programmée à une date qui "ne correspond[ait] à aucune fête religieuse musulmane", n'était qu'une "manifestation à caractère artistique et festif", sans aucun "caractère rituel". De son côté, la Grande Mosquée de Paris faisait savoir que ce concert n'avait pas de caractère religieux.
La mairie donnait également tous les éclaircissements sur les questions de gros sous, en soulignant que l’organisation du concert "n'a[vait] nullement porté atteinte au principe de laïcité ou à l'interdiction de subventionner les cultes".
Ces explications n'étaient bien sûr pas suffisantes pour certains propagandistes identitaires qui ont "collé des affiches dans le quartier de l'Hôtel de Ville montrant un portrait de M. Delanoë assorti d'une citation qui lui est faussement attribuée : 'Aujourd'hui les Parisiens sont sans logement, les Français n'ont plus d'argent, les Européens voient leur avenir foutre le camp... Moi, je préfère dépenser pour le ramadan.'"
(On pourra en admirer de nombreuses photos, fièrement exhibées sur les sites spécialisés...)
L'abbé partage cette obsession de la dépense, ainsi qu'en témoigne le dernier paragraphe, légèrement menaçant, de sa lettre :
Confiant que vous saurez allouer une somme équivalente à celle que vous avez su débourser pour fêter la fin du ramadan, promouvoir cet événement par une soirée télévisée au même titre que le programme «La nuit du ramadan» diffusé le 24 août 2011 sur France 2 à 23 heures 35, et vous n'oublierez plus désormais de souhaiter un joyeux carême aux Parisiens sur les panneaux lumineux de leur ville comme vous le faites pour leur souhaiter un joyeux ramadan, de sorte que je n'ai pas à saisir l'Autorité compétente de lutte contre les discriminations et pour l’égalité, par avance, je vous remercie.
Cependant, il semble bien que l'abbé Guy Pagès, que l'on présente comme un "prêtre catholique français en mission d'évangélisation sur l'Internet (dailymotion, youtube)", ait gravement péché par excès de confiance en certains sources et ressources du ouaibe.
Car l'image qu'il donne, pour illustrer son propos, d'un panneau d'information de la Mairie de Paris souhaitant "un joyeux ramadan", est tout simplement et très manifestement un faux (voir analyse rapide mais convaincante sur HoaxBuster).
De quoi dégonfler sensiblement son ironie de sacristie...
Sur un site où Dieu a sa TV, le vibrant appel de l'abbé Pagès est relayé en ces termes :
(...) l'Abbé Guy Pagès dénonce une «violation du principe de laïcité» et lance une pétition invectivant la Mairie à «payer une fête pour la fin du Carême»... sans oublier une petite note d'humour en guise de post-scriptum !
Ces bien cher(e)s frères et sœurs (en Jésus-Christ) ont bien raison. N'oublions pas le post-sriptum :
PS : Peut-être ne le savez-vous pas, mais l’islam sanctionne jusqu’à la peine de mort (Arabie Saoudite) les pratiques homosexuelles condamnées par le Coran (26.165-166 ; 29.28-30)…
Ne boudons pas notre plaisir, puisqu'on nous dit que c'est "une petite note d'humour"...
Mais j'espère bien que tou(te)s les admirateurs/trices du bon abbé en sont mort(e)s de rire.
Bon débarras.
PS : Comme je sens que vous n'aller pas oser me le demander, je vous indique que l'on peut rencontrer ce très spirituel et très désopilant membre du clergé sur le site où il exerce le plus clair de son apostolat : Islam & Vérité.
On peut aussi lire son tordant ouvrage Judas est en enfer, Réponses à Hans Urs von Balthasar et Hans-Joseph Klauck, édité chez François-Xavier de Guibert.
2 commentaires:
Toi, t'as oublié de cocher la case "je veux pas recevoir de spams" ou de décocher celle qui disait "je veux recevoir des spams"
Ou alors, t'es un pervers...
Tellement pervers que je vais repêcher les spams dans la corbeille...
Certains sont vraiment trop beaux.
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