vendredi 25 mars 2011

Les hôpitaux publics, futurs sanctuaires de la laïcité

On éprouve d'abord un certain scrupule à penser que monsieur Claude Guéant a reçu mission d'entretenir en solo une casserolade médiatique permettant, en cette période électorale, de couvrir la voix de madame Marine Le Pen. On se dit ensuite que depuis quelques années tout est devenu possible, et qu'il se pourrait même qu'il se soit porté volontaire pour accomplir cette noble mission, dont, par ailleurs, il aurait eu la géniale idée.

Enfin, on admet qu'on s'en moque, après tout. Son numéro semble réussi, et sa dernière "saillie" fut assez féconde.

(Si j'ose dire.)

"Les agents des services publics évidemment ne doivent pas porter de signes religieux, manifester une quelconque préférence religieuse, mais les usagers du service public ne [le] doivent pas non plus."
(...)

"Par exemple, on sait qu'à l'hôpital il y a un certain nombre de personnes qui refusent, pour des femmes, des soins prodigués par des hommes. Et bien, ce n'est pas admissible."

Claude Guéant cherchant l'inspiration pour la suivante...

Entendue strictement, la première phrase de notre amateur de tintamarre ne peut que soulever quelques questions...

Que le très sérieux Figaro s'est empressé de poser à "l'entourage du ministre" :

Interrogé par lefigaro.fr, l'entourage du ministre a précisé la pensée de celui-ci. S'agit-il en effet d'interdire à une femme voilée, un homme portant une kippa, une croix chrétienne, de pénétrer dans un lieu public ? «Non», répond-on place Beauvau. C'est pourtant ce que la phrase du ministre pouvait laisser entendre.

Si le Figaro dit que nous avions bien entendu...

Cependant :

L'explication serait à chercher du côté de la construction de la phrase, expliquent les services du ministre. La dernière partie des propos de Claude Guéant - «les usagers du service public ne doivent pas non plus» - s'applique à la «manifestation d'une préférence religieuse». «Il ne s'agit pas d'interdire à un usager des transports en commun de porter un voile, une croix», explique l'entourage de Guéant. «Il entendait bien dire que l'organisation du service public s'impose à l'usager et, comme le service public est neutre, un usager ne peut pas récuser un médecin ou quelqu'un d'autre pour un motif religieux», poursuit un membre de l'entourage du ministre interrogé par l'Agence France-Presse. Autrement dit, pas question pour le patient d'un hôpital de refuser d'être traité par un médecin du fait du sexe de ce dernier. «Ce n'est pas admissible», a relevé le ministre.

On voit que monsieur Guéant a le talent de dire beaucoup de choses subtiles tout en construisant ses phrases aussi mal que n'importe quel patachon parachuté candidat FN aux cantonales de Trifouillis...

Un second article du Figaro, signé de Cécilia Gabizon, nous apprend que le ministre de l'Intérieur "prépare un Code de la laïcité", pour "notamment clarifier les règles concernant les préférences et les signes religieux dans les hôpitaux". Apparemment la circulaire de 2005, issue de la commission Stasi sur la laïcité, ne lui suffit pas.

L'article figaresque tente de faire le point :

À l'hôpital, les pressions religieuses ne sont pas massives mais récurrentes, depuis une dizaine d'années, dans les services d'obstétrique ou aux ­urgences. Des responsables avaient déjà alerté la commission Stasi en 2004 et, depuis, une charte de la laïcité rappelle que les patients sont libres de choisir leur médecin lorsqu'ils prennent rendez-vous mais doivent accepter le médecin de garde autrement. En région parisienne, les femmes enceintes sont prévenues, dès l'inscription à la maternité, qu'elles devront accepter le praticien présent le jour de l'accouchement. Le nombre d'accrochages a d'ailleurs diminué, mais la tension persiste.

Tout cela, on le voit, demeure assez imprécis.

Et la "tension" persistante pour le personnel soignant pourrait bien, vu le mode de fonctionnement de l'hôpital public, avoir des causes annexes, tout à fait indépendantes des "pressions religieuses".

On admettra qu'il est plus facile d'imposer aux femmes de confession musulmane une contrainte supplémentaire, ressentie par elles comme humiliante, que de leur donner la possibilité de choisir. Et que leur exigence de pudeur soit d'origine religieuse ne change rien à l'affaire. Des soignants incapables de s'en accommoder auraient peut-être mieux fait de s'établir en mécanique auto.

9 commentaires:

emcee a dit…

On n'a pas fini avec celui-là! Quel pauvre type:
Au moins, hortefeux, il n'en sortait pas une par jour. C'est vrai qu'elle n'étaient pas du meilleur goût non plus.

Guy M. a dit…

Il parait qu'il a lui-même du mal à suivre et qu'il va nommer un porte parole pour "renforcer sa communication"...

C'est le Figaro qui le dit.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/03/25/01016-20110325ARTFIG00556-claude-gueant-renforce-sa-communication-a-beauvau.php

emcee a dit…

Ah, comme ça, il pourra dire trois fois plus de c...!
Et qui c'est qui paie?
Je me demande combien on paie de parasites en tout pour ce gouvernement d'incapables.

Guy M. a dit…

Rassure-toi, on trouvera bien un budget, selon le principe des vases communicants (justement).

Ysabeau a dit…

Il ne pourrait pas se mettre au travail plutôt que dire des âneries ?

Accessoirement(si on veut) comment on fait la différence entre une juive en perruque parce qu'elle est très pratiquante et une autre femme en perruque ? Dans un cas c'est un signe de religion, dans l'autre non. Et en bonne logique dans le premier cas elle ne devrait pas être admis dans un service public, dans le deuxième si.

iGor a dit…

Mais comme les services publics sont tous en voie de privatisation, y aura plus de souci. On aura enfin une société de petits fiefs hyper-religieux. L'avenir est (ir)radieux.

Guy M. a dit…

@ Ysabeau,

Mais proférer des âneries pour occuper la galerie fait partie de son travail...

@ iGor,

Vivement le retour des bonnes sœurs infirmières, "l'horreur des saintes huiles" et "le grand crucifix ennuyé du mur vide".

emcee a dit…

Vu comment ils le font, leur "travail", les ministres, je préfère nettement qu'ils ne fassent rien.
Ca nous coûte moins cher.

Guy M. a dit…

Tu préfères les payer à ne rien faire ? Ou ne pas les payer du tout ?

(Ce serait mon option...)